Les pylônes des réseaux Gsm : Des tueurs silencieux près de nos maisons

La rédaction 25 août 2016

Utilisés constamment, les services des opérateurs de téléphonie mobile font partie intégrante du quotidien des populations. Mais ceux-ci nécessitent l’implantation d’antennes relais ou de pylônes pour une qualité de service acceptable. Du coup, dans une métropole comme Cotonou où habitations, entreprises et usines se côtoient, les pylônes des réseaux Gsm deviennent souvent les voisins les plus proches des populations. Et ceci n’est pas sans conséquences...

Godomey, un arrondissement de la commune d’Abomey Calavi, le plus peuplé de tout le pays. Ça grogne au sein des populations. Elles dénoncent l’installation d’un pylône de réseau Gsm à proximité d’une école. Selon elles, ces antennes relais sont nuisibles à la santé des élèves et des riverains.
A Agla, dans la ville de Cotonou, le schéma est pratiquement le même. Les populations s’opposent à l’implantation d’un pylône Gsm sur le toit d’un immeuble à usage d’habitation. Elles estiment en effet que vivre à proximité de ces matériels électriques n’est pas sans inconvénients sur leur santé. Pourtant, les pylônes, c’est ce qui manque le moins à Cotonou. Il y en a presque dans tous les quartiers et la plupart du temps installés sur les toits d’immeubles à usage d’habitation. D’ailleurs, un rapport de l’autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep) montre que 99,97% de la superficie de Cotonou est couverte par les réseaux Gsm. Robin Accrombessi, président du Conseil national des associations de consommateurs explique que ces antennes sont destinées à émettre des ondes électromagnétiques afin de permettre la captation des signaux des réseaux sur les téléphones portables. Il confirme que ces ondes émises sans cesse ont un impact sur la santé des populations.

Un danger invisible, incolore et inodore
« Aucune étude au Bénin ici n’a encore démontré que les ondes diffusées par les antennes Gsm sont dangereuses pour la santé », affirme Dr Aimé Atindéhou, médecin en service au Centre national hospitalier universitaire (Cnhu) de Cotonou. Toutefois, il explique qu’en se basant sur les expériences vécues ailleurs, des travaux de recherche ont montré que les personnes exposées aux émissions électromagnétiques, sur une période de 05 ou 10 ans, développent le plus souvent différentes sortes de cancer. Par contre, dans l’immédiat, elles sont sujettes à diverses affections dont la baisse de l’acuité visuelle, les troubles du sommeil, les problèmes de digestion et la surchauffe anormale du cerveau, ce qui augmente le risque d’accident cardio-vasculaire.

Des mesures de sécurité pas toujours respectées
Aubierge Aguénoukou, la cinquantaine, résidant à Godomey pour sa part, pense que le problème est surtout lié à l’endroit où sont installés les pylônes. Elle estime que les opérateurs de téléphonie mobile ne respectent pas toujours les normes fixées par les autorités.
En effet, l’Arcep a défini des normes de sécurité pour l’installation des antennes Gsm. Robin Accrombessi, dans la défense des droits des consommateurs, rappelle ces mesures qui stipulent que les pylônes doivent être installés à une distance minimale de 100 mètres des écoles, des centres de santé et des maisons. C’est pour cette raison que certaines associations de consommateurs ont mené des luttes contre l’installation anarchique des pylônes. Avec la collaboration des chercheurs comme le Professeur Benjamin Fayomi, quelques-unes de ces luttes ont payé, notamment à Agori à Calavi et Akpakpa Nouvènamédé où les populations ont réussi à empêcher l’installation d’antennes en violation de la règlementation. Mais ce ne sont que de petites victoires, comparativement au travail de sensibilisation énorme qui reste à abattre.

Jouer la carte de la prudence en prenant des mesures préventives
90, 26% du territoire national est couvert par les réseaux Gsm. Ainsi donc, la cohabitation avec les pylônes est quasi inévitable pour les populations. Pour ce faire, les spécialistes recommandent certaines mesures pour réduire les risques liés à l’exposition aux ondes électromagnétiques émises par ces poteaux. Au premier abord, Robin Accrombessi exige que les normes de sécurité établies par les textes soient scrupuleusement respectées. Ensuite, il estime qu’il faut faire des études environnementales sur les sites choisis pour accueillir ces antennes. Le Dr Aimé Atindéhou épouse cet avis mais recommande avec insistance que les antennes relais soient installées à plus de 300 mètres des écoles, centres de santé et jardins publics. Selon lui, la distance de 100 mètres établie par les autorités béninoises est insuffisante pour limiter l’exposition aux émissions électromagnétiques.
Marvine OUMEYOUTI ( Stg)



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