Plan stratégique d’actions contre les hépatites virales : Discours du Dr Nicolas Kodjoh à l’occasion du lancement de l’atelier

La rédaction 14 septembre 2017

Spécialiste des Maladies Digestives et du Foie
Professeur Titulaire des Universités Nationales du Bénin
Point Focal Hépatites. Ministère de la Santé
Point Focal Bénin de l’Initiative Panafricaine de Lutte contre les Hépatites (Iplh)
Président de l’Alliance Béninoise des Organisations de la Société Civile contre les Hépatites Virales (Aboschvi)
Président de la Société Béninoise d’Hépato-gastroentérologie (Sbhge)

Je souhaite la bienvenue à vous tous, qui avez bien voulu sacrifier de votre temps, pour honorer de votre présence, la cérémonie d’ouverture de l’atelier de validation du Plan Stratégique d’Actions 2017-2022 de l’Alliance béninoise des organisations de la société civile contre les hépatites virales (Aboschvi). La question qui vient probablement à l’esprit de certains d’entre vous est la suivante : l’Aboschvi pourquoi faire ?
La naissance de l’Aboschvi résulte des constats suivants :
• Primo : la prévalence élevée des hépatites dans notre pays, selon les données disponibles à l’échelon nationale : 9,9% pour l’hépatite B, 4,12 % pour l’hépatite C. Environ 1 400 000 de nos compatriotes souffrent donc de ces maladies qui discutent actuellement avec la tuberculose, la première cause de décès par maladies infectieuses dans le monde, derrière le Vih-Sida, la tuberculose et le paludisme, selon les données de mortalité mondiale 2015 de l’Oms.
Secundo : le défaut de priorisation de l’hépatite dans les programmes nationaux de santé ;
Par ailleurs les études de situation conduites sur les hépatites ont mis en évidence, entre autres,
• l’Ignorance des patients sur leur maladie, sur les mesures de prévention et les possibilités de suivi médical et de traitement ;
• de fausses croyances sur ces maladies, dont certaines sont sources de discrimination et de stigmatisation dans les ménages et dans les communautés ;
• l’Insuffisance de formation des professionnels de la santé en matière d’hépatite ;
• et enfin des errances des malades en quête de soins qui se terminent généralement dans des impasses thérapeutiques.
Dans le même temps, les activités de lutte contre les hépatites sont essentiellement le fait d’Ong qui interviennent isolément dans les communautés, avec une portée très limitée de leurs actions sur le plan national. C’est pourquoi il était important d’œuvrer pour qu’elles trouvent plus de visibilité et une unité d’action et en se regroupant en Alliance.
L’alliance Béninoise des Organisations de la société civile (Aboschvi) compte en son sein, dans sa diversité, outre des Organisations de la Société Civile (Osc), des Universitaires, des Spécialistes des maladies digestives et du foie, et enfin des malades. Elle est administrée par un Conseil d’administration et dotée d’une coordination nationale. Elle se veut être une force et un creuset des Organisations de la Société Civile pour conduire la croisade contre l’expansion de l’hépatite virale au Bénin. Dans ce cadre, elle s’est assigné les missions suivantes :
• Engager la croisade contre les hépatites virales au Bénin par des actions de prévention, de soins, de plaidoyer, de lobbying, de contrôle citoyen, de suivi de la mobilisation sociale et communautaire et de renforcement des capacités des personnels de la santé pour la prise en charge des malades d’hépatites ;
• Accompagner l’Etat et les Osc dans la définition des politiques et des actions de lutte contre les hépatites, la mise en œuvre des initiatives en la matière, le suivi et l’évaluation des programmes et politiques de lutte contre les hépatites.
La renommée de l’Aboschvi a dépassé les frontière nationales puisqu’elle a été élue membre de World Hepatitis Alliance (Alliance Mondiale contre l’Hépatite).
Monsieur le Ministre de la santé,
L’absence de politique nationale spécifique et de coordination des acteurs dans quelque domaine que ce soit, favorise les logiques ‘’projets” avec un impact global faible, des risques élevés de divergence en termes de stratégie de la part des différents acteurs et, in fine, un coût élevé. Il est donc important qu’une réflexion approfondie puisse se mener entre tous les acteurs de lutte contre les hépatites afin de synthétiser les attentes de chacun et que celles-ci puissent se cristalliser au sein d’une politique nationale ambitieuse dans chaque pays. A partir d’une politique nationale, les acteurs privés (professionnels de santé, associations de patients, organisations de la Société Civile, etc....) auront une plus grande capacité de déploiement et d’efficacité opérationnelle en étant complémentaires de l’action publique.
C’est cette vérité-là qui a conduit les Ong engagées dans la lutte contre les hépatites à se regrouper en Alliance. C’est cette vérité-là qui a aussi le Gouvernement de la rupture à prendre à bras le corps la question des hépatites à laquelle les gouvernements passés étaient demeurés désespérément sourds au grand dam des malades et de leurs familles.
Monsieur le Ministre, vous vous êtes montré sensible à la déclaration de plaidoyer qui a été faite à votre prédécesseur pour la mise en place d’un Plan Stratégique National de lutte contre les hépatites virales. Vous vous êtes approprié la réponse favorable des Députés à la marche historique de l’Aboschvi sur l’Assemblée nationale le 29 juillet 2015 suivie de la déclaration de plaidoyer à leur endroit pour la prise d’une loi pour donner un cadre juridique à la riposte nationale contre les hépatites virales. Enfin vous vous êtes engagé pour que ces deux outils indispensables à la riposte nationale contre les hépatites soient des réalités. Le résultat est qu’à ce jour, la proposition de loi portant prévention, contrôle et prise en charge des hépatites virales est en cours d’étude à l’Assemblée Nationale, et que le Plan Stratégique National de lutte contre les hépatites virales déjà élaboré sera soumis à l’étude pour être validé avant la fin de ce mois. Ces résultats sont la preuve de la complémentarité et de la synergie d’action qui doit exister entre le Ministère de la santé et la société civile pour une lutte efficace contre les hépatites.
Chers collègues de la Société civiles engagés dans la lutte contre les hépatites virales, la nation a besoin de nous, la patrie nous appelle. La situation des hépatites virale doit continuer à être notre préoccupation. Pour ce faire, l’Aboschvi a décidé de donner un contenu à notre engagement. Désormais, la société civile, à travers le Plan Stratégique d’action, à une politique pour freiner la propagation inquiétante des hépatites virales au Bénin aux côtés du Ministère de la Santé.
L’atelier de ce jour marque la fin d’un processus ayant abouti à ce document, mais il lance le début d’un autre plus important, celui de la mobilisation des ressources pour assurer le financement de nos activités.
Je reste convaincu que votre présence et votre engagement nous aideront à relever ce défi et que nous allons nous quitter à la fin des travaux en atelier avec un document qui reflète réellement notre engagement et notre élan pour accompagner le Ministère de la Santé vers l’éradication des hépatites virales dans notre pays à l’horizon 2030.
Je vous remercie.



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