Journée internationale pour les personnes âgées : Maison d’accueil à Tokan : tendresse d’enfants pour vieillards stigmatisés

La rédaction 1er octobre 2018

Stigmatisés et parfois délaissés par la société béninoise, les personnes âgées trouvent à Tokan, à Abomey-Calavi, un refuge idéal. Chez les Petites sœurs des pauvres règne une harmonie conviviale autour des vieillards retrouvés à la messe dominicale hier, veille de la journée mondiale des personnes du 3e âge.

Cadre somptueux et calme. Jardin resplendissant, rien à envier à une résidence présidentielle. Sauf qu’ici, en lieu et place des gardes, on retrouve des religieuses qui apportent tendresse et amour à des personnes âgées, loin de leurs familles respectives. La traversée de la cour de ce havre de paix débouche sur une série de bâtiments.
Ce dimanche, alors qu’il sonnait à peine 07h30, les petites sœurs, aux grands cœurs s’affairent pour donner tout le soin nécessaire aux personnes âgées attendues à la messe de 10 heures 30. L’accueil chaleureux à nous réservé, n’ira pas au-delà de celui accordé à tout visiteur : pas de vidéos ni d’échanges sur le fonctionnement du centre, encore moins de prises de vues. Visiblement affectée par un récent incident avec « la presse », la responsable des lieux reste ferme sur cette mesure.

Ambiance inédite
La démi heure de discussions ne pourra rien changer cela. Mais dans l’attente de la messe dominicale, les pensionnaires ne manquent pas de nous dévoiler leur enthousiasme. Certains s’empressent même d’établir une familiarité. Ici, tout se fait avec soin, même les salutations et bénédictions, suscitant des émotions. « Vous avez décidé de nous rendre visite. C’est super bien. Que Dieu vous bénisse », confie une mémé, qui nous convie à une petite balade. Deux heures d’attente suffisent largement à comprendre que dans cette maison d’accueil, exceptionnelle, les personnes âgées ne sont pas que de simples vieillards. Ils sont autant intellectuels que moins instruits. Et beaucoup viennent se ressourcer auprès d’eux. « Au Bénin, quand vous n’avez pas de moyens vous êtes considérés comme des sorciers. Je crois qu’elles seront plus heureuses à partager leurs expériences. Il y a plus de joie en donnant qu’en recevant. Ils ont besoin que les jeunes leurs rendent visite. Ce ne sont pas que de pauvres. Il y en a qui ont fait l’ingénierie mais qui n’ont jamais su qu’ils seront là », affirme Eric Bonou, spécialiste en cinéma très fréquent dans cette maison d’accueil, et qui leur accorde une grande valeur.

A la chapelle…
Quelque temps après, les visiteurs deviennent nombreux. Tous se dirigent vers la chapelle. Les personnes du 3e âge aussi, soit dans leurs fauteuils roulants, avec leurs béquilles, ou accompagnées. Puis, la cloche sonne. Sur l’autel, le Père Yves Richard du Centre de Recherche, d’Etude et de Créativité qui se donne en entier malgré le poids de l’âge : « Quand on est prêtre et qu’on vieillit, on a moins de force pour répondre à toutes les demandes. La mémoire passe progressivement. Un prêtre âgé a besoin d’attention comme toutes les personnes du 3e âge ». Puis il ajoute : « Ces personnes ont besoin qu’on prenne soin d’elles. Elles ne peuvent pas se débrouiller seules. Il leur faut des affections quotidiennement. Ils sont en fait comme des enfants. Il faut les assister en sachant qu’ils ont beaucoup de choses à apporter à la famille ».

« J’ai été touché la première fois… »
A cette messe, il y a plus de personnes étrangères que les pensionnaires et la quinzaine de sœurs. Les chrétiens riverains viennent beaucoup partager leur dimanche avec les pensionnaires 112. Sur place, Régis Oyetola, en bon animateur Madeb, discipline la vingtaine d’enfants présents et qui faisaient du bruit. « J’aime partager un peu avec les personnes âgées. J’ai été touché la première fois que je suis venu à la messe ici. Depuis ce temps, je suis régulier. Je prends du plaisir à partager la journée dominicale avec eux. Ils sont comme des enfants qui ont besoin d’écoute et d’affection », déclare-t-il. La messe terminée, les pensionnaires se dirigent vers le réfectoire. Les autres rejoignent leurs domiciles respectifs, heureux d’avoir été la raison du sourire de ces personnes du 3è âge derniers ce dimanche. Et soudain, le calme reprend droit de cité dans la maison de petites sœurs des pauvres.
Karen TAYEWO (Stag)



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