Journée Nationale de l’Arbre : Pas d’affluence chez les pépiniéristes

Fulbert ADJIMEHOSSOU 1er juin 2018

Si les veilles de fêtes, St Valentin, Pâques, Noël Ramadan, etc. constituent des moments d’affaires, ce n’est pas le cas quand il s’agit de célébrer l’arbre. 48 heures avant la 34e édition de la Journée Nationale de l’Arbre, l’ambiance est morose aux sources d’approvisionnement de plants.

S’il y a un lieu où il devrait être aisé de constater l’imminence de la Journée de l’Arbre, c’est chez les pépiniéristes. Cependant, une descente ce mercredi dans la zone du Camp Guézo, et le constat est tout autre. Loin de s’affairer à servir les clients, chez les vendeurs de plants, c’est la routine. « Il n’y a aucune affluence. Pour le moment, nous ne recevons que des gens qui venaient habituellement s’en procurer. Ils sont d’ailleurs très peu. On ne sent pas venir une telle célébration », confie Isidore Aguébozo, vendeur de plants.
Sur ce site, les plants de cocotiers, de colatiers, de fruitiers et de fleurs n’attendent que les amoureux de la nature. Mais, il aura fallu une demi-heure pour voir garer, enfin, un véhicule personnel à quelques mètres en face.

« Je n’attends pas une journée pour planter »
Le conducteur, un fonctionnaire d’une Ong internationale, descend et se procure seulement deux plants. Pour lui, l’achat qu’il venait d’effectuer ne s’inscrit nullement dans le cadre de la Journée de l’Arbre. « Je n’attends pas une journée pour planter un arbre. L’arbre nous fait tout, mais en retour, nous ne faisons que preuve d’ingratitude. L’arbre, c’est l’équilibre des écosystèmes. Je crois que c’est du folklore que d’attendre le 1er juin pour mettre un plant en terre. Quand on y tient vraiment, on n’attend pas la saison pluvieuse. On plante et on arrose », dit-il. Sur les sites de Houéyiho et de Fidjrossè Plage, le constat est le même. Les pépiniéristes et les horticulteurs sont plutôt préoccupés à entretenir leurs plants. « Les Béninois ne plantent pas d’arbres comme cela se doit. Ce qui fait que la journée de l’arbre ne nous apporte pas vraiment de la clientèle. Nous vendons plutôt les fleurs à des gens qui ont un chantier, et nous nous occupons aussi du suivi. C’est ce qui nous fait vivre », déclare Norbert Avougnansou, horticulteur à Fidjrossè-Plage.

« Ouf ! J’ai vraiment oublié »
Sur les 11 millions de Béninois, combien feront-ils ce vendredi le geste utile ? Difficile de le dire. Cependant, c’est le manque d’engouement chez certains citoyens rencontrés à Fidjrossè Plage. « Ouf ! J’ai vraiment oublié que c’est imminent, la journée de l’arbre. C’est vous qui me le rappelez en fait. Mais ce n’est pas sûr que je plante un arbre. Chez nous, toute la maison est terrassée », se désole Henri, étudiant dans une université privée de la place. D’autres par contre, en location, rejettent le tort sur les propriétaires. « Je ne dirai pas que nous ne sommes pas conscients de l’importance de planter un arbre. On n’a même pas besoin de nous le rappeler. Mais pour nous qui n’avons pas encore une parcelle, nous ne le pouvons pas. A Cotonou et à Calavi, la plupart des gens sont en location. Ne demandez pas à un locataire de planter un arbre dans une maison qu’il est appelé à quitter à tout moment », se défend Gertrude, rencontrée à Vèdoko. Pour d’autres encore, la crise économique ne permet pas de débourser pour payer des plants.
Dans tous les cas, pour cette 34e édition de la Journée Nationale de l’arbre, très peu de Béninois vont sacrifier à la tradition. Pendant ce temps, les villes en plus d’être menacées par la pollution atmosphérique, perdent de leur verdure, d’où l’urgence de réinventer la Journée Nationale de l’Arbre.



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