Mouvement de débrayage au Bénin : Cafouillage, suspicion et désillusion

Angelo DOSSOUMOU 20 mars 2014

Paul Essè Iko et ses pairs ne comptent pas démordre

Cafouillage, suspicion et désillusion. Voilà en quelques mots ce qu’il faut retenir de l’ambiance délétère qui règne entre les syndicalistes depuis la levée, mardi dernier, de la motion de grève par le Front. La solidarité syndicale affichée jusqu’ici a, depuis lors, laissé place à une guéguerre qui ne dit pas son nom. Déjà, les centrales et confédérations syndicales voient d’un mauvais œil cette attitude du Front qui, quoiqu’on dise, sonne l’heure du dégel et met presque fin à la crise sociale et surtout au spectre de l’année blanche qui planait depuis des semaines sur le monde scolaire au Bénin. En effet, après la levée de la motion de grève de l’Unamab, des praticiens hospitaliers, celle du Front était attendue. Elle a fini par intervenir mardi dernier au grand dam des confédérations et centrales syndicales qui ne décolèrent toujours pas. D’ailleurs, ces dernières étaient encore hier en réunion de crise pour définir une énième ligne de conduite à tenir après les différentes levées de motion qui, comme on peut le remarquer, donnent l’impression que la coquille de la grève est vide.
Sinon, la grève se réduit, de jour en jour, à la personne des secrétaires généraux des confédérations et centrales syndicales et de quelques ouailles. Car, les travailleurs sont fatigués de continuer de suivre un mouvement déclenché par des syndicalistes qui sont finalement devenus des sourds et aveugles à toutes les concessions faites par le camp d’en face. Ainsi, malgré les efforts du gouvernement, ils continuent dans un jusqu’au-boutisme de plus en plus suspect. Car, il faut reconnaître que si l’Unamab, le Syntrajab, les praticiens hospitaliers et le Front ont levé leur motion de grève, ce n’est pas parce qu’ils ont eu une totale satisfaction. C’est l’intérêt supérieur de la nation qui a prévalu. Et au nom de cet intérêt, il est aujourd’hui malsain de continuer de marteler que sans une clarification du gouvernement autour des concours dits frauduleux et de la rétrocession des défalcations de 2012 au cours de cette année, la grève aura toujours droit de cité.

Une grève qui n’a fait que trop durer
En observant les dernières grèves, il y a de plus en plus des doutes légitimes de ces Béninois qui regardent de loin tout le désordre qui entoure les mouvements de débrayage. Les responsables syndicaux font-ils souvent semblant de défendre la cause des travailleurs en montant les enchères pour la défense d’autres causes qui ne disent pas leur nom ? Pour l’heure, tout ce qui saute à l’œil, c’est le désordre observé non seulement quant aux représentants des travailleurs lors des négociations sectorielles et aussi quant à la poursuite ou non du mouvement. Et, toute la problématique des raisons qui sous-tendent certaines grèves au Bénin est là. La preuve, c’est l’étalage des suspicions des uns envers les autres et les différentes prises de position des syndicalistes. Au finish, c’est le gouvernement et le peuple qui s’expliquent mal le jusqu’au-boutisme des grévistes qui s’en tirent à bon compte et le syndicalisme qui bat sérieusement de l’aile avec cette grève qui n’a fait que trop durer.



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