Lettre ouverte à son excellence le Président de la République du Bénin

La rédaction 12 juin 2018

Objet : Violation de la Constitution par des artistes musiciens

Excellence Monsieur le Président de la République,

J’ai l’honneur, par la présente, de solliciter votre attention sur certains faits qui violent notre Constitution.

D’entrée, ce serait pour moi un péché de ne pas reconnaître les innombrables efforts que vous faites pour révéler notre pays le Bénin. Il est clair que pour vous, le développement est plus qu’une notion. C’est une réalité que vous démontrez chaque jour au travers de vos paroles et actions. Certains peinent à accepter cette vérité. Et c’est normal ! Il n’y a que celui qui est doté d’un esprit supérieur, incarnant non pas un politicien, mais un homme d’État, un visionnaire qui peut reconnaître une telle vérité. Et la vérité est le seul chemin qui conduit à la vie ; celle que nous voulons belle, heureuse, paisible et joyeuse. C’est ce que souhaitent tous les béninois qui ont placé leur espoir en vous, l’unique père de la Nation depuis Avril 2016.

Au travers de cette lettre, je m’adresse à vous comme l’un d’eux ; je m’adresse à vous en tant que citoyen, je m’adresse à vous en tant qu’écrivain, et par-dessus tout je m’adresse à vous en tant qu’un homme d’Etat. Un homme qui refuse de répéter les mêmes erreurs ; un homme qui veut voir les choses se faire autrement.
Le 06 Avril 2016, lorsque vous prêtiez serment, vous avez juré devant Dieu, les mânes de nos ancêtres et la Nation de vous laisser guider par l’intérêt général et le respect des droits humains, de consacrer toutes vos forces à la recherche et à la promotion du bien commun, de la paix et de l’unité nationale. Je viens donc vous présenter des faits qui entachent fortement les droits humains et qui peuvent menacer la paix et l’unité nationale, si rien n’était fait.

En effet, depuis un certain temps, il y a des personnes au cœur de la République qui se réclament être des artistes et en profitent pour passer des messages inappropriés aux valeurs constitutionnelles. Ces messages, entre autre promeuvent le vagabondage, la dépravation, le libertinage. Ils incitent au gain facile, à l’oisiveté, à la débauche et conduisent une multitude de citoyens vers la perdition. Comment peut-on développer un pays si les populations sont détournées vers le superficiel ? Comment peut-on réussir le pari du développement si les populations ne pensent qu’au sexe, à la drogue et à l’alcool ? Il urge à mon humble avis d’agir. Et si nous pensons être assez « adultes » pour savoir discerner, je voudrais nous inviter à penser aux plus jeunes, qui ne savent pas encore raisonner. Ils copient ce qu’ils voient et répètent ce qu’ils entendent. Que ferais-je, en tant que père de famille, si mon petit garçon de 6 ans se mettait à chanter l’une de ces chansons et pire à reproduire ces gestes horribles et abominables ? Que ferais-je si ma petite fille de 2 ans me demandait de lui expliquer ces paroles ? En tant que père de famille, et je sais que vous l’êtes aussi, nous devons penser au sort des plus jeunes, à l’avenir de nos enfants. Ils sont la relève de demain. Et nous nous devons de les préparer.

En plus de mon statut d’acteur se battant au travers des lettres, je suis coach formateur, spécialiste des questions de la jeunesse, de l’éducation et du développement. Je peux vous dire que j’ai parcouru tout le Benin afin d’échanger avec nos enfants pour leur faire prendre conscience sur leur devenir. Cette année, notre tournée s’est articulée autour du thème : « Jeune, tes choix, ton avenir, ta réussite. » Je sais ô combien ils sont influencés par ces artistes qui véhiculent des messages libertins et anti-développement. Difficile pour eux de faire un choix, quand ils sont exposés aux dangers. Nos enfants, comme le dirait l’autre, ont un mental sous développé. Or, vous convenez avec moi, que c’est là, toute la matière du développement. Pourtant personne ne réagit pour mettre fin à cet état de chose. Les medias relayent - étant capitalistes - toute sorte de messages et de chansons, polluant ainsi l’atmosphère d’un virus qui engloutit peu à peu notre culture et notre identité, nous rendant ridicules et bafouant à la limite notre dignité. Je me suis souvent posé les questions suivantes : Avons-nous des autorités ? Avons-nous des dirigeants capables de nous protéger ? N’est-il pas dit que le Président s’engage pour la sécurité des personnes ?
Bien sûr que oui ! Cette obligation est contenue dans votre prestation de serment et je l’ai souligné plus haut.
Excellence Monsieur le Président de la République, un Homme est bien plus que le corps physique. Il est aussi âme et esprit. Il doit donc être protégé tant bien physiquement, émotionnellement que spirituellement. C’est donc une obligation de sécuriser les âmes et les esprits des populations. D’ailleurs notre Constitution le prévoit dans ses articles 8 et 9. Or, de telles chansons dégradantes et répugnantes détruisent les esprits, saccagent les âmes et forment à la longue une armée d’oisifs, de libertins et par ricochet une bande de criminels.

Je me tourne vers vous, en tant qu’autorité incarnant l’unité nationale - conformément à l’article 41 de la Constitution - pour mettre fin à ces dérapages et mettre en demeure ces faux artistes qui violent les articles 8, 9 et 12 de notre Constitution parce que :

  Leurs œuvres constituent une entorse à l’éducation des enfants ;
  Leurs œuvres entravent le plein épanouissement des personnes dans les dimensions matérielle, temporelle, intellectuelle et spirituelle ;
  Leurs œuvres enfreignent aux bonnes mœurs et aux valeurs nationales.

En cette période où votre priorité est de révéler le Benin, ce que je crois plus adéquat que le concept de la rupture, on ne saurait gagner ce pari sans relever en amont le Bénin. Je vous prie Excellence Monsieur le Président de la République, de bien vouloir relever notre pays sur le plan culturel en mettant de l’ordre dans ce secteur qui semble t-il est pris d’assaut par des cas sociaux, des convaincus ratés et des sans avenir. C’est une question d’intérêt national. Quand la famille échoue dans l’éducation d’un individu, il revient à la société de s’en occuper. Mais lorsque cette dernière échoue, ce qui semble être le cas, il revient à l’Etat d’en imposer des bornes. Excellence Monsieur le Président de la République, aidez-nous à imposer les bornes pour ne pas perdre davantage de jeunes. Beaucoup le sont déjà. Et si nous ne faisons rien, cela va s’empirer.

Je me permets de faire une proposition simple, puisque je ne sais si j’aurai l’occasion d’être reçu en audience. Je crois qu’il est tant de créer un Bureau National de Vérification de la Publicité qui se chargera de valider toute sorte de communication visuelle avant sa diffusion. Ainsi nous éviterons beaucoup de dérapages et nous limiterons ainsi les casses.

Pour finir, j’aimerais vous dire que je n’ai rien contre la fonction d’artiste. Bien au contraire je me sens artiste, car manœuvre de la plume, je n’en suis pas si loin. Etre artiste c’est un métier noble et salvateur. C’est un métier qui peut favoriser et financer le développement. Et pour ce, il mérite des encouragements et de l’investissement, quand c’est bien fait. Le jour où vous en rendrez compte Excellence Monsieur le Président de la République, l’ambitieux PAG passera comme une lettre à la poste. Il suffit que les artistes soient vos griots, et un écosystème nouveau se présentera pour ouvrir la porte à un grand changement.

Je souhaite de tout cœur que la présente lettre, adressée à votre haute autorité, soit affectée à tous les présidents des institutions telles que l’Assemblée Nationale, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, la Cour Constitutionnelle, la Cour Suprême, le Conseil Economique et Social, les Ministères en charges de la Culture, de la Communication et de l’Education, afin que des mesures idoines soient prises pour décourager ces auteurs, mais aussi empêcher une quelconque récidive et déviation futures. Ça suffit, il faut que ça change. Je vous le demande conformément à l’article 12 de notre Constitution qui stipule que « L’Etat et les collectivités publiques garantissent l’éducation des enfants et créent les conditions favorables à cette fin. »

Excellence Monsieur le Président de la République, je n’ai pas pour habitude de suivre les hommes, mais plutôt les idées. Et sur ce plan, je crois que vous en avez de bonnes pour ce pays. Mais pour y arriver, chacun doit jouer sa partition. Votre désir est de révéler le Benin. Pour le moment, il vous faut d’abord le relever : le relever de ses imperfections, de ses préjugés, de ses mauvaises habitudes qui tendent à devenir une norme. Il faut relever le Bénin de l’inconscience et de la démission collective, de l’irresponsabilité des uns et des autres, et surtout, de l’impunité qui ouvre la porte aux vices de plus en plus grandissants. Cela commence par la relève de tout ce qui touche le mental de l’homme. Telle est, Excellence Monsieur le Président de la République, la substance de ma lettre que je vous prie de recevoir. Qu’elle trouve grâce à vos yeux, non seulement en tant que Président de la République, chef de l’Etat, chef du Gouvernement, mais aussi en tant que père de famille et grand père à coup sûr.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.

Foumilayo Mohamed do-REGO
Coach Formateur certifié
Auteur de « Devenir un nouvel homme pour bâtir
une nouvelle république » et des
« 10 commandements pour réussir facilement à
son examen. »
Promoteur du projet, Caravane de la Réussite
Tél. +229 66 92 09 09
[email protected]



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