Paiement de suppléments de fret au Port de Cotonou : Comment des compagnies maritimes défient l’Etat

Angelo DOSSOUMOU 8 septembre 2016

Triste bras de fer pour l’économie béninoise ! Des commissionnaires agréés en douane, consignataires et agents maritimes ont, depuis le 15 août 2016, maille à partir avec Maersk-Bénin et CMA CGM Bénin. Ces deux armements (armateurs) desservant le Port autonome de Cotonou (Pac) ont, de façon unilatérale, décidé, en dehors des frais de fret régulièrement payés, de la perception du Terminal Handling charges (Thc). Un supplément de fret ou en plus clair, des surcoûts à l’embarquement et au débarquement à hauteur de 100 Euros pour les conteneurs de 20 pieds et 145 Euros pour les conteneurs de 40 pieds décriés par les acteurs portuaires.
D’ailleurs, interpellée par les transitaires et consciente qu’il ne peut en être ainsi, la Directrice du Port Amélie Huguette Amoussou Kpéto a dans sa correspondance en date du 12 août 2016 adressée au Directeur général de Maersk-Bénin et de CMA-CGM Bénin, demandé aux deux compagnies maritimes de surseoir à leur intention d’appliquer un supplément de fret au Pac et d’engager des négociations avec les commissionnaires agréés en douane en vue de trouver une solution consensuelle qui devrait être homologuée par l’autorité portuaire. Mieux, le ministre des infrastructures et des transports, Hervé Hèhomey s’est saisi du dossier et en attendant les conclusions du comité technique mis sur pied le 25 août 2016, a exigé la suspension de la perception du supplément de fret dénommé Terminal Handling charges (Thc) par les lignes desservant le Pac.

Halte au diktat du surcoût !
Malgré toutes ces injonctions, les deux compagnies ont attendu que les bateaux soient au large pour, une fois de plus, surprendre leurs clients par le maintien du surcoût contesté. Il va sans dire, qu’avec cet entêtement, c’est l’autorité de l’Etat qui est bafouée. Aussi, dans un contexte sous régional de concurrence et de morosité économique, le Bénin ne peut aucunement se permettre d’accepter et de tolérer le diktat d’un surcoût à polémique.
D’ailleurs, à Lomé comme à Accra, des ports rivaux en matière de desserte des pays de l’hinterland, les ministres des transports se sont opposés à cette décision dictatoriale des deux compagnies maritimes. Au Bénin, Maersk Line et CMA-CGM sont-elles au-dessus de l’autorité de l’Etat ? Sinon, pourquoi ne se conforment-elles pas à la décision du ministre Hèhomey ? L’Etat doit avoir le dernier mot. Et dans ses prérogatives de préserver les intérêts généraux et d’éviter la fuite des investisseurs, la fermeté ne serait pas un défaut. A Maersk Line et CMA CGM de mettre de l’eau dans leur vin.



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