Dr Fernand Kidjo, spécialiste en conservation des aires protégées « Il va falloir revoir tout le dispositif du zoo et l’adapter aux normes »

La rédaction 28 avril 2017

Directeur technique au Centre national de gestion des réserves de faune (Cenagref), Dr Ferdinand Claude Kidjo attire l’attention des populations et des acteurs publics sur l’importance d’un zoo. A travers cette interview, il revient sur les causes du manque d’attractivité du mini zoo du Centre de promotion de l’artisanat de Cotonou et invite les pouvoirs publics à œuvrer pour sa restauration.

Dr Fernand Kidjo, quelle est la différence entre un zoo et un parc ?
Le zoo, c’est un endroit aménagé pour accueillir les espèces identifiées. Il faut un projet bien élaboré. C’est après cela qu’on peut procéder à la capture des espèces pour lesquelles on a construit le zoo. Pour chaque espèce, on construit l’enclos en conséquence pour éviter des désagréments pour les populations environnantes. Contrairement au zoo, le parc est un milieu naturel où les animaux sont totalement libres. On ne leur apporte pas de nourriture ou des soins en principe, sauf dans des cas exceptionnels. Le zoo a pour but le divertissement, la conservation des espèces et la pédagogie. Avec les temps qui courent, quand on arrête un contrevenant aux textes qui voyage avec des spécimens, on envoie les animaux dans les zoos appropriés pour qu’ils soient gardés, en attendant de donner suite à la procédure.

Quelles sont les dispositions légales qui régissent les zoos ?
Il y a une loi qui porte sur le régime de la faune en République du Bénin. C’est la loi 2002 du 18 octobre 2004. Cette loi fixe les principes fondamentaux et les conditions générales de protection, de gestion et de développement de la faune et de ses habitats en mettant en œuvre des mesures de conservation, de mise en valeur et d’utilisation durable des animaux sauvages, de leurs milieux de vie et de leur diversité biologique. Toutes les conditions pour garder ou capturer les animaux sauvages en milieu confiné ou semi confiné y sont décrites. Entre autres milieux confinés, il y a le ranch qui est un milieu semi confiné où on élève les animaux. C’est en quelque sorte un milieu naturel, seulement qu’ici, il y a des apports en soins et en nourriture. Ce qui est différent d’un zoo où les animaux sont totalement privés de leur liberté.

Il est vrai que le mini zoo du Cpa de Cotonou n’est pas sous la responsabilité du Cenagref. Mais, aviez-vous fait un tour dans cet enclos ?
Oui, plusieurs fois, nous nous sommes rendus dans le mini zoo. En organisant le lancement de la saison touristique et la semaine nationale des aires protégées, nous travaillons avec les responsables de ce zoo qui viennent avec des animaux sur l’esplanade du stade pour les faire découvrir au public. Ce qui participe de l’éducation de la population.

Qu’est ce qui justifie le désintéressement des populations pour ce site ?
Le développement du zoo devrait être accompagné par les pouvoirs publics. L’Etat devrait faire des investissements de base. Pour le cas du Cpa, je crois que les investissements n’ont pas atteint le niveau nécessaire pour permettre à un privé d’aller jusqu’au bout. L’Etat et la commune devraient appuyer le zoo principal soit attractif. Cotonou avec sa population, si nous y mettons les moyens, nous aurions contribué à son rayonnement.

Que manque-t-il à ce zoo pour être attractif dans une ville qui se veut moderne ?
Il faut dire que les installations ne répondent pas aux normes. Il va falloir revoir tout le dispositif et l’adapter aux normes requises pour que les animaux soient en sécurité et que les visiteurs le soient aussi. Je ne veux pas revenir sur des faits dont vous avez été certainement au courant les années antérieures. Il y a des investissements à court et à long terme à faire pour rendre le zoo sécurisé, avec de compléments d’espèces pour le rendre riche. Il faut dire que la gestion d’un zoo est suffisamment complexe pour être confiée à un seul individu qui n’a pas les ressources suffisantes.

Votre mot de la fin
Je vous remercie pour l’intérêt que vous accordez au Cenagref. En ce qui concerne le zoo du Cpa, il faut de l’accompagnement pour promouvoir l’éducation des populations sur notre biodiversité. Il y en a à Cotonou qui ne savent pas qu’il y a à Fidjrossè, dans les marécages, des antilopes. La disparition de ces marécages contribue à la disparition de ces espèces et donc à l’appauvrissement de notre biodiversité. Si nous travaillons à donner un plus aux zoos, on gagnerait en attendant de créer quelques espaces de conservation.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU



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