Préparation psychologique à la veille des examens : Frapper à toutes les portes afin de maximiser ses chances

Patrice SOKEGBE 9 juin 2017

Bientôt le démarrage des traditionnels examens scolaires qui retiennent souvent les attentions. Il s’agit du Brevet d’étude du premier cycle (Bepc), du Baccalauréat et du Certificat d’études primaires (Cep). Et pour maximiser ses chances de réussite, chacun, à son niveau, doit s’armer intellectuellement et même spirituellement avant d’affronter les épreuves.

Des produits magiques, des stylos dits préparés, des exercices de purification, des séances intenses de prière….Ce sont entre autres options que choisissent certains candidats pour s’offrir une chance de réussir aux différents examens. Josiane, 17 ans, candidate au baccalauréat, rencontrée au détour d’une prière organisée dans son église à l’intention des candidats aux examens, croit que la prière est , dans ces circonstances, une arme capitale. « Je suis allée adorer Dieu comme toujours, mais la particularité est que cette fois ci, nous avons consacré un bon moment pour l’appeler à veiller sur nous en cette veille d’examen. », affirme-t-elle. Dans cette bataille spirituelle, les parents sont souvent à l’avant-plan pour appuyer leur progéniture.
Maman de Josiane indique que : « Nous prions le Seigneur afin qu’il assiste nos enfants-candidats et leur éclaire le chemin durant les compositions. Nous l’implorons afin que tout esprit d’oublie, de distraction, de peur disparaisse pendant qu’elle sera devant son épreuve », déclare Maman Josiane. Certaines écoles vont jusqu’à organiser des séances de prière au profit de leurs candidats, des messes d’actions de grâce. Les candidats, toute confessions religieuses confondues, sont tenus d’y prendre part. A en croire Anselme Houénou, Directeur du Complexe scolaire Lica, il ne reste que la prière pour les candidats, étant donné que leur niveau est de plus en plus critique. Et au regard des résultats de l’année scolaire 2015-2016, dit-il, il y a matière à s’inquiéter. Ainsi, il exhorte même le personnel enseignant à beaucoup prier pour les candidats. « En tant que parent, je ne peux que souhaiter une bonne chance aux candidats. Je dois prier pour qu’ils réussissent aux différents examens. Il arrive que les premiers échouent à l’examen. Et on se demande parfois si c’est du fait d’un mauvais sort, ou d’esprits maléfiques. « Autant cela affecte ces candidats et leurs parents, autant cela affecte les responsables de l’établissement. Raison pour laquelle, nous organisons des messes d’actions de grâce à l’endroit de nos candidats », indique Anselme Houénou.
Pour le pasteur Jean Azonnon de l’église pentecôte de Dieu, la prière peut bien accompagner un candidat à l’examen au vu des pesanteurs socio cultuelles dans les sociétés africaines. « Un candidat à un examen donné peut être confrontés à des situations de blocage dans le domaine spirituel. L’enfant peut être mieux en classe et échouer à l’examen. C’est pourquoi, on se doit de prier pour eux », précise-t-il. Mais il n’a pas manqué de rappeler que le fruit des efforts s’obtient fondamentalement, véritablement et réellement au bout du travail bien fait. Chacun étant libre d’opter pour le chemin qui peut le conduire au bon port, la question qui retient l’attention est de savoir si le travail bien fait n’est pas la condition sine qua non pour réussir.

L’option du ‘’cash’’
Contrairement aux candidats abonnés aux prières, d’autres ont recours aux charlatans (Bokonon). Ils utilisent des feuilles pour se donner de chance ou chasser les mauvais esprits. Il y en a qui se procurent de stylo dit de chance. Aladji, un ‘’Bokonon’’ à Abomey-Calavi laisse entendre que des parents viennent lui demander des recettes magiques pour leurs enfants. « Une chose est d’être prêt pour affronter les examens, une autre est d’être spirituellement fort, car si lorsqu’on n’y veille pas, des esprits malins peuvent perturber la quiétude de l’apprenant lors de l’examen », affirme-t-il. Profitant du contexte, certains s’autoproclament, le jocker pour la réussite des candidats, en offrant de faux services. La période des examens devient alors la saison des vendeurs d’illusion. « Certains proposent même aux candidats qu’ils verront les réponses sur leurs épreuves en lieu et place des questions….D’autres recommandent à ce qu’ils fixent une partie du tableau, et ils verront clairement les réponses…. », fustige Aladji

Ce qu’en pensent les maîtres …
Tout en notifiant que la réussite à un examen est assurée à 90% par le travail bien fait, du début jusqu’à la fin de de l’année, l’enseignant des Sciences de la Vie et de la Terre, Alain Aimée Agbomèhènan ne désapprouve pas trop les prières. Cependant, il ajoute que le contrôle de l’alimentation, le sommeil et le repos adéquats sont indispensable pour maintenir les candidats en parfaite santé. « Les parents se doivent de veiller à la protection, au suivi et au soutien de leurs enfants », martèle-t-il
Par contre, le psychopédagogue, Jérémie Dovonou, docteur en gestion du système éducatif, semble balayer les pratiques traditionnelles et autres d’un revers de main. Il estime que seul le travail détermine la réussite. « Les charlatans qui aident à chasser les mauvais esprits n’ont en réalité aucun rôle à jouer. On ne peut jamais réussir par miracle ». La réussite dépendra des meilleurs comportements à adopter avant et pendant les épreuves, selon docteur Bello Wahidi, directeur de l’école de formation des inspecteurs du second degré.
Prévert DJOSSOU (Stag)



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