Mouvement d’éducation des jeunes au Bénin : La jeunesse peu volontariste, mais le scoutisme demeure

La rédaction 22 février 2017

Chaque année, le 22 février, des millions de jeunes dans le monde célèbrent la journée mondiale du scoutisme. Au Bénin, le mouvement fondé, il y a 107 ans par Lord Baden Powell, tient encore debout, mais suscite moins d’engouement que par le passé.

Un sifflet Morse perce le silence de la nuit. Enfants et jeunes, organisés en patrouille, dans un élan rythmé, accourent pour se rassembler, quelques minutes plus tard, autour d’un fagot de bois. Ce samedi marque la dernière nuit au camp pour une trentaine de scouts catholiques, adolescents pour la plupart. Mais pour Anselme, 17 ans, le chemin est encore long, puisque la nuit est remplie d’incertitudes. « J’avoue que ça n’a pas été facile de tenir jusque-là loin de la télévision et surtout de mon téléphone portable. Ici, c’est comme une jungle. Il faut vraiment être endurant pour tenir le coup », confie-t-il. Durant ces quatre derniers jours au campement, il a été amené à se surpasser et à se débrouiller, dit-il, en toute situation. Et pour les quelques heures qui le retiennent dans cette broussaille de Houeto à Abomey-calavi, loin des parents, du téléphone portable et de la télévision, la nuit réserve des surprises.
Du fagot jaillit désormais la flamme. La clameur et la portée de l’ambiance autour du feu attirent les populations riveraines, qui cherchent à comprendre un peu plus le scoutisme. Cette soif de savoir n’étonne guère Jacques Dakpo, enseignant au cours secondaire, Commissaire Scout du district Mgr Isidore de Souza. C’est d’ailleurs l’un des objectifs visés : accroître la visibilité et prouver le dynamisme du mouvement auprès des populations. « Beaucoup ont des préjugés sur le mouvement. Mais une fois qu’on leur explique, et qu’ils voient faire les scouts, ils comprennent par eux-mêmes que c’est la meilleure organisation qui s’intéresse le mieux à l’éducation des jeunes », explique-t-il.

Confronté aux tendances sociétales
Toute une nuit durant, ces jeunes imprimeront de nouveaux clichés dans la pensée des visiteurs. Les encadreurs quant à eux, espèrent qu’ils deviendront des modèles dans une société confrontée de plus en plus à une perte des valeurs morales. « Nous les suivons de près. Nous sommes en contact avec les parents et même avec certains de leurs enseignants pour maintenir l’élan qu’on leur inculque dans le mouvement. Ce n’est pas facile dans le contexte d’aujourd’hui, mais nous arrivons à imprimer cette marque », affirme Jacques Dakpo. M. Bokpè est un enseignant à la retraite. Résidant dans les parages du campement, il revit avec émotion la chaleur des animations, la détermination des jeunes à vaincre les obstacles auxquels ils font face, et surtout cette ambiance suscitée autour du feu. « On est scout un jour, et pour toujours. C’est important que nos jeunes reviennent à cette école du volontariat. Je suis enseignant, mais j’avoue qu’il y a beaucoup de choses que j’ai appris à faire au scoutisme et que l’école ne saurait me l’apprendre », souligne-t-il. Avant l’aube, les campeurs qui s’étaient rendus à une Randonnée Exploration Découverte (Red), sont de retour. Anselme et les autres scouts sont convaincus d’une chose : « Je sais que j’ai beaucoup à gagner, notamment à travers les ateliers. On souffre pour quelques jours, mais on gagne pour toute la vie », déclare le jeune scout. Quelques heures plus tard, le sifflet retentit à nouveau. C’est l’heure de la chaîne d’amitié. « Ce n’est qu’un au-revoir mes frères, oui nous nous reverrons, chantent-ils en chœur, secouant leurs mains enlacées.
Fulbert ADJIMEHOSSOU



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