Hausse des frais de scolarité dans les établissements privés : La quête de l’excellence qui ruine les parents d’élèves

La rédaction 29 septembre 2017

Pour cette rentrée scolaire, les frais de scolarité ont connu une augmentation dans les lycées et collèges privés du Bénin. Cette situation serait due aux nouvelles réformes mises en œuvre pour renforcer le niveau d’étude des apprenants.

Mardi 26 septembre. Il est 16 heures Nous sommes dans un établissement secondaire privé situé à Zogbohouè. Une semaine après la rentrée scolaire, les parents d’élèves continuent de s’aligner devant le secrétariat. Prospectus en main, chacun essaie d’y jeter un coup d’œil pour s’imprégner des nouveaux frais de scolarité. Dans l’enseignement général et commercial, la 6ème paye 60 000 Fcfa, la 5ème, 65 000 Fcfa, la 4ème 75 000 Fcfa, la 3ème et la 2nde G2, 100 000, les 2nde A-B-C-D, 85 000 Fcfa, les 1ère A-B-C-D, 90 000 Fcfa, la 1ère G2, 115 000 Fcfa, les Tle A-B-C-D, 120 000 Fcfa et la Tle G2, 160.000 Fcfa. Et ce n’est pas fini. L’établissement a fixé les frais d’inscription et d’assurance à 10 500 Fcfa et la réinscription à 5 000 Fcfa. Plus loin, les apprenants doivent acheter des tissus et modèles de tenues disponibles au secrétariat du complexe. Chez les garçons, il faut un pantalon, une chemise manche courte, une cravate, un macaron du collège, le tout à 6000 Fcfa. Aussi, doivent-ils prévoir 2500 Fcfa pour une Lacoste frappée de logo, et 2000 Fcfa pour un Tee-shirt pour le sport et une banderole. Il en est de même pour les filles. Selon Justin, un parent d’élève, « Il y a une augmentation des frais de scolarité qui varie entre 5000 et 10 000 Fcfa ». Cette hausse de la scolarité est remarquable dans les établissements primaires et secondaires privés, ce qui met les parents d’élèves en difficulté. Pis, dans un établissement primaire situé dans la même zone, les parents doivent prévoir des papiers hygiéniques, des papiers A4 et autres pour leurs enfants », fustige-t-il.

Au nom de l’excellence !
« Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne », a dit Victor Hugo. C’est dans cette optique que tout parent met les moyens nécessaires à disposition pour l’instruction de ses enfants. Mais, force est de constater une augmentation des frais de scolarité au cours de cette année scolaire. Les promoteurs d’établissements secondaires privés évoquent diverses raisons pour justifier le fait. Il s’agit entre autres, de la réhabilitation des cadres d’études des apprenants pour leur assurer de bonnes conditions d’étude et un meilleur encadrement. « Cette augmentation n’est pas due aux nouvelles réformes mises en œuvre par le régime actuel, elle est plutôt liée aux difficultés rencontrées dans les années écoulées. Il faut satisfaire les apprenants sur tous les plans afin d’espérer un bon rendement à la fin de l’année, puisqu’il le faut », a laissé entendre Anatole Djossa, Directeur Adjoint du collège d’enseignement secondaire privé Ste Auriane de Cœur. A l’en croire, cette hausse des frais de scolarité connue cette année est liée aux aménagements portés aux salles de classe. Aux raisons précédemment citées, s’ajoute le recrutement de nouveaux enseignants compétents par ces promoteurs d’écoles en vue d’atteindre les objectifs fixés. « Les frais de scolarité ont connu une augmentation de 5 milles voire 10 000 Francs Cfa… », a-t-il martelé. Il faut noter que les parents d’élèves se retrouvent l’obligation de payer ces sommes malgré la morosité économique qui sévit dans le pays. « Nous devons comprendre les soucis des parents d’élèves et soulager leurs peines, mais le prix de la scolarité ne devrait pas être discuté si l’on veut une bonne qualité d’enseignement », a-t-il ajouté.

High class ou escroquerie !
« A moins de cinq jours de la rentrée scolaire, nombreux sont les parents d’élèves qui ne savent pas encore si leurs enfants retourneront en classe ou pas. La raison est l’épineux problème de réinscription qu’imposent les promoteurs des établissements scolaires privés… », s’insurge Chris-Amos Aholou, parent d’élève, pour qui, les établissements privés s’enrichissent sur le dos des parents. D’après lui, il ne s’agit pas de nouveaux apprenants à qui les parents cherchent désespérément une école ou une maison d’accueil. Le phénomène a pris d’ampleur et devient une nouvelle charge pour les tuteurs et géniteurs des apprenants. A la longue liste de fournitures scolaires à payer s’ajoute cette exigence dont le montant varie selon le standing de l’école. « Pourquoi payer chaque année une place à l’enfant dans son propre établissement scolaire lorsqu’on sait que les frais de scolarité ne sont pas supprimés ? On crée une école parce qu’on a les infrastructures adéquates et le matériel didactique requis pour inculquer le savoir aux enfants. Mais on constate que les promoteurs des établissements scolaires privés sont devenus des commerçants véreux qui s’enrichissent sur le dos des pauvres parents d’élèves. Où vont ces frais que collectent les promoteurs des écoles ? », s’interroge-t-il d’un air désespéré. Clarisse, parente d’élève, ne trouve aucune amélioration dans certains collèges privés, mais les faux frais ne font que s’aligner. « Les apprenants travaillent parfois dans des cadres délabrés dans certains établissements. Le manque d’enseignants et de matériels didactiques appropriés caractérise souvent ces lieux du savoir. Autrement dit, le souci de leurs promoteurs se résumerait à la quête de l’argent », ajoute Chris-Amos Aholou. Selon lui, les regards sont désormais tournés vers le gouvernement qui doit mettre de l’ordre dans ce secteur. « Le président Patrice Talon qui vient d’interdire les travaux dirigés dans les établissements scolaires publics doit aussi discipliner l’appétit glouton des privés pour soulager les pauvres parents d’élèves. Il y va de la valeur de l’école béninoise »,
Christelle KOUSSEMOU (Stag)



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