Organisation des Travaux dirigés dans les établissements scolaires : Une alternative de plus en plus contraignante

Patrice SOKEGBE 17 février 2017

L’organisation des Travaux dirigés (Td) pose depuis quelques années des soucis aux parents et aux apprenants dans bon nombre d’écoles primaires, collèges et établissements privés de Cotonou. Autrefois organisé à l’approche des examens, ces cours de renforcement coûtent de plus en plus cher.

Entre temps facultatifs, les travaux dirigés sont désormais de plus en plus obligatoires dans les établissements scolaires, même à la maternelle. En plus des frais de scolarité, les parents sont contraints de payer des souscriptions pour l’organisation des Td, notamment en week-end. Une mesure que certains acteurs justifient par l’indisponibilité des parents à renforcer les capacités de leurs enfants. « En raison des occupations professionnelles, nous n’avons pas souvent le temps d’aider les enfants à faire leurs devoirs de maison. Encore que nous ne maîtrisons pas trop le nouveau programme. Alors, on n’a pas d’autres choix que de payer ces Td », avoue dame Huguette, agent comptable dans une société de la place. Du coup, les travaux dirigés constituent pour de nombreux parents un précieux recours. Selon Marcel Adon, Directeur fondateur d’un complexe scolaire, les travaux dirigés « facilitent la tâche aux parents qui n’ont pas les moyens de prendre des répétiteurs de maison à leurs enfants ». « Ces séances permettent ainsi aux élèves de bien s’approprier les notions enseignées en classe », a-t-il confié. Pour certains enseignants rencontrés, l’importance accordée aux travaux dirigés est liée au fait que les encadreurs n’ont pas souvent le temps de faire comprendre les cours à tous les apprenants. « J’ai constaté que les Td me permettent de mieux travailler en classe. Mes parents me trouvent toujours l’argent pour venir faire les td, car cela m’aide beaucoup », confie Israël Goudali, élèves en classe de Cm2.

Une vache à lait pour des enseignants
Néanmoins, beaucoup de parents d’élèves sont réticents à payer, les frais des travaux dirigés. « L’enseignement ne s’avère plus une vocation, mais plutôt un gagne-pain dans la mesure où beaucoup de jeunes ne suivent pas forcément des formations pour devenir professeur de français, mais le deviennent. Du coup, les enseignants donnent ce qu’ils peuvent en classe et se servent des Td pour arrondir la fin du mois », déplore Dieudonné Gaga, un parent d’élève. « En notre temps, on n’avait pas besoin de Td. Mais aujourd’hui, quand tu n’y vas pas, tu n’as pas de bonnes notes. Et, les épreuves sont traitées aux Td, même les devoirs de maison », a-t-il ajouté. Les travaux dirigés sont devenus un nouveau business pour les directeurs et promoteurs d’établissements. Les Td se font désormais tous les soirs dans plusieurs établissements et même les week-ends. De plus, de 100f Cfa, on est passé aujourd’hui à 500f Cfa et plus, en fonction des matières à enseigner. Conséquence, les apprenants ne disposent même plus de temps pour l’assimilation des cours ni pour la reprise des exercices. « Les Td doivent être repris, nous constatons que les enfants ne reprennent pas à la maison les exercices. C’est pour cela que l’accompagnement des parents est nécessaire », souilgne Xavier François Dossou, censeur de collège. Ainsi, Malgré les multiples séances de Td dans certains établissements, le niveau des apprenants n’est guère reluisant.
Audrey GBAGUIDI & Euloge GOHOUNGO (Stags)



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