Mouvement de débrayage dans les établissements publics : Signaux d’une année blanche, plaidoyer des apprenants

Patrice SOKEGBE 14 février 2014

Le spectre d’une année blanche plane sur l’école béninoise

Cela fait exactement 6 semaines que la grève fait l’actualité au Bénin. Les établissements publics de Cotonou et d’ailleurs continuent d’observer la motion de grève lancée par les centrales et confédérations syndicales. Au collège d’enseignement général le Nokoué, c’est l’heure du calcul des moyennes semestrielles et les enseignants Agents permanents de l’Etat n’ont pas encore rendu les copies des 2ème devoirs surveillés du premier semestre au élèves. Ceux-ci, affolés, appellent au secours. Pour Herveline, élève en classe de 2nde, tous les professeurs vacataires ont calculé les moyennes dans leurs matières. Il ne reste que les notes des enseignants titulaires qui ne sont plus présents depuis quelques semaines au cours. Selon un enseignant, il n’est pas question de rendre les copies. « Ces copies sont pour nous une arme de guerre. Si nous remettons ces copies, c’est que nous donnons encore la possibilité au gouvernement de maîtriser la situation. Or, nous ne sommes pas dans ce schéma », dit-il, tout rassuré. Pour l’heure, la situation est sous contrôle dans ce Collège. Les enseignants vacataires vont régulièrement dérouler leurs cours comme convenu. Mais le vide laissé par ceux titulaires, se fait grand. Dans d’autres collèges tels que les Ceg Gbégamey, les Pylônes, l’Entente et Zogbo souffle également ce vent de grève dont nul ne saurait définir la fin.

Conséquences lourdes à l’horizon

En attendant une éventuelle reprise des cours, des élèves trouvent de quoi occuper leur journée

La grève déclenchée depuis quelques semaines a déjà d’énormes conséquences. Au Ceg1 de Lokossa, c’est le libertinage. Aux heures de cours, certains élèves se livrent au jeu de Baby-foot et d’autres sont en promenade. Pour eux, il faut profiter de ces moments de grève. Mais pour les élèves en classe d’examen, l’heure n’est plus à l’amusement. L’année scolaire tire à petit coup à sa fin, la grève est beaucoup plus corsée, l’exécution des programmes est au ralenti. Il y a de quoi s’inquiéter. « On craint de ne pas être au pas avant d’affronter les examens, ou de ne pas comprendre les cours comme cela se doit. », s’inquiète Carole. Le censeur du Ceg1 Lokossa, Edmond Hountondji, estime, au regard de la situation, que les mêmes causes produisent les mêmes effets. « Quand les professeurs ne viennent pas au cours, c’est normal qu’ils ne progressent dans l’exécution du programme. La conséquence, c’est qu’il y aura une formation au rabais. A cet effet, les résultats seront mitigés, aussi bien dans les classes intermédiaires que dans les classes d’examens », dit-il, tout en invitant le Gouvernement et les syndicats à trouver un consensus afin de sortir le système éducatif du gouffre dans lequel il se plonge. Ce même cri de cœur vient également des apprenants. « Avec ce qui se passe, nous entrevoyons une année blanche. Mais nous, élèves, convions les autorités à baisser les armes de la grève pour que l’année soit sauvée », a dit Jospin qui sera rassuré par Carole qui trouve qu’il n’y a pas péril en la demeure. « On sait que les Professeurs ont leurs enfants dans les collèges publics. Donc, ils vont tout faire pour sauver l’année », déclare-t-elle. Leurs sort est donc entre les mains du Gouvernement et des syndicats.



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