Marche de véhicules d’occasion au Bénin : Des parcs menacés de fermeture

La rédaction 10 septembre 2019

La filière « véhicule d’occasion au Bénin depuis quelques jours est plongée dans une crise économique sans précédent. 15 jours après le verrouillage des frontières bénino-nigérianes, la mévente dicte sa loi aux acteurs de ce marché des voitures importés. C’est le constat fait par une équipe de reportage de votre Journal ce mardi 03 septembre 2019.

Déception, lamentations et frustrations : ce sont les sentiments qui animent importateurs, gestionnaires de parcs, transitaires, acheteurs et autres acteurs du marché de véhicules d’occasion. Mardi après midi alors qu’il sonnait 14 heures, heure de Cotonou, notre équipe de reportage descend au parc « MIVVO », l’un des sites les plus animés de Cotonou Est. A peine descendus, Hassan importateur nous accueille avec enthousiasme et se réjouit de notre arrivée en affirmant que cela est pour lui l’occasion de s’adresser aux autorités publiques. « Cela fait 10 jours que je n’ai plus vendu de voiture. Regardez vous-mêmes comment le parc est rempli de véhicules. Nous ne trouvons même plus de clients ne serait-ce que pour demander les prix », lance t-il pour nous dire que le verrouillage de la frontière par les autorités nigérianes a de lourdes conséquences sur leurs secteurs d’activités. Comme ce dernier, Mohamed la trentaine nous montre son journal dans lequel sont inscrits le nombre de voitures vendues et qui renseigne sur son chiffre d’affaires mensuel. Sur le tableau on voit que les lignes et les colonnes sont vierges. Pour diversifier nos sources et s’enquérir des réalités de ce marché, nous nous sommes dirigés vers la direction générale du parc Mivvo où Paul Comlan Fadegnon, Directeur technique du parc nous explique : « De 200 véhicules sortis par jour nous sommes passés à 40 véhicules par semaine et ceci suite à de longues discussions avec nos clients qui sont devenus plus exigeants ». Il s’agit d’un grand changement qui se traduit par une chute drastique des activités de la filière, nous précise t-il avant de conclure que c’est tout le système de la filière qui est affecté.
Selon ces acteurs du marché des véhicules d’occasion, la principale cause d’une telle inflation des activités est connue de tous. « Nous importateurs ne travaillons pas, nos employés ne travaillent pas non plus. On se regarde à longueur de journée, et dans ce cas c’est vraiment difficile. Vous savez vous-mêmes chers journalistes que c’est parce que la situation s’est empirée », avance Hassan, responsable d’un stand. Yves-Marie DIEGO béninois d’une quarantaine quant à lui estime que l’absence des clients nigérians qui représentent la grande masse de la clientèle de ce parc, serait à l’origine de la chute des activités. « Le Nigéria est un grand pays, c’est l’Amérique de l’Afrique. Presque tous nos clients viennent de ce géant pays. Vous avez vu depuis la fermeture de la frontière, c’est la mévente », martèle-t-il avant de dire que l’existence de la filière véhicule d’occasion ne serait pas possible sans le Nigéria.

Les doléances des importateurs et gestionnaires de parcs…
Issa l’un des rares clients rencontrés sur le parc demande aux autorités béninoises de continuer sur la voie de la négociation. « Le Chef de l’Etat Patrice Talon a bien fait de rencontrer le Président Buhari lors de la TICAD7. Nous sommes persuadés que cette diplomatie efficace peut porter ses fruits », se rassure t-il. « Si le Président parvient à obtenir la réouverture, ça va nous arranger et ce serait bénéfique pour toute l’économie du pays », ajoute Issa.
La situation inquiète aussi bien les clients et importateurs que les responsables de parc. Le Directeur technique de MIVVO souhaite que cette forme de protectionnisme ne perdure pas. « Si le contraire arrivait, nous risquons de fermer les parcs », prévient Paul Comlan Fadegnon avant de demander au Président nigérian de voir l’enjeu de cette décision afin de procéder à la réouverture des frontières car dit-il, les conséquences touchent aussi bien les béninois que les opérateurs économiques du géant de l’Est. Hassan, importateur libanais qui totalise déjà 20 ans d’expérience dans la filière demande au gouvernement de multiplier ses actions pour qu’un terrain d’entente soit trouvé au plus vite. « Nous sommes au Bénin ça fait plus de 22 ans. Nous connaissons bien le Bénin et nous constatons que le Président Talon travaille bien mais s’il peut comme à ses habitudes nous aider encore, ce serait bien » a-t-il souhaité.
Entre panique et optimisme, les acteurs de la filière véhicules d’occasion n’attendent qu’une seule nouvelle : la réouverture dans un bref délai des frontières pour la reprise de leurs activités économiques.

Que représente la filière pour l’économie béninoise ?
La filière « véhicule d’occasion contribue au PIB du Bénin à hauteur de 9%. En 2015, la douane béninoise a chiffré le nombre de véhicules qui passent par le port de Cotonou à 400 000 par an. Avec la crise de la monnaie naira, celà passe à 100 000 véhicules par an. Sur le plan du travail, le marché de véhicules d’occasion à généré 15 000 emplois direct et 100 000 emplois indirects selon une enquête de la banque mondiale.
Le Bénin à un moment donné, est devenu la plaque tournante de véhicules d’occasion en direction du Nigéria. La filière a enrichi de nombreux béninois pendant des années. Beaucoup d’opérateurs économiques béninois et nigérians ont fait leurs fortunes dans cette filière.
Clément O. ATCHADE



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