Exaspéré par la surveillance policière, Gbénamèto s’interroge : « Je me demande si je suis encore dans un Etat démocratique »

Patrice SOKEGBE 16 janvier 2014

Les récentes informations relatives à la supposée fuite de l’ancien Procureur général de la République, Justin Gbènamèto et sa visite à l’ancien ministre Richard Sènou n’ont pas tardé à susciter des réactions. Hier à son domicile, la principale personne concernée par ces bruits qui ont couru à savoir l’ancien procureur Gbènamèto a apporté des clarifications à propos de ces différentes rumeurs. Dans sa déclaration, il a, entre autres, affirmé n’avoir jamais été mêlé à quelque dossier de corruption que ce soit, lorsqu’il était en fonction. Aussi, dénonce-t-il la privation de liberté exercée sur sa personne et sur sa famille, depuis quelques mois.

(Lire un extrait de sa déclaration sur Canal3 Bénin)
Justin Gbènamèto, ancien procureur de la République :
« Je ne suis plus dans mon pays parce que je constate que je suis pris en otage »

« …Depuis plus de trois mois, des personnes certainement mal-intentionnées, font des diffusions de n’importe quelle information sur ma personne. Je n’ai jamais été mêlé à une entreprise de corruption, je n’ai pas acheté ou obtenu de quelqu’un une villa en France. Je n’ai reçu de personne de présents ou de dons dans n’importe quel dossier. Aujourd’hui, tu ne peux pas faire un pas sans la police. Au portail, ils sont là et vont te fouiller. Partout où tu es, elle est à tes trousses. Je suis privé tacitement de ma liberté d’aller et de venir. Les persécutions policières augmentent de jour en jour. Quand j’ai constaté que les choses devenaient anormales et je ne comprenais plus rien, l’autorité à qui je dois me référer, c’est le Garde des sceaux. Le lundi 30 décembre 2013, je le lui ai signalé. Il s’est étonné : « je ne comprends pas ; ce n’est pas vrai ; on va vérifier si c’est vrai ». Mais jusque-là, rien ne change. Au contraire, la situation va de mal en pis. Je ne suis plus dans mon pays parce que je constate que je suis pris en otage. Alors, je me demande si je suis encore dans un Etat démocratique. Je continue de croire que mon pays est un Etat de droit. J’entends dire que je fuis et que je suis au domicile de Richard Sènou, en dehors du fait que c’est un ancien ministre, ce n’est qu’à la télévision que je le vois sinon, on ne s’est jamais rencontré. Je ne sais même pas où il habite. On dit : « Il est chez Richard Sènou et on cherche le Procureur qui serait en fuite ». C’est leur problème.
Depuis que cette situation a commencé, je vois tout le temps les policiers derrière moi. Même à mon église, chez moi à Akassato, ils sont là. Les enfants ne peuvent même plus sortir et jouer librement. On a passé un 1er janvier dans ce climat, où les enfants sont obligés de s’enfermer. Ma sécurité est vraiment menacée, parce qu’au départ, je ne me reproche rien, j’ai la conscience tranquille. Au vu de tout ce qui se passe, je me demande où ils veulent en venir. Mais ces autorités de notre police et de nos services de renseignements, je ne peux que les encourager pour le bon travail qu’ils font pour la nation et plus de zèle... ».
Transcription : Patrice SOKEGBE



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