Présentation de vœux au président de la HAAC : Les doléances des professionnels des médias

La rédaction 8 janvier 2014

L’intégralité du discours de Franck KPOTCHEME, Président de l’Union des professionnels des médias (UPMB)

Monsieur le Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication ;
Monsieur le Vice-président de la HAAC
Messieurs les Conseillers ;

Mesdames & Messieurs les professionnels des médias du Bénin ;
Mesdames & Messieurs, Distingués invités ;

En cette nouvelle année, l’honneur m’échoit, à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux à la HAAC de prendre la parole, au nom de mes pairs responsables des associations professionnelles des médias, des responsables des entreprises de presse et des professionnels des médias du Bénin. A cette occasion, je voudrais formuler les meilleurs vœux de paix, de santé, de succès, de longévité et de bonheur partagé, pour la nouvelle année 2014, à Monsieur le Président et à Messieurs les Conseillers à la HAAC. Les mêmes bons vœux, je voudrais les former aux membres du cabinet et à tout le personnel de l’institution républicaine de régulation des médias tant du service public que du secteur privé. Et justement, parlant de la régulation des médias au Bénin, nous voudrions espérer vivement que la HAAC prenne davantage en compte cet enjeu surtout en ce qui concerne les organes du secteur public. Ceci au regard des tensions inutiles qui ont marqué l’année 2013.
En effet, la question de l’équilibre de l’information et de l’accès aux médias du service public se pose, avec acuité, aux partis politiques se réclamant de l’Opposition. Or cette question a été réglée, heureusement, par l’article 142 de la Constitution du 11 décembre 1990 : « LA HAAC veille au respect de la déontologie en matière d’information et à l’accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d’information et de communication ».
Cette question préoccupe tellement les associations professionnelles des médias qu’elles ont été obligées, au détour d’une déclaration conjointe de convocation du corps électoral pour la désignation des trois représentants des professionnels des médias au sein de la prochaine mandature de la HAAC, de rappeler à tous cette importante disposition de la loi fondamentale. Parce qu’à un moment donné, l’imbroglio s’est installé et il était devenu difficile pour nombre de compatriotes de situer les responsabilités face à ces questions d’équilibre de l’information et d’accès, par toutes les formations politiques régulièrement enregistrées au Bénin, aux organes de presse du service public, notamment la télévision nationale.
Les associations professionnelles des médias souhaitent que la HAAC joue sa partition en toute responsabilité, surtout que 2014 pourrait connaître, enfin, des élections municipales et communales attendues de tous, en tout cas si on se réfère au message du Président de la République sur l’état de la nation, lu devant la représentation nationale le vendredi 27 décembre 2013.
Nous souhaitons que les tensions observées entre l’Union fait la nation et l‘ORTB soient un lointain souvenir et que l’Institution de régulation de la presse puisse s’acquitter, à la satisfaction de tous, de cette grande responsabilité. Nul doute qu’en tranchant cette question avec succès, votre mandature aura contribué énormément à la défense au Bénin d’une presse libre et indépendante au service de tous les Béninois, une autre importante mission dévolue à la HAAC. En tout cas hier lundi 06 janvier 2014 seulement, soit lors de sa réponse aux vœux que vous lui avez formés, le Chef de l’Etat a insisté sur la nécessité d’une « régulation forte » des médias au Bénin. Les associations professionnelles des médias sont de cet avis. Seulement, elles constatent que le gouvernement ne fournit pas suffisamment d’effort dans ce sens.
Monsieur le Président de la HAAC, les occasions de rencontre avec le chef de l’Etat comme celle annoncée pour le lundi prochain devraient vous permettre de poser un diagnostic sérieux des obstacles à « une régulation forte » des médias béninois : comme par exemple, limiter les agissements au sommet qui donnent l’impression que les responsables de ces organes du service public ne doivent pas reconnaître l’autorité de l’institution républicaine de régulation des médias, pourtant appelée Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication.

Monsieur le Président et Messieurs les Conseillers à la HAAC, croyant à la tenue des élections communales et municipales à bonne date, nous avions, avec le soutien de OSIWA, organisé des sessions de mise à niveau pour les professionnels des médias pour une bonne couverture desdites élections. Ces formations ont été sanctionnées par l’édition du Guide du reporter pour les communales et municipales.
Tout comme en 2010, soit à la veille de la présidentielle et des législatives passées, nous souhaitons que vous puissiez nous accompagner dans les formations pour une couverture responsable de ces élections une fois que le processus serait mis sur les rails. Ces séances d’échanges nous permettront d’insister sur le rôle des médias dans la promotion de la paix et de la préservation de la cohésion nationale à l’occasion de périodes sensibles comme celles des élections. Il s’agit aussi de rappeler aux professionnels des médias que plutôt d’emboucher la même trompette que les politiques, ils se doivent de relever au cours de la précampagne et surtout de la campagne le niveau du débat, imposer les débats contradictoires et constructifs.
Il est heureux de savoir que la HAAC est préoccupée par l’échéance de juillet 2015 pour ce qui est de la migration de l’analogique vers le numérique. Mais désormais, avec l’incendie qui a eu raison du cabinet du ministre en charge de la Communication, il y a comme un obstacle qui se dresse sur le chemin d’un Bénin déjà en retard pour ladite échéance. Les associations professionnelles des médias souhaitent que dans une synergie d’action nous puissions aider le ministère de la Communication à reconstituer ses archives afin que notre pays ne rate point cette inéluctable révolution technologique très prometteuse.
Monsieur le Président, Messieurs les Conseillers, depuis quelques jours maintenant, le projet de décret portant Code de l’information et de la communication a été transmis à l’Assemblée nationale pour être voté. Mais à la réalité, il s’agit d’un projet qui est loin de satisfaire aux attentes des professionnels des médias. Aussi, voudrions-nous vous solliciter dans le cadre d’un lobbying productif afin que cette année 2014 puisse non seulement permettre de doter enfin le Bénin d’un Code de l’information et de la communication, mais surtout d’un code qui tienne grand compte des valeurs partagées aujourd’hui de par le monde, comme par exemple la dépénalisation des délits de presse ; le financement de la presse ; l’accès aux sources d’information…
Monsieur le Président, Messieurs les Conseillers
Depuis octobre 2013, le chef de l’Etat a pris le décret portant avantages liés à la détention de la carte de presse au Bénin. Nous vous félicitons pour le rôle que vous avez su jouer pour la prise de ce décret attendu de tous les professionnels des médias. Seulement, le décret est loin de combler nos légitimes attentes. C’est pourquoi, nous profitons de cette cérémonie de présentation de vœux pour vous demander de bien vouloir enclencher avec nous le processus de son réaménagement de sorte que la détention de la carte de presse puisse conférer aux professionnels des médias les avantages universellement reconnus.

Par ailleurs, Monsieur le Président, Messieurs les Conseillers,
Les associations professionnelles des médias sont déterminées en cette année 2014 à transformer l’Aide de l’Etat à la presse privée en un Fonds d’Appui au Développement des Médias. A cet effet, nous attendons de la HAAC tout l’appui nécessaire en matière d’accompagnement et surtout de conseils pour que cette importante structure à naître puisse combler les attentes dont prioritairement le financement des entreprises de presse et le renforcement des capacités des professionnels des Médias. C’est l’un des gages pour assurer la crédibilité et l’efficacité de la presse. L’équipe de consultants qui a fait des réflexions dans ce sens a déjà déposé son rapport et les associations professionnelles ne tarderont plus à retenir la forme que prendra ledit Fonds.
Monsieur le Président et Messieurs les Conseillers, les professionnels des médias voudraient solliciter la HAAC pour un décaissement diligent de l’enveloppe de 80 millions de francs que le gouvernement a promis dans le cadre de l’organisation des deuxièmes états généraux de la presse béninoise.
En outre, les responsables des entreprises de presse sollicitent la HAAC afin qu’elle puisse leur apporter son concours dans la mise en application effective des nombreuses mesures, dont celles d’accompagnement des entreprises de presse, prises en Conseil des Ministres par le Gouvernement du Président Boni YAYI depuis 2009. Il s’agit de : la diminution de 50% des impôts sur le bénéfice industriel et commercial des organes de presse privés ; la réduction de 50% du montant de la redevance de radiodiffusion sonore et télévisuelle privée. Sans oublier la promesse même du gouvernement de passer, dans le cadre de l’Aide de l’Etat à la presse privée au milliard médiatique en 2014.
Enfin, les associations professionnelles des médias comptent sur votre appui pour que le ministre en charge de l’Intérieur en collaboration avec son collègue en charge de Communication puisse définir les conditions devant permettre de garantir la sécurité des professionnels des médias en ce moment d’insécurité générale faite d’atteinte aux personnalités de ce pays. Nous pourrions alors espérer jouer notre rôle de quatrième pouvoir en toute quiétude.
Que l’année 2014 soit pour nous et pour tout le peuple béninois, surtout à nos annonceurs, lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, une année exceptionnelle de paix, de succès, de bonheur partagé et de renforcement des acquis de la Conférence nationale.

Vive la démocratie béninoise !
Vive la presse béninoise !
Vive le Bénin !



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