Entretien avec le Dr Armel AFFOUCOU sur l’appendicite : « …Les grains de riz ou de piment cités comme cause sont des informations erronées.. »

Patrice SOKEGBE 28 mars 2014

Appendicite (dp1-Patrice)

L’appendicite est un mal très peu connu. Et pour plus d’éclaircissements sur ce mal, un entretien a été réalisé avec le le Dr Armel Affoucou, médecin à la Clinique centrale d’Abomey-Calavi. Pour lui, l’appendicite est une inflammation de l’appendice et aucun médicament ne peut contribuer à sa guérison. Il faut nécessairement une opération chirurgicale

Qu’est-ce que l’appendicite ?
L’appendicite est une inflammation de l’appendice. L’organe ? classiquement est situé sur le cæcum, extrémité proximale du côlon ou gros intestin. Il forme une excroissance d’une dizaine de centimètres de longueur et n’a pas de rôle propre connu, l’appendice serait un organe lymphoïde accessoire.

Qu’est-ce qui suscite cette maladie ?
Généralement, la cause n’est pas connue mais une infection d’un organe de voisinage comme la trompe droite chez la femme peut s’étendre vers l’appendice. Une autre cause incriminée est l’infection parasitaire (ascaridiose par exemple). Les grains de riz ou de piment cités comme causes sont des informations erronées car il n’y a pas d’issue de la lumière intestinale vers la lumière de l’appendice.

Quelles sont les personnes vulnérables à cette maladie ?
Elle atteint le plus souvent les personnes âgées de 10 à 20 ans, globalement avant 30 ans, avec une légère prédominance masculine. Exceptionnelle avant 3 ans, elle reste rare chez le très jeune enfant.

Quels sont les symptômes de l’appendicite ?
Le type de description qui est pris en compte est celui d’une appendicite aiguë iliaque non compliquée chez un adulte jeune. Il faut dire que l’appendicite iléo-coecale présente des signes cliniques, c’est-à-dire que la maladie, dans sa forme typique, se manifeste par une triade symptomatique : une fièvre modérée (38 à 38,5 °C) qui associe une tachycardie (accélération du pouls) due à la fièvre et parfois une prostration en chien de fusil, une douleur brutale de la fosse iliaque droite, qui peut débuter au niveau de l’épigastre (au dessus de l’ombilic), continue et sans irradiations ; elle peut être accompagnée de nausées ou de vomissements. La palpation retrouve cette douleur de la fosse iliaque droite. Aussi, il y a une défense de la fosse iliaque droite correspondant à une réaction pariétale au palper profond vaincue par une palpation douce. Il peut exister une douleur de la fosse iliaque droite à la décompression brutale de la fosse iliaque gauche.
Il faut reconnaître que le toucher vaginal trouve une douleur en haut et à droite du Douglas. L’intégrité des annexes (trompes et ovaires) est constatée. Le toucher rectal peut éveiller une vive douleur lorsque le doigt palpe le cul-de-sac péritonéal de Douglas.

Etant donné que la maladie présente tant de signes cliniques, existe-t-il des examens complémentaires ?
Bien sûr ! Une hyperleucocytose modérée à polynucléaires neutrophiles et une élévation de la CRP dans le sang sont en faveur et l’imagerie n’est utilisée qu’en cas de doute sur le diagnostic. La cœlioscopie permet à la fois le diagnostic et le traitement par appendicectomie, l’échographie, le scanner.
Le diagnostic positif est souvent difficile et nombreuses sont les errances diagnostiques (20 à 25%). Soulignons également qu’il n’existe, à ce jour, aucun signe pathognomonique (signe propre) de l’appendicite aiguë et seule l’intervention (ou la cœlioscopie), suivie d’un examen histopathologique de la pièce opératoire permettent d’affirmer le diagnostic.

Dans quels cas la maladie peut-elle connaître des complications ?
L’évolution reste imprévisible et peut se faire soit vers une résolution de la crise appendiculaire ou vers des complications majeures, ce qui justifie le dogme de l’intervention chirurgicale. Le risque de perforation, et donc de péritonite, une infection généralisée de tous les organes dans l’abdomen, est d’autant plus grand que le délai est important entre la prise en charge et le début des symptômes, particulièrement si ce délai dépasse 36 h. Passé ce délai, le pronostic vital du patient est mis en jeu.
A contrario, l’évolution peut se faire vers une guérison spontanée mais ne jamais attendre cette éventualité au risque de se faire surprendre par une perforation qui mettra en jeu le pronostic vital du sujet.

Est-ce que tout mal de ventre est appendicite ?
Plusieurs affections peuvent prêter à confusion avec une appendicite. Il s’agit entre autres des affections chirurgicales digestives (Diverticule de Meckel compliquée, perforation d’ulcère gastro-duodénal), des affections gynécologiques (Torsion d’un kyste ovarien, salpingite ou inflammation de la trompe, dysménorrhée ou règles douloureuses, grossesses extra-utérine) et des affections médicales (Colique néphrétique, pyélonéphrite, adénite mésentérique, hépatite virale en phase pré-ictérique, oxyurose, pneumopathies de la base droite). Cette liste n’est pas exhaustive.

Vu qu’il n’y a pas de médicament pour guérir l’appendicite, comment traite-t-on alors la maladie ?
Le traitement reste chirurgical et consiste à faire une appendicectomie. Elle doit être réalisée sans délai après que le diagnostic a été posé, afin d’éviter les complications (péritonites). Le geste est précédé par la mise sous antibiotiques.
Un traitement par antibiotiques seuls conduit à une plus forte proportion de péritonite, mais pourrait permettre d’éviter la chirurgie dans un certain nombre de cas.

Un conseil à l’endroit des populations
Devant toute douleur abdominale, il est urgent de consulter le plus tôt possible un médecin, car elle peut relever d’une urgence chirurgicale.
Propos recueillis par Patrice SOKEGBE



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