Polémique autour des élections des responsables de l'école doctorale de la Fadesp : La réplique de Topanou à la réponse du Recteur Sinsin

La rédaction 22 mai 2013

A propos de votre réponse à mes deux lettres ouvertes parue dans la presse ce mardi 21 mai 2013 : entre indignation et dégoût.

Par Prudent Victor TOPANOU, Maître de conférences de sciences politiques à l’UAC

Le Professeur Topanou ne décolère toujours pas de la décision du Recteur Sinsin de reprendre les élections

Monsieur le Recteur, vous m’avez fait l’honneur de répondre à mes deux lettres ouvertes que je vous ai adressées à la suite des élections qui ont été organisées successivement le 6 mars et le 3 mai 2013 à l’école doctorale que je croyais naïvement être celle de la FADESP mais qui en réalité est, selon vos termes, celle " de tous les juristes de toutes les entités de l’Université d’Abomey-Calavi ". Je vous en remercie. Au passage, vous n’y étiez pas obligé. Vous avez regretté à la fin de votre réponse le fait que j’ai exprimé mon opinion dans la presse et qu’à ma place, vous n’auriez pas fait autant, ce qui ne vous a empêché de me répondre aussi par voie de presse. J’en prends acte.

Monsieur le Recteur, à la lecture de votre réponse, j’ai été animé par un double sentiment d’indignation et de dégoût. Je suis indigné, non pas parce que vous avez annulé mon élection, loin s’en faut, mais à cause de la facilité avec laquelle vous prenez vos distances avec les textes et je suis dégoûté à cause de ce qu’il convient d’appeler " les arrangements " que vous faites avec la vérité. De la part d’un responsable universitaire, on est en droit de s’attendre à beaucoup mieux.

En ce qui concerne les distances que vous prenez avec les textes, elles sont au nombre de trois : d’abord, j’ai bien noté que selon vous, " une école doctorale comprend des enseignants qui peuvent être dispersés sur plusieurs établissements et se retrouvant dans ce creuset en vue de concevoir et d’animer les offres de formation mais aussi de s’entendre sur les axes de recherches des doctorants ". Mais monsieur le Recteur, permettez-moi de vous dire que vous ne pouvez pas, à votre guise, définir les notions dans le sens qui vous convient. Car il existe bel et bien un texte portant création, attributions, organisation et fonctionnement des écoles et formations doctorales dans les universités nationales du Bénin : c’est l’Arrêté ministériel 2012-N°714/MESRS/CAB/DC/SGM/DRFM/DGES/R-UAC/R-UP/SA du 31 décembre 2012. L’article 2 de cet Arrêté définit l’école doctorale comme étant " composée d’une ou de plusieurs formations doctorales et de formations de Master recherche ". Avouez qu’on est bien loin de votre définition personnelle. L’article 3 du même Arrêté rappelle, d’une part, que " la création d’une école doctorale est demandée par une institution universitaire au profit d’une ou de plusieurs offres de formations doctorales dans un domaine donné " et, d’autre part, que " par convention, des enseignants-chercheurs, des équipes de recherche du Bénin ou d’ailleurs sont partenaires de la création et du fonctionnement des formations doctorales ". Pourquoi voulez-vous dans ces conditions, ouvrir une école doctorale aux enseignants de l’ENAM qui est une école professionnelle et qui ne propose, ni ne peut proposer des formations doctorales ? De deux choses l’une, ou vous êtes dans les liens hiérarchiques et vous vous en tenez à la définition et aux dispositions retenues par le Ministre de tutelle, ou vous estimez que vous avez une définition plus appropriée et vous travaillez à la faire accepter par le Ministre qui l’intègre dans son texte. Mais en aucun cas, vous ne pouvez écrire dans la presse, une définition différente de celle contenue dans un Arrêté ministériel. A l’évidence ce que vous appelez " la mal compréhension " est plutôt de votre côté. Ceci dit, j’ai bien compris que vous vouliez absolument voir Monsieur GBAGUIDI Noël diriger cette école doctorale et vous vous en êtes donné les moyens, y compris au mépris des textes.

Ensuite, Monsieur le Recteur, je continue de penser que vous n’êtes pas habilité à annuler, ainsi que vous l’avez fait, des élections organisées en vue d’une nomination par le Ministre, et surtout pas à la faveur d’un argument non prévu par les textes. En effet, ce que vous appelez " le vrai problème " et qui est le fait qu’on " ne saurait élire quelqu’un qui est officiellement en détachement à l’extérieur… et qui continue d’assumer des enseignements ici " n’est prévu par aucun texte. Vous ne pouvez donc l’inventer tout seul en cours de jeu, fut-ce ensemble avec les collègues de la FADESP, en particulier " notre Professeur aîné, le Professeur Théodore HOLO ". Un simple régime d’incompatibilité dans les textes vous aurait permis de régler ce problème et au lieu de cela, vous décidez de façon arbitraire, soutenu en cela par les juristes de l’Université d’Abomey-Calavi. Car voyez-vous, cette fameuse réunion du 3 avril à laquelle je n’ai pas pu prendre part, ressemble en touts points de vue, à une réunion entre amis pour entériner une forfaiture mais en aucun pour décider en droit, sur la base des textes en vigueur. Et c’est regrettable que les collègues aient pu donner leur caution à une telle décision ; je ne le regretterai jamais assez.

Enfin, Monsieur le Recteur, vous avez écrit : " dans nos statuts, pour être Directeur d’une l’école doctorale, il faut être Professeur Titulaire et lorsqu’on en a plus de disponible, nous élisons toujours les collègues par dérogation. Ainsi, exceptionnellement, nous avons délivré cette dérogation à l’école doctorale de la Faculté de Droit et des Sciences Politiques d’élire le Directeur par dérogation " ; vous l’avez également affirmé à la télévision. Cette phrase est pour le moins surprenante car non seulement il ne s’agit pas de " nos statuts " mais bien de l’article 8 de l’arrêté ministériel sur lequel vous n’avez pas autorité à déroger mais aussi et surtout, personne n’a vu cette dérogation, en tout cas pas moi, et pour cause. Si tel avait été le cas, il y aurait eu plus de candidats au poste de directeur de cette école doctorale. Etes-vous sûr Monsieur le Recteur, de pouvoir produire l’acte par lequel vous avez octroyé cette dérogation dont vous parlez aussi bien dans la presse écrite qu’à la télévision ? A moins que ce soit encore à votre réunion du 3 avril que vous avez décidé de tordre le cou, une fois de plus à un Arrêté ministériel. De plus, il vous suffit de relire le troisième paragraphe du procès verbal de l’élection du 3 mai qui vous a été transmis pour découvrir que le candidat GBAGUIDI Noël n’a joint aucune dérogation à son dossier contrairement au candidat AÏVO Joël pour le poste de Directeur adjoint. Je maintiens donc Monsieur le Recteur, mon étonnement et mon incompréhension à voir que Monsieur GBAGUIDI Noël sait qu’il n’est pas Professeur Titulaire et que les textes en disposent ainsi mais qu’il dépose sa candidature : si ce n’est pas une usurpation de grade, ça y ressemble ; que la commission électorale présidée par le Doyen et le Vice-Doyen de la FADESP et supervisée par le Rectorat sait que Monsieur GBAGUIDI n’est pas Professeur Titulaire, le grade qu’exigent les textes mais pourtant valide sa candidature et qu’enfin, le collège des professeurs de rang magistral à la tête duquel il y a " notre Professeur aîné, le Professeur HOLO ", membre de la Cour constitutionnelle et Président de la Haute Cour de Justice, sait que Monsieur GBAGUIDI Noël n’est pas Professeur Titulaire, le grade exigé par les textes mais comme un seul homme a voté pour lui : si ce n’est pas de la conspiration, ça y ressemble. Ceci dit, je me réjouis que vous ayez vous-même fini par reconnaître dans cette phrase qu’il s’agit bel et bien de " l’école doctorale de la Faculté de Droit et de Sciences Politiques ".

En ce qui concerne les arrangements que vous faites avec la vérité, ils sont de trois ordres. D’abord, me concernant, vous avez écrit : " le collègue TOPANOU aurait pu venir chercher l’information auprès du Recteur, des Vice-Recteurs, du Secrétaire Général ou de l’Agent comptable, ceux-là quand même qui sont à la tête de l’institution. Nous sommes tous informés les uns que les autres et il aurait pu venir chercher l’information pour comprendre pourquoi il a été décidé ainsi ". J’ai le plaisir de vous informer, Monsieur le Recteur, si votre Vice-Recteur ne l’a pas fait, que j’ai bel et bien rencontré le Vice-Recteur da CRUZ à cet effet, dans son bureau, le lundi 22 avril de 11h30 12h30. Au terme de nos échanges, il m’a suggéré une rencontre à trois avec vous au cours de la semaine du 29 avril au 3 mai, parce que m’avait-il confié, vous étiez pris durant cette semaine du 22 avril par la réunion du CAMES qui se tenait à Cotonou. Ce que j’avais accepté. Et contre toute attente, dès le lendemain, la mardi 23 avril, entre deux réunions du CAMES, vous avez signé la lettre référencée 655-2013/UAC/SG/SRH et adressée à Monsieur le Doyen de la FADES par laquelle vous annuliez les élections. Ce faisant, vous avez posé l’acte irréversible et la rencontre n’avait plus sa raison d’être. C’est pour cela, Monsieur le Recteur, que je me suis résolu à vous écrire par voie de presse. Je m’étonne que vous n’ayez pas été informé de cette rencontre. Vous avez également oublié de dire qu’à la fameuse réunion du 3 avril à laquelle vous faites référence pour regretter que je n’y ai pas pris part, vous aviez également retenu de valider mon élection puisque manifestement c’est l’élection du Professeur SOSSA, dites-vous qui était " le vrai problème ". Malgré cette réunion que vous supposiez consensuelle, vous avez annulé les deux élections, celles du Directeur et du Directeur adjoint : c’est aussi ça, un arrangement avec la vérité que vous faites. J’apprécie, au passage le mépris avec lequel vous traitez les élections du 6 mars en parlant de " juste un petit groupe ". Relisez donc le compte rendu qui vous avait été remis à cet effet et vous découvrirez qu’il n’y avait pas trois (3) électeurs comme vous l’écrivez maladroitement mais quatre (4). Nous sommes huit enseignants de rang magistral à la FADESP, ce qui équivaut à 50% du corps électoral. Nous ne passons à dix que par votre volonté acharnée à inclure à la FADESP les enseignants de l’ENAM. Ceci dit, j’ai bien compris que l’esprit de mépris qui vous habite est bien plus fort que vote lucidité. Vous ne méritez en retour que le même mépris.

Ensuite, en ce qui concerne les collègues de l’ENAM, vous avez écrit : " … j’ai été par ailleurs informé que les collègues de l’ENAM n’avait pas été du tout consultés et n’avaient pas été conviés à ces élections " et que " les collègues de l’ENAM n’avaient même pas été informés de la tenue de ces élections ". Qui parmi eux a pu vous dire tout cela ? Messieurs GBAGUIDI Noël et MEDE Nicaise, puisque ce sont les deux seuls collègues de l’ENAM qui soit de rang magistral, étaient bel et bien informés ; le premier ne voulait pas entendre parler de cette élection et le second s’est déclaré, devant moi et dans le bureau du Doyen de la FADESP, non intéressé par cette élection.

Enfin, en ce qui concerne le Professeur SOSSA, vous avez écrit : " le Professeur SOSSA a même rapidement envoyé sa lettre de démission ". Vous savez bien que ce n’est pas exact. Il vous a en effet, écrit et il m’a tenu copie de la lettre. Il y disait " qu’en l’état actuel de la procédure, il ne pouvait démissionner puisqu’il n’avait pas encore été nommé… ". Monsieur le Recteur, ce n’est pas cela une lettre de démission.

Vous avez pensé Monsieur le Recteur, que mes lettres ouvertes et votre réponse ou vos réponses éventuelles " ennuient à la limite le public ". Vous avez tort de penser ainsi. L’Université est un concentré de la société béninoise et ce qui s’y passe intéresse au premier chef le public qui a besoin de savoir, à bon droit, s’il peut se projeter dans le modèle que nous lui proposons. Et c’est cela tout l’enjeu de ma démarche ; ma propre élection aux fonctions de Directeur adjoint d’une école doctorale est dérisoire. Ma conviction Monsieur le Recteur, est que vous ne pouvez pas prendre, avec autant de banalité, vos distances avec les textes qui nous régissent et vous en expliquer avec autant de légèreté dans la presse : c’est une question de crédibilité personnelle, de crédibilité de l’institution universitaire et de crédibilité de l’ensemble du personnel enseignant.

Respectueusement.



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