Maintien de la grève de 96h dans les hôpitaux : Les arrêtés d’application du décret pour lever le mouvement

Moïse DOSSOUMOU 21 février 2014

Bien qu’ayant suspendu le mouvement « hôpitaux morts », le collectif des praticiens hospitaliers est toujours sur pied de guerre. Les médecins réunis dans ce creuset exigent la prise de l’arrêté d’application du décret portant statuts particuliers du corps des praticiens hospitaliers avant la reprise normale des activités dans les hôpitaux. C’est dire donc que la grève de 96h par semaine se poursuit jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications.

Déclaration de l’Assemblée générale du Cph
Depuis le 1er Octobre 2013, le Collectif des praticiens hospitaliers (CPH) a déclenché une grève dans tous les hôpitaux publics du Bénin pour exiger du Gouvernement du Bénin l’apurement du protocole d’accord signé avec le CPH en Mai 2008, soit depuis près de 6 ans. Ainsi, le CPH est progressivement passé par :
1- un préavis de grève de 15 jours,
2- une grève d’avertissement de 48 heures avec service minimum
3- une grève de 72 heures sans service minimum, et enfin,
4- une grève de 96 heures sans service minimum depuis le 09 décembre 2013.

Devant l’absence de résolution de cette crise malgré les différentes commissions instituées, le Gouvernement en a rajouté à la crise en opérant des défalcations sur les salaires du mois de janvier 2014 pour fait de grève en violation de l’article 25 de la loi portant exercice du droit de grève en République du Bénin.
Devant cette situation, les militantes et militants du CPH réunis en Assemblée générale le Mardi 28 janvier 2014, avaient décidé de mettre en exécution la menace grave et inédite de la semaine
« Hôpitaux morts, sans médecins » et refus de toute réquisition à compter du Lundi 10 février 2014 à 8 heures au Lundi 17 février 2014 à 8 heures ; ainsi que la suspension de toute procédure d’évacuation sanitaire.
Devant cette tournure qu’avaient prise la crise dans les hôpitaux, plusieurs institutions de la République notamment le Médiateur de la République, l’Assemblée nationale avec à sa tête son Président accompagné des membres du bureau ainsi que la Conférence des Présidents étaient intervenus afin de faciliter la résolution de la crise et surtout demander un sursis par rapport à cette décision grave « hôpitaux sans médecins ». La société civile n’avait pas été du reste.
Face à tout cela, le Gouvernement a ouvert de nouvelles négociation, les Dimanche 02, Vendredi 07 et Dimanche 09 Février 2014 au cours desquelles, il a montré sa disponibilité à apurer le protocole d’accord de 2008. Après une analyse approfondie des propositions du Gouvernement contenues dans le relevé des conclusions des négociations, les militantes et militants du CPH, réunis en Assemblée générale le 10 Février 2014 avalent décidé de suspendre provisoirement la mise à exécution de l’opération « hôpitaux morts » jusqu’au 24 février 2014.
C’est dans cette même dynamique que le CPH a pris part aux différents travaux de finalisation ayant abouti à l’adoption du décret portant statut particulier du corps des praticiens hospitaliers spécialistes par le Conseil des Ministres en sa session des vendredi 14 et samedi 15 février 2014.
Considérant que malgré l’adoption et la signature de ce décret, aucun acte administratif n’est encore disponible ;
Considérant que le Gouvernement a manifesté sa volonté de surseoir à toute autre procédure de défalcation et a souhaité que la question de restitution des sous défalqués soit débattue dans la grande commission de négociation Centrales/Confédération et Gouvernement ;
Considérant le cri de détresse des populations béninoises exprimé de mille et une manière face à l’hécatombe qui résulterait de la mise en exécution de la menace de semaine « Hôpitaux morts, sans médecins » et refus de toute réquisition ainsi que la suspension des évacuations sanitaires ;
Considérant que les mouvements actuels découlent du fait qu’en 2008, les praticiens hospitaliers avaient fait foi au Gouvernement en suspendant leur motion de grève sans avoir la signature des actes administratifs leur octroyant les droits acquis contenus dans le protocole d’accord ;
Considérant l’esprit patriotique dont ont toujours fait preuve les Praticiens hospitaliers ;
L’Assemblée générale du CPH du 20 février 2014 après analyse de la situation décide de :
De suspendre la semaine « Hôpitaux morts, sans médecins » et refus de toute réquisition ainsi que le refus de toute procédure d’évacuation sanitaire.
Donner au Gouvernement un dernier moratoire de 10 jours courant jusqu’au 03 mars 2014 pour signer tous les arrêtés y afférant contenus dans le relevé des conclusions des négociations ;
Poursuivre la grève de 96 heures par semaine sans service minimum avec tacite reconduction, en vigueur depuis le 09 décembre 2013 avec acceptation des réquisitions ;
Mettre en garde le Gouvernement contre toute autre défalcation.
En tout état de cause, le Gouvernement sera tenu seul responsable des déconvenues qui en découleraient.
L’assemblée générale :
- met en garde les autorités gouvernementales contre toute manipulation de l’opinion publique tendant à faire croire à la levée du mot d’ordre de grève,
- invite toutes les militantes et militants à se tenir mobilisés jusqu’à l’apurement complet du protocole d’accord et à ne céder à aucune manœuvre d’intimidation.

Pour l’Assemblée générale du collectif des praticiens hospitaliers

Dr Joseph LANWASSONOU



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