Interview avec Carole Keyanfe, Fondatrice et coordinatrice de l'association "SECOND LIFE ‘’ : « Mon engagement pour la lutte contre le cancer du sein est une très longue histoire »

Patrice SOKEGBE 16 octobre 2018

Franco camerounaise, Carole Keyanfe est la Fondatrice et la coordinatrice de l’association "SECOND LIFE " créée en 2013. Ancienne chef d’entreprise, créatrice de mode, de formation comptable. A 16 ans, elle est déjà responsable d’un centre de solutions capillaires destiné aux malades de cancer, alopecie androgenique à Paris où elle travaille à l’accompagnement moral et physique du malade ( homme/femme ) et de son bien être en lui apportant des solutions pratiques, conseils, prothèse capillaire ou mammaire, mise en beauté par dermopigmentation des sourcils, des cils ou trichopigmentation du crâne. Tout cela dans le but de redonner le sourire aux femmes afin qu’elles reprennent confiance en elles-mêmes. A travers l’interview ci-dessous, Carole Keyanfe a décliné ses actions de lutte contre le cancer du sein, surtout en ce mois d’octobre.

- Vous êtes un acteur de lutte contre le cancer du sein. Qu’est-ce qui vous a poussée à cette lutte ?
Je suis acteur de la lutte contre tous les cancers, notamment le cancer du sein, du col de l’utérus, de la prostate et du colon. Mon engagement pour la lutte contre le cancer du sein est une très longue histoire dont les mots clés sont "illumination", "destinée" et "Humanisme". Le cancer, malheureusement, est une maladie que tout le monde connaît, mais dont on ne comprend pas les enjeux. Surtout en Afrique, les gens sont moins solidaires que l’on ne le pense. En plus de la sorcellerie, de la honte et du déni qui font partie des déclencheurs de mon engagement, ils ne se sentent pas concernés, malgré les pertes de proches ou non autour d’eux. Cela peut également se comprendre, car ils vivent dans un environnement où la sensibilisation, la prévention et le mécanisme de la prise en charge personnelle ne sont pas ancrées dans les mœurs. Donc, tout devient naturel, car le système médical ne facilite pas cette compréhension du fait de la difficulté d’accès aux soins pour tous. Je me suis sentie plus que concernée suite à plusieurs rencontres avec des personnes malades, tout en pleurs, manquant de soutien, d’accompagnement et de besoins matériels divers. J’ai été encore plus touchée la première fois que j’ai vu le crâne d’une femme totalement nu et marchant avec son oxygène. Aussi, me suis-je sentie interpellée quand j’ai dû appliquer une prothèse mammaire la première fois à une femme de moins de 30 ans ayant subi une mastectomie totale. Je me suis sentie concernée quand un monsieur d’environ 40 ans m’a sollicité pour un remplacement capillaire. Je me suis sentie concernée lorsque j’ai écouté toutes ces personnes me confier leurs peines et leurs craintes. Je me suis sentie concernée lorsque, sur un lit d’hôpital, une dame de 68 ans ayant l’apparence d’une centenaire, est décédée pratiquement dans mes bras. C’est une pléthore de situations difficiles qui a aiguisé mon engagement à me battre pour toutes ces personnes. Ainsi, créer cette association, pour moi, une manière d’offrir l’opportunité d’une seconde vie à ces malades.

Comment la femme peut-elle savoir qu’elle souffre du cancer du sein ?
L’examen clinique est le seul qui peut confirmer qu’elle en souffre, d’où la visite annuelle chez le gynécologue est indispensable. Il ne faut donc pas attendre de ressentir une quelconque douleur pour y aller.

Qu’est ce qui provoque le cancer du sein ?
Il n’y a pas de causes ni de déclencheurs spécifiques du cancer du sein. Cependant, on parle plus de facteurs de risque qui accroissent la probabilité de cette maladie que de causes même si certaines personnes ne présentant aucun de ses facteurs pourraient porter cette maladie. Ces facteurs sont entre autres, la prise d’hormones, les antécédents familiaux, l’âge et l’hygiène de vie.

Comment se manifeste cette maladie ?
Généralement, elle se manifeste par la présence d’une boule dans le sein, des ganglions sous les aisselles, des modifications de la peau du sein et du mamelon (écoulement anormal du mamelon, rétrécissement anormal du sein, une peau grumeleuse...), un changement inhabituel de la taille et de la forme du sein et bien d’autres. Ce sont là autant de signes qui devraient alerter et faire courir chez son médecin.

Comment peut-on éviter ce mal ?
L’auto-examen permet de prévenir cette maladie mais ne se substitue en aucun cas à la visite annuelle chez son médecin. Une femme doit connaître et aimer ses seins. Elle doit avoir une bonne hygiène de vie. Aussi, doit-elle faire une activité sportive régulière.

Propos recueillis par Patrice SOKEGBE



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