La boucherie à Cotonou : Une activité qui résiste à la modernité

La rédaction 10 mai 2017

Au cœur de la capitale économique du Bénin, s’ouvrent dans les agglomérations comme dans les marchés des boucheries où les populations vont s’approvisionner en viande. Cependant, les bouchers exercent pour la plupart dans des conditions sanitaires et hygiéniques qui laissent à désirer.

Dans une baraque vétuste, sur une table dégradée par les coups de manchettes, Fidel découpe des viandes de bœuf, pour ses clients qui s’impatientent. Ce boucher rencontré le 28 avril 2017, non loin de l’abattoir de Cotonou peine à contrôler les mouches qu’attirent les morceaux de viande. Il secoue sans cesse un bâton muni de mèches. Mieux, avec la libération des espaces publics, Fidel et plusieurs bouchers se retrouvent dans une ruelle près du parc animalier insalubre. « L’eau de pluie se mélange aux excréments et urine des animaux du parc à bétail de l’abattoir de Cotonou. Tout cela est accompagné de grosses mouches qui vont se déposer sur les viandes se trouvant sur les étalages de fortune érigés à moins de cinq mètres du parc à bétail », se plaint Francine, une riveraine.
Ici, comme dans de nombreuses autres boucheries de la ville, d’Akpakpa à Zongo en passant par Dantokpa, la situation est la même, surtout en cette période de pluie. En plus de cela, pour les installés aux abords des rues, les viandes sont exposées aux fumées d’échappement et poussières provoquées par le passage des engins.
L’hygiène quasiment absente
Consciente des conditions précaires dans lesquelles exerce le boucher et des problèmes d’hygiène que cela pose, dame Rafiatou qui vient de se faire servir dans une des boucheries du quartier Zongo, dit prendre des dispositions une fois arrivée à la maison. « Avant de préparer la viande, je la nettoie plusieurs fois. Ce qui réduit considérablement les risques de maladies pour ceux qui viennent acheter à manger chez moi », affirme-t-elle. En dehors des clients, les riverains ne manquent pas de se plaindre des bouchers installés dans leur voisinage. Certains déplorent surtout un manque de contrôle de la part des autorités. Mais selon un inspecteur d’action sanitaire du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche rencontré, et qui a requis l’anonymat, plusieurs projets sont élaborés dans le but d’assainir ce secteur et de mettre fin à ces problèmes dont font cas les populations. « Les démarches sont en cours pour la construction d’une boucherie moderne respectant les normes et indications en la matière. Pour ce qui concerne l’abattoir de Cotonou, une autre est déjà construite à Abomey-Calavi dont la gestion se fera sous le mode affermage. Le processus pour son affermage est en cours », a-t-il souligné. Selon cet inspecteur d’action sanitaire, l’installation des bouchers près du parc animalier n’est que temporaire. Mais en attendant, il rassure de ce que les agents d’inspection sanitaire du ministère font des contrôles et sensibilisent les bouchers sur les règles d’hygiène à observer.
Euloge GOHOUNGO (Stag)



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