Grève dans le secteur de la santé : Contrevérités autour de la mise en concession du Cnhu

La rédaction 23 octobre 2017

En période de crise sociale, toutes les occasions sont bonnes pour donner de l’ampleur à une cause et surtout amener l’autorité à agir. C’est sans doute ce qui justifie la polémique alimentée depuis peu autour d’une supposée privatisation du Centre National Hospitalier Universitaire (Cnhu-Hkm). D’aucuns sont allés loin et ont soutenu que « l’argent du Cnhu servira à payer le Cnhu ». La confusion est d’autant plus grande quand on sait que le collectif des syndicats du secteur de la santé, en grève depuis un mois, en a fait un argument de taille. Mais en réalité, la Commission des réformes dans le secteur de la santé n’a nullement suggéré la privatisation du Cnhu-Hkm. Ce n’est d’ailleurs non plus le choix du Gouvernement du Nouveau départ. Il est plutôt question d’une concession de gestion. L’hôpital reste et demeure dans le patrimoine de l’Etat, des fonctionnaires y travailleront toujours de même que des contractuels. La réforme vise entre autres à garantir effectivement le service public de la santé aux populations et à éviter la désertion de certains postes d’affectation comme cela arrive fréquemment, et les recrutements qui doivent désormais être faits à l’avenir sur poste.

Quid des dettes ?
Et donc, contrairement à certaines allégations, l’argent du Cnhu ne servira pas à acheter le Cnhu. En effet, au sujet des dettes de l’Etat vis-à-vis du Cnhu, selon les explications du Ministre de la Santé sur Canal 3 le mercredi dernier, il n’est prévu nulle part dans le rapport que ces dettes soient versées à un quelconque repreneur. Au contraire, ces créances permettront au Cnhu d’apurer effectivement ses dettes vis-à-vis de ses créanciers. Encore que les dettes ne sont pas dans l’ordre de la dizaine de milliards comme ventilé dans l’opinion publique. Il s’agit plutôt de la subvention que l’Etat verse à cet Hôpital et qui s’élève plutôt à 2 milliards Fcfa par an pour la prise en charge des soins gratuits dont la césarienne, le paludisme, la dialyse.

Des revendications mais…
Il serait donc mieux que les grévistes prennent connaissance du rapport de la Commission des réformes pour ne point se tromper de lutte. Quand on sait combien de désagréments sont causés du fait des grèves dans le secteur de la santé, il y a de quoi s’interroger sur les enjeux de cette fronde sociale. Certes, il y a des revendications de primes, évaluées à 10 milliards Fcfa. Cependant, il s’agit des ardoises héritées du régime de Boni Yayi et pour lesquelles le Gouvernement du Nouveau départ prend des dispositions pour y faire face. Il s’agit entre autres du paiement du rappel de la prime de motivation au titre de l’année 2007 évalué à 6 milliards Fcfa ; du payement de la prime de risque d’avril à septembre 2011 pour environ 1,4 milliard Fcfa et du paiement de l’indemnité de logement revalorisée au personnel paramédical et administratif du ministère de la Santé et du Cnhu-Hkm estimée à 2,2 milliards Fcfa. Le Gouvernement n’est pas resté les bras croisés face aux différentes revendications. Après les rencontres de négociations, des pistes de solutions ont été trouvées et sont en attente d’être soumises au Conseil des ministres. Ce qui revient à dire qu’en de pareils contextes, le collectif des Syndicats de la santé, au regard de la sensibilité du secteur, devrait mettre de l’eau dans son vin, au risque de donner raison à ceux qui soupçonnent une manipulation politique.
Fulbert ADJIMEHOSSOU



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