Gestion des inondations au Bénin : La responsabilité des communes à risques à l’épreuve

Fulbert ADJIMEHOSSOU 22 octobre 2019

Avant qu’il ne soit trop tard, il est temps de changer de paradigme. La situation exceptionnelle à laquelle font face les pays du Golfe de Guinée oblige à repenser autrement le rôle des communes. Quoi qu’on dise, elles sont au cœur de la crise, même si « faute de moyens », elles appellent surtout à la rescousse l’Etat. « On doit pouvoir prendre les dispositions qui s’imposent. Au Bénin, nous attendons toujours que les phénomènes se produisent avant de commencer à courir dans tous les sens. Or nous savons que c’est cyclique. Tout le monde sait au Bénin qu’en cette période-ci, il y a inondation et que les deux types d’inondation cumulent, c’est-à-dire pluviale et fluviale. Les autorités locales doivent prendre leurs dispositions », martèle le Professeur Expédit Vissin, Président de l’Association Béninoise de Climatologie. Si cette année, le cumul des pluies de la petite saison dépasse déjà celles qu’on a enregistré en 2017 et en 2018, même si ce ne sont que les effets du dérèglement climatique, il faudra s’attendre à bien pire avec les indicateurs issus de certains modèles climatiques. Là-dessus, la capacité des communes à faire face aux urgences pose problème.

Des plans de contingence, mais…
Il est une réalité que les communes disposent de Plan de contingence et réduction des risques de catastrophes. Mais il est une évidence malheureusement, qu’ils sont difficilement appliqués. Interviewé récemment par une radio de la place, le maire de Grand Popo Anani Hondji se défend : « Nous manquons de moyens. Sinon, à des moments pareils, il faut des embarcations pour aider les populations. ça fait que nous regardons faire. Ce qui n’est pas normal pour l’autorité que je suis. Avec l’Anpc, nous avons actuellement ce que nous appelons les plans de contingence mais nous n’avons pas les moyens pour mettre en exécution. Ses activités nécessitent des moyens que nous n’avons pas ».
Cependant, le Président de l’Association Béninoise de climatologie, Expédit Vissin dit ne pas comprendre à quoi servent finalement, les plans de contingence si les mairies doivent appeler tout le temps au secours. « Que font les mairies pour mettre dans leurs budgets ce qu’il faut pour faire face aux catastrophes ? La décentralisation est un outil de développement. Nous sommes allés à la décentralisation. Ce qui veut dire que chaque maire est autonome. Le maire doit courir pour avoir le maximum possible. On ne peut pas attendre tout du niveau central », insiste-t-il.
De son côté, le Professeur Emmanuel Lawin, enseignant à l’Institut national de l’Eau pense que les citoyens devraient commencer par demander des comptes aux autorités communales. « Il devrait avoir la possibilité de demander combien est réservé pour la gestion des risques, notamment les risques d’inondations et de sécheresse et faire le suivi. On ne doit pas le dépenser parce qu’il n’y a pas eu inondation. On devrait plutôt ajouter chaque année sur ce compte de façon à ce que lorsque la catastrophe arrive, même si elle touche un certain nombre de population, il y ait des ressources pour aller à leur secours. La question des risques liés au climat est d’abord du niveau local. C’est lorsque l’ampleur dépasse le niveau local qu’on peut aller vers le niveau départemental et central », martèle-t-il.
Si le manque de moyens peut s’avérer être une excuse, il ne peut en être de l’occupation des zones inondables. C’est là où les communes pèchent le plus. C’est là surtout que leur volonté politique peut être mesurée à travers les dispositions prises pour y faire face.



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