Payement de la double inscription dans les Universités publiques : De la polémique au consensus

Arnaud DOUMANHOUN 19 novembre 2013

Responsables de mouvements étudiants, recteurs des universités publiques du Bénin, autorités du ministère de l’enseignement supérieur et autres responsables syndicaux ou administratifs sont parvenus hier à l’Université d’Abomey-Calavi, à un consensus quant à la guéguerre autour de l’arrêté rectoral portant payement de la double inscription. « Une ou double, les inscriptions sont gratuites dans toutes les universités publiques du Bénin pour le compte de l’année universitaire 2013-2014. C’est à cette conclusion que sont parvenues hier les organisations estudiantines lors des pourparlers avec les responsables en charge de l’enseignement supérieur. Tous les recteurs, ceux de l’Université de Parakou, de l’Université agricole de Kétou, ainsi que toutes les organisations estudiantines, hormis l’Unseb, ont pris part à cette rencontre », nous a confié le président de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb), Rodrigue Agbo. Comme le dirait l’autre, les lois sont faites pour les hommes et non le contraire. Ainsi, l’on pourrait assister dans les tout prochains jours à la réouverture des inscriptions entre-temps suspendues par le Ministre Abiola. Cependant, l’on perçoit déjà les signes d’une nouvelle polémique à l’horizon.

Le fameux décret
Le décret N° 2008-802 du 31 décembre 2008 portant prise en charge par l’Etat des frais d’inscription des étudiants Béninois, récemment brandi par les autorités rectorales et ministérielles, est déjà sujet à polémique. C’est d’abord l’Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb) qui a émis les premières réserves : « Comme un pavé dans la mare… le Ministre Abiola sort un décret gouvernemental portant la signature de son prédécesseur, Bocco Vicentia, qu’il a transmis au recteur Sinsin. Ledit décret signé le 31 décembre 2008 porte la signature de Bocco Vicentia. Alors que tous les Béninois savent que le 31 décembre 2008, Bocco Vicentia n’était plus ministre de l’enseignement supérieur, qu’elle avait déjà passé le témoin à François Abiola qui l’a remplacée depuis le 22 octobre 2008 ». Tel est le message diffusé par l’Unseb. Pour cette organisation estudiantine, il n’est pas aisé de ‘’comprendre qu’un décret soit pris en 2008 et que ce soit plus de 4 années après que le ministre Abiola sort un arrêté d’application signé de lui en 2013’’. Le président de la Fneb, n’a non plus caché son scepticisme quant à la crédibilité de ce décret qui porte beaucoup de restrictions à la gratuité de l’enseignement supérieur. « Au cours de notre rencontre hier, nous avons interpellé le ministre Abiola sur la réapparition ou la renaissance de ce décret prétendu ne pas exister jusqu’à la semaine dernière. Et il nous a expliqué brièvement les raisons administratives. Mais pour nous, il faut défendre l’un et poursuivre l’autre. On ne change pas les règles du jeu au cours du jeu. Donc, il faut d’abord régler la question de la gratuité de la double inscription », a déclaré Rodrigue Agbo. Ceci laisse bien entrevoir que les organisations estudiantines et les autorités universitaires pourraient avoir les jours à venir, à défendre, pour chaque camp sa position sur les restrictions du fameux décret.

Des restrictions surprises… l’os de la gratuité
A bien lire le décret N° 2008-802 du 31 décembre 2008 portant prise en charge par l’Etat des frais d’inscription des étudiants béninois, on peut dire que nombre de surprises attendent les étudiants, qui visiblement méconnaissent à tort ou à raison ledit décret. En effet, ce décret a le mérite non seulement d’apporter une réponse à la question du payement de la double inscription, mais aussi entérine sur des problèmes futurs. Selon cet ancien nouveau texte, la prise en charge des frais d’inscription dans les Facultés, instituts ou écoles des universités nationales du Bénin est d’une part, suspendue pour tout étudiant redoublant son année d’études pour insuffisance de travail (article 6) et d’autre part supprimée à tout étudiant exclu d’un établissement, ayant subi deux échecs dans un même cycle, en situation d’abandon (article 8). En somme, la gratuité n’admet pas l’échec. Une désillusion pour la communauté universitaire. Doit-elle aujourd’hui poser le problème en termes de décret faux ou vrai, ou plutôt prendre connaissance du fameux texte encore inconnu, pour un dialogue de raison ? Tout le débat est là.



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