Vacance de postes à la préfecture des Collines et du Littoral : Vacance de poste de longue durée

Moïse DOSSOUMOU 25 septembre 2019

A tous les coups, sa succession est une épreuve pour le gouvernement. 30 mois déjà qu’il a effectué le grand saut. Les courtisans politiques qui n’attendaient que ses obsèques pour espérer prendre sa place ont perdu leurs illusions. Donatien Djaikpon Nonhouégnon, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a laissé son poste vacant depuis son décès. Précédemment préfet des Collines, il n’a pas eu la grâce de séjourner longtemps à la tête de ce département. Quelques mois seulement après sa nomination, il a passé l’arme à gauche. Depuis, Patrice Talon peine à lui trouver un remplaçant.
Firmin Kouton, préfet du Zou, assume l’intérim des Collines. De mars 2017 à ce jour, il se tape le boulot de deux départements. Domicilié dans le Zou, il fait la navette entre Abomey et Dassa plusieurs fois par semaine pour gérer au mieux les deux administrations mais également les communes placées sous sa juridiction en termes d’assistance-conseil et de contrôle de légalité. Nul ne sait quand il plaira à Patrice Talon de nommer un titulaire à ce poste, objet de convoitises.
Dans la partie méridionale, une situation similaire quoique récente, prévaut également. Epinglé dans une affaire de vente de domaine public, Modeste Toboula, ex préfet du Littoral s’est retrouvé dans les mailles de la justice. C’était en février 2019. A défaut d’un remplaçant en bonne et due forme, Jean-Claude Codjia, préfet de l’Atlantique assure l’intérim conformément aux vœux du Conseil des ministres. Tout comme son collègue du Zou, il s’organise pour répondre aux sollicitations entre Allada et Cotonou.
Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette lourdeur quant à la nomination de préfets dans les deux départements où le poste est vacant ? Pourtant, au début de son quinquennat, Patrice Talon a réglé sans sourciller l’épineuse question de la désignation des chefs-lieux de départements. Rangé dans les tiroirs depuis des lustres, ce projet a été concrétisé en un laps de temps. Les mouvements de protestations observées ça et là, notamment dans les Collines quant au choix de Dassa comme centre administratif du département, n’ont eu aucun effet sur le chef de l’Etat. Du moment où la décision a été entérinée, plus question de faire marche arrière. Dans la foulée, les 12 préfets ont été nommés contrairement au passé où il n’y avait que 6 qui géraient chacun deux départements à la fois. Cette avancée notable devait booster les affaires locales et renforcer la déconcentration.
Les cadres au profil recommandé qui manquent-ils à l’appel ? Assurément non. Ils sont nombreux les administrateurs civils et les autres fonctionnaires de la catégorie A qui prêtent leurs services à la fonction publique ou dans le privé. Patrice Talon a-t-il une préférence pour l’intérim ? A priori, oui. Ce schéma ressemble peu ou proue à la situation d’avant avril 2016, seulement qu’ici tous les chefs lieux de départements sont désignés. Les charges d’un préfet sont-elles si légères à telle enseigne qu’un préfet peut s’occuper avec efficacité de deux départements ? C’est en voulant corriger ce déficit que l’option de nommer 12 préfets au lieu de se contenter de 6 a été faite.
C’est sans doute pour donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de la Politique nationale de décentralisation et de déconcentration (Ponadec) que le régime a revalorisé la fonction préfectorale. Le salaire confortable et les autres avantages dont bénéficient les préfets sous la rupture décuplent les envies. Si les conditions matérielles sont réunies dans les représentations départementales de l’Etat, on a du mal à comprendre la lourdeur du gouvernement quant à la nomination de nouveaux préfets à Dassa et Cotonou. Désigner de manière courageuse et ferme les chefs-lieux de départements et ne pas pouvoir nommer des préfets dans les administrations où ce poste est vacant donne la fâcheuse impression que le gouvernement veut d’une chose et son contraire.



Dans la même rubrique