Entre risques sanitaires et morosité économique : Le peintre se bat pour survivre

La rédaction 14 juin 2017

Le métier de peintre est très connu au Bénin. Acteurs principaux dans la chaine de réparation des véhicules à quatre roues, engins à deux et trois roues, les peintres sont pourtant exposés à divers risques sanitaires. Malgré cela, c’est un métier qui nourrit véritablement son homme.

Tout comme le soudeur et le mécanicien, le peintre est aussi un acteur majeur dans la réparation des véhicules à quatre roues. Quand après l’achat d’une moto, d’une voiture, l’on manifeste le désir de redonner un nouvel éclat à cet engin, seul le peintre est capable de vous donner satisfaction. Outre ce travail qu’il effectue, le peintre rend également belles les maisons quand le propriétaire désire y passer ou refaire la peinture. Pourtant c’est un métier qui n’attire plus la jeune génération.
Préoccupé à voiler une Toyota Yaris dans son garage situé à Godomey, Ferdinand Gbadégnon nous livre les secrets de ce métier dont beaucoup ignorent la rentabilité. Pour lui, aller vers la peinture nécessite avant tout de la passion compte tenu des exigences du métier. « Je pense que seuls l’amour et la passion pour la peinture peuvent amener un jeune vers ce travail. Car il nécessite de la perfection, de la passion et surtout de la créativité », a déclaré Ferdinand. Et c’est surtout le côté perfectionniste de ce travail qui fait fuir assez de jeunes, à en croire le peintre Ferdinand. « Cela fait une vingtaine d’années que je suis dans ce métier, mais rares sont les jeunes qui s’y intéressent encore. Mieux, avec la tendance actuelle, aucun jeune n’est prêt à exercer ce métier qui permet quand-même à l’homme de s’épanouir au plan socio-économique », soutient Ferdinand. Il sera appuyé par Salmon Amouzou, spécialiste de la peinture auto : « Je me plais bien dans ce métier que j’exerce depuis 25 ans environ ». C’est dire que la peinture est un travail qui libère vraiment l’homme, comme le dirait Victor Hugo. En effet, nul ne peut se passer de la peinture qui, comme la coiffure, participe de la beauté, de l’esthétique, de l’embellissement, et donne un nouveau visage à un bien. D’ailleurs, il existe différentes sortes de peinture, et en fonction du goût de chacun, le choix est fait. Ainsi, il y a des peintures métalliques, vernissées, qui sont utilisées selon la bourse du client. Les prix varient en fonction du modèle et de la marque des véhicules, mais surtout de la qualité du travail demandé par le client. « Moi, je fais des peintures en cabine et pour une 4x4 par exemple, c’est à partir de 300.000f que le travail commence », confie Salmon Amouzou.

D’énormes difficultés…
Aussi passionnant qu’il soit, le métier de peintre est sujet à difficultés. La première, selon Salmon Amouzou, c’est la cherté des produits qu’il utilise : « Les produits de la sobepec sont chers actuellement, puisque c’est chez eux que je me procure les peintures et autres intrants nécessaires pour le travail. Certains achètent des produits venant du Gbana et d’ailleurs. Mais la qualité, ce sont les produits de la Sobepec, malheureusement ils coûtent cher ». En dehors de la cherté des produits, le manque d’intérêt de la jeune génération pour ce métier noble inquiète également les spécialistes. « Même si quelques-uns continuent de manifester de l’intérêt, le constat général est que la jeunesse fuit la peinture. Ce qui n’augure pas d’un lendemain meilleur pour ce métier », a confié le peintre Ferdinand Gbadégnon. Même son de cloche du côté Salmon Amouzou. Pourquoi ce désamour pour la peinture ? Au-delà de la rigueur qu’impose ce travail, il présente d’énormes risques, surtout quand il s’agit de peindre un bâtiment, un immeuble à étage. Aussi, l’inhalation de la poussière et des produits chimiques qui rentrent dans la composition des peintures est dangereuse pour la santé humaine.

Des risques de cancer…
Au regard des produits utilisés pour la peinture des véhicules, le peintre est quotidiennement exposé à diverses maladies dont le cancer. Malheureusement, la majorité des peintres ignorent ce danger qui les guette chaque jour. « J’ai par moments du rhume et je me rends à la pharmacie pour prendre des comprimés. Mais j’ignore s’il y a un risque de cancer », avoue Ferdinand Gbadégnon. Mais pour le peintre Salmon Amouzou, le danger est permanent et il faut vraiment faire attention à sa santé. « Moi je prends régulièrement des antibiotiques pour me protéger contre les éventuels risques de cancer. Je me rends aussi à l’hôpital pour des consultations. Je suis en bonne santé », a-t-il ajouté. A en croire le cancérologue Achille Houessou, le risque de cancer pour les peintres est énorme au regard des effets négatifs que peuvent avoir la peinture et les autres produits qu’ils utilisent sur leur santé. D’où la nécessité pour eux, de consulter régulièrement les spécialistes de la santé. Au dire du cancérologue, c’est grâce aux différentes consultations et autres analyses qu’ils peuvent se protéger contre les éventuels risques de cancer. « Le risque est permanent, et il faut que les peintres se couvrent chaque fois les narines quand ils vont au contact de la peinture et des autres produits qu’ils utilisent dans l’exercice de leur métier », a insisté Achille Houessou.
Lazarre TCHEZOUNME (Stag)



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