Grève dans le secteur de la santé : Nécessité de poursuivre le dialogue entre le gouvernement et les syndicats

Arnaud DOUMANHOUN 8 novembre 2017

À la surprise générale, le ton est monté d’un cran ! Alassane Séidou a décidé de bander les muscles. Certes, deux mois de grèves dans le secteur de la santé, le fait paraît éprouvant quand vous êtes dans le rôle qui est le sien. Mais, au cours de sa dernière sortie médiatique dont l’opportunité reste encore à démontrer, il a manqué de retenue. Aux yeux de l’opinion publique, c’est bien le ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané qui préside le Comité gouvernemental de négociations avec les partenaires sociaux du secteur de la santé et à ce titre, il a présenté le point des négociations notamment les concessions faites par le gouvernement à l’endroit des agents de la santé sans pour autant verser dans des invectives et des menaces. Cela ne devrait d’ailleurs en être autrement au regard de l’expérience de l’homme, qui sait s’y prendre en cette matière.
Curieusement, quatre jours après la sortie du ministre d’Etat Abdoulaye Bio Tchané, soit le lundi 7 novembre, le ministre de la santé Alassane Séidou a délibérément choisi de jouer la carte de la menace et de l’intimidation. « L’Etat ne saurait continuer d’utiliser les ressources du contribuable pour payer les salaires et primes à des agents qui refusent délibérément d’accomplir leur devoir », a déclaré Alassane Séidou. Il s’y méprend totalement en ce qui concerne le dialogue avec les partenaires sociaux en glissant sur le terrain du bras de fer, alors même que cette grève cause de graves préjudices aux usagers des hôpitaux publics, sinon au peuple béninois. En somme, la sortie médiatique de Alassane Séidou est mal venue en ce sens qu’elle n’apporte aucun élément nouveau dans ce dossier si ce n’est que de mettre de l’huile sur le feu.
D’ailleurs, on note à travers ces déclarations une méconnaissance de l’arsenal juridique qui garantit le droit de la grève aux fonctionnaires. Le Dr Séidou doit également interroger l’histoire et s’informer sur le fait, que les défalcations abusives pour fait de grève ont toujours été rétrocédées aux travailleurs. Pourquoi alors opter pour une fuite en avant ? Le ministre de la santé aurait dû aller à l’école des ministres Pascal Irénée Koupaki, Abdoulaye Bio Tchané et Adidjatou Mathys qui ne lui refuseront certainement pas quelques conseils en matière de négociations gouvernement-syndicats. Encore que dans le cas d’espèce, le dossier est désormais du ressort du Comité gouvernemental de négociations avec les partenaires sociaux de la santé que préside le ministre Bio Tchané.
Une chose est claire, nul n’a le droit de jouer les Cassandre dans un secteur aussi sensible. Car, des milliers de vies sont en jeu. Il vaut mieux pour les uns et les autres, fumer le calumet de la paix pour que cessent ces grèves suicidaires que de bander les muscles.



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