Marché de crevettes de Dantokpa : Concurrence et surenchère autour de l’or rose

La rédaction 3 octobre 2018

Situé sur les rives du chenal de Cotonou, le marché de crevettes de Dantokpa est un espace d’échanges et de vie hors du commun. Les vendeuses redoublent d’ardeur pour gagner un peu plus.

Sous l’ancien Pont reliant les deux pôles de Cotonou, au cœur du marché Dantokpa, l’ambiance est toute particulière autour des crustacés. Devant son étalage et coiffée d’un large chapeau en raphia, Hônon suit de près le mouvement des usagers. Elle déploie toute son énergie pour offrir à la clientèle, considérée ici comme une perle rare, ses produits. « Tata, s’il vous plaît, venez voir mes crevettes, bien séchées et à bon prix ! », lance-t-elle de sa voix forte. Tout comme Hônon, la quarantaine de vendeuses de crevettes ne manque pas de stratégies pour s’attirer la clientèle. Les mêmes scènes se reproduisent presque instantanément à la vue d’un potentiel client. Certaines n’hésitent pas à se lever pour tirer la main des usagers qui semblent intéressés par l’or rose. « C’est notre train-train quotidien. Nous sommes nées dedans. Aucun travail n’est facile, mais le plus important, c’est d’aimer ce que l’on fait », affirme une vendeuse.

Des crustacés très prisés
Avant que les crevettes ne se retrouvent sur le marché, il a fallu que des pêcheurs se rendent en mer à l’aube pour en pêcher pour les livrer aux mareyeuses. « Il faut se rendre tôt sur la rive pour en trouver. Après ça, on cherche le bois afin de faire le feu pour les fumer », explique maman Sèna. À « Dégon Sodji », c’est-à-dire au marché de crevettes, on retrouve trois espèces. Il y a les crevettes blanches communément appelées « Houmous » qui sont pêchées dans la mer, les « Tchatcha » et les « Dégon ». Elles sont surtout utilisées comme des bouillons. « Pour quelqu’un qui n’est pas allergique aux crustacés, les crevettes sont une bonne source de protéines. Elles sont très riches en acides aminés », a expliqué Dr Regina Ogo Olory, médecin généraliste. La consommation régulière des crevettes dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée réduirait le risque de mortalité par maladies cardio-vasculaires.

Des fruits de mer à prix d’or
Les usagers sont donc obligés de débourser gros s’ils veulent s’offrir ces merveilles de la nature. « Les crevettes valent la prunelle des yeux. De 8.000 francs Cfa, difficilement elles ont pu me laisser le panier à 6000f. Alors que je suis une cliente fidèle », se plaint dame Colette. Firmin, l’époux d’une des vendeuses prend la défense et justifie : « Nous sommes en saison pluvieuse. Les crevettes sont rares à cause de la montée des eaux. Elles logent au fond de l’eau et les aventures de pêche sont moins fructueuses. Il faudra attendre Janvier et février pour que voir les coûts baissent ».

Insalubrité notoire
L’espace aménagé sous le pont et qui sert de lieu de vente des crustacés vendeuses n’est pas loin d’être un dépotoir. Suite à l’opération de libération des espaces publics, le marché de crevettes a été délocalisé de Gbogbanou. Pour d’autres raisons, les vendeuses ont été contraintes de déménager de nouveau. Selon les témoignages, c’est ainsi qu’elles ont dû faire une collecte de fonds pour se retrouver sur les rives du chenal de Cotonou. « Ils disent que nous serons bientôt délogés d’ici », laisse entendre maman Sèna, l’air mélancolique. Cependant, l’espace n’est vraiment pas commode pour une telle activité. En cette saison pluvieuse, les vendeuses vivent un véritable calvaire. « Nos magasins s’écroulent sous nos yeux et nous n’arrivions à rien faire », se plaint-elle. Avec la crue, les eaux emportent leurs magasins et autres hangars. A cet, ces vendeurs prient les autorités de faire diligence pour leur aménager un cadre propice à leur activité.
Karen TAYEWO (Stag)



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