Insécurité grandissante : La rupture face aux assassinats tous azimuts et aux vols d’organes humains

Eustache f. AMOULE 15 décembre 2016

Un être humain charcuté et mourant, retrouvé dans une broussaille, ou tout simplement un corps sans vie, amputé d’un organe. Ces faits sont devenus le quotidien des Béninois depuis plusieurs semaines déjà. Mais sous nos cieux, ces crimes crapuleux font moins de bruits que les braquages spectaculaires sur lesquels les regards sont figés. Pourtant, on parle bien de mort, bien plus cruel encore, d’individus n’ayant presque jamais la chance d’échapper à leurs bourreaux qui, sous la contrainte de certains faits extérieurs, qui pourraient abandonner leur cible, comme lors d’un braquage. Il y a quelques mois, ce fut dans les départements du Zou et des Collines que cette bande de tueurs a sévi. Le mode opératoire est le même : une personne est portée disparue, et dans les 72 heures qui suivent, l’on la retrouve au bord d’une rue, dans un puits, dans une forêt, son corps sans vie, sur lequel sont généralement prélevés un ou plusieurs organes. S’agit-il d’un crime organisé destiné à nourrir un marché de trafic d’organes humains ou à faire des sacrifices à des fétiches ? Seul Dieu détient cette vérité, en dépit du fait que bien de gens ont prêté serment pour assurer la sécurité dans la cité. Après les départements du Zou et des Collines, c’est au tour des départements de l’Atlantique et du Littoral de pleurer leurs morts, dont les conditions de décès ne seront jamais élucidées, à moins que les forces de sécurité se décident à véritablement assumer leur mission.

Ouidah, Calavi, Cotonou… dans la peur
Nu, le visage enflé, le dos en lambeaux et la cheville fracassée. C’est dans cet état qu’a été retrouvé il y a quelques jours, un jeune homme dans le quartier Dénou situé dans l’arrondissement de Pahou dans la commune de Ouidah. Il a été retrouvé agonisant par des riverains qui allaient vaquer à leurs occupations matinales. "Je ne sais pas ce qu’il a comme problème. Il est juste couché à même le sol et très fatigué. Il ne parle même pas". Ainsi s’exprimaient les premiers passants attirés par l’événement. De bouche-à-oreille, l’information est parvenue à tout le quartier. D’où arrive un sieur se présentant comme le frère de l’individu. "C’est mon frère. Nous étions déjà endormis hier nuit quand il s’est réveillé et est ressorti. Je ne sais à quel moment. Voilà où et dans quel état je le retrouve", a-t-il expliqué devant une foule visiblement sous le choc. La victime sera ensuite conduite au centre de santé le plus proche où il ne survivra pas. Il faut préciser que c’est la troisième fois en l’espace de deux mois que l’on enregistre des actes criminels dans cette localité. Pour les deux premiers cas dont l’un s’est produit dans le quartier Colas et l’autre à Dénou une semaine plus tôt, les victimes sont tombées sous le coup des balles d’une arme de fabrication artisanale et leurs motos ont été emportées ainsi que tous leurs biens. A Cotonou, ces divorcés sociaux s’en prennent aux enfants. Au quartier Agla, il y a environ 7 jours, c’est un El Hadj qui a été accusé d’être responsable de l’exécution de trois enfants qui, au retour de l’école, auraient été conduits à son domicile d’où ils ne sortiront pas vivant. A Calavi, le tribut est encore bien plus lourd.
Le littoral et l’Atlantique comme les Zou et les Collines
Des découvertes macabres aux agressions violentes, les populations d’Abomey, de Bohicon et de Djidja sont exaspérées, par cet excès de violences dans leurs localités. Les populations de Djimè ont découvert le corps sans vie d’un conducteur de taxi-moto, et plus tard celui d’un jeune-homme retrouvé dans une citerne de la brasserie Ibb-Tassor. Le lundi 24 octobre dernier, ce fut le tour des populations de Manabouè, de ramasser dans une broussaille la dépouille d’une jeune femme battue à mort. Et cette liste n’est pas exhaustive. Les cas de viols sont légion. Il est temps d’arrêter la saignée. Lors du grand débat avec son challenger à l’élection présidentielle, Patrice Talon avait déclaré qu’il mettrait les renseignements au service de la population. Huit mois après, quel bilan peut-on faire ? Il faut revoir la copie.
Eustache AMOULE (Coll)



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