Rentrée scolaire 2019-2020 : La Fesecja relève les signes annonciateurs d’une année perturbée

La rédaction 22 octobre 2019

Un mois après la rentrée scolaire 2019-2020, la Fédération des syndicats de l’éducation, de la culture, de la jeunesse et assimilés (Fesecja) affiliée à la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) est montée au créneau. A travers une déclaration, le Secrétaire général adjoint de la Fesecja, Christian Lokossou a relevé les insuffisances liées au bon démarrage de l’année scolaire. Dans l’enseignement primaire, la décision de fusionner des classes en tenant compte des effectifs, et dans le but de rationnaliser la gestion des ressources humaines et financières se révèle un échec. Des classes à effectifs pléthoriques, des classes multigrades où sont jetés en errance des enseignants pas formés et pas habitués à ces nouvelles réalités. Et tout cela en violation des principes même de l’Apc devenue une incantation. Dans l’enseignement secondaire, des aspirants au métier d’enseignant, censés avoir composé pour un poste et un lieu défini, se voient finalement répartis dans tous les départements alors que le déficit demeure grand et parfois même très grand dans les localités visées par la composition. Au regard de ces irrégularités, il tiendra le gouvernement responsable, si rien n’est fait pour corriger le tir.

CSA-BENIN

FEDERATION DES SYNDICATS DE L’EDUCATION DE LA CULTURE DE LA JEUNESSE ET ASSIMILES (FéSECJA)

RENTREE SCOLAIRE 2019-2020

DECLARATION

L’école béninoise a rouvert ses portes le lundi 16 Septembre après donc dix (10) semaines de vacances. Au cours de ces deux mois et demi de vacances, les Ministres en charge de l’éducation de notre pays avaient rassuré l’opinion publique du démarrage des activités pédagogiques sans anicroches.
Le 16 septembre, on a vu les délégations ministérielles sillonner quelques établissements avec à leur suite beaucoup de caméras et micros pour montrer que la rentrée des classes avait eu lieu.
Mais la réalité de l’école béninoise aujourd’hui est révélatrice des innombrables insuffisances qui plombent cette rentrée et qui mettent à nu le discours finalement propagandiste des autorités en charge de la gestion du système éducatif de notre pays.
Les signes annonciateurs d’une année scolaire 20192020 perturbée sont malheureusement déjà là. Et pour une fois, cette perturbation n’est pas le fait des organisations syndicales qui ont appelé leurs militants à effectuer cette rentrée et à déployer les efforts nécessaires à l’apaisement de l’année scolaire, malgré les motifs d’insatisfaction. Un mois après la rentrée théorique, nombre d’apprenants ne sont pas en mesure de recevoir les enseignements. Et pour cause, les cours n’ont pas véritablement démarré dans tous les établissements et ceci, aussi bien dans le sous-secteur de l’enseignement primaire que dans celui du secondaire.
Les annonces de mesures appelées pompeusement réformes, et qui sont présentées comme des solutions miracles pour une meilleure gouvernance du système éducatif causent aujourd’hui plus de problèmes et n’en résolvent aucun.
Chaque sous-secteur fait preuve d’inventivité pour bâcler l’année scolaire.
Au niveau des enseignements maternel et primaire :
 la décision de fusionner des écoles en tenant compte des effectifs, et dans le but de rationnaliser la gestion des ressources humaines et financières se révèle une vraie catastrophe. Des classes à effectifs pléthoriques, des classes multigrades où sont jetés en errance des enseignants pas formés et pas habitués à ces nouvelles réalités. Et tout cela en violation des principes même de l’APC devenue une incantation ;
 Alors que des aspirants au métier ont réussi aux différents tests, aucun déploiement n’est prévu pour combler le déficit ;
Au même moment, nos classes manquent cruellement de manuels scolaires pour faciliter la tâche à l’apprenant et l’enseignant.
 La formation des directeurs sur les classes multigrades, et sur la gestion des subventions tant annoncée reste encore au jour d’aujourd’hui sans suite.
Et justement parlant de la gestion des subventions, la nouvelle trouvaille est le retour de la gestion de ces subventions aux directeurs. La FeSECJA/CSA-Bénin trouve dans cette décision une nouvelle mesure pour mettre en difficultés les directeurs d’école. Sinon au nom de quelle objectivité peut-on aujourd’hui décider de confier la gestion de fonds publics, mal gérés par des financiers professionnels, à des agents qui non seulement n’ont pas le profil, mais ne sont pas préalablement formés à cet effet, alors que l’avènement des comptables gestionnaires au niveau des écoles a été une longue et grande revendication des directeurs d’école et des organisations syndicales. La fédération de l’éducation de la CSA-Bénin estime que revenir sur cet acquis, dans un contexte où déjà la crainte qu’implique la gestion des cantines scolaires qui a conduit le gouvernement à ternir l’image de l’instituteur, ne peut qu’en ajouter à la psychose des chefs d’établissement.
Au niveau de l’enseignement secondaire, la gestion faite du dossier des aspirants est une catastrophe :
 Des aspirants au métier d’enseignant, censés avoir composé pour un poste et un lieu défini, se voient finalement répartis dans tous les départements alors que le déficit demeure grand et parfois même très grand dans les localités visées par la composition ;
 Des disciplines pour lesquelles les chefs d’établissements ont exprimé le besoin d’une dizaine d’enseignants et où, on n’en a envoyé aucun, ou dans le meilleur des cas un ou deux ;
 Des aspirants sortis fraichement de nos universités, où, on sait que la formation est surtout académique et qui n’ont donc aucune expérience en matière d’enseignement, alors même que les diplômés des ENS expérimentés sont nombreux et en attente ;
 Des aspirants à qui on exige aux censeurs d’attribuer manu militari des heures supplémentaires alors qu’ils n’y étaient pas du tout habitués.
Des aspirants du niveau Professeurs Adjoints en grand nombres dans des établissements où le besoin est plutôt très grand en enseignants professeurs certifiés.
 Des aspirants envoyés en surnombre dans beaucoup de disciplines et renvoyés des collèges où ils ont été affectés, et à qui, on demande de parcourir la zone d’affectation à la recherche d’établissements pouvant les accueillir ;
 Des aspirants déployés dans des établissements où les besoins ne leur permettent pas d’avoir tout leur quota horaire et à qui on demande d’aller chercher la différence dans les collèges environnants ;
 Le déficit d’enseignants d’EPS qu’on a essayé de régler en demandant aux chefs d’établissements de prioriser les classes d’examens seules pour les cours d’EPS.
Et maintenant, comme si tout cela ne suffisait pas, on demande aux enseignants Fonctionnaires de l’Etat et ACE en postes administratifs d’abandonner les classes qu’ils ont en heures supplémentaires ou on procède à des désignations d’intérimaires de surveillants Généraux parmi les enseignants des matières dans lesquelles il y a surplus d’aspirants afin de satisfaire ceux qui continuent d’errer Comme si on minimisait la compétence que constituent la plupart de ces administratifs, compétence mise souvent au service des classes d’examens pour espérer avoir de bons résultats.
De même la suspension de 503 enseignants n’a fait qu’aggraver la pénurie d’enseignants qualifiés.
Tout cela se passe alors que les chefs d’établissements ont produit, dans les délais exigés, le point de leurs besoins en personnels enseignants. Malheureusement, cela n’a servi à rien. Puisque le déficit existant et qui devait être comblé par le déploiement des aspirants au métier d’enseignant demeure criard dans de nombreux établissements. On continue de procéder à des déploiements d’aspirants dans les établissements et le constat n’est pas digne de techniciens qui réfléchissent tous les jours à faire avancer le système éducatif de notre pays.
C’est dans ces conditions que les autorités organisent cyniquement la cérémonie de remise de cahiers de charges aux chefs d’établissements. Et ceci donc pour quels résultats ????
Notre perplexité est encore plus grande quand on se rend compte de ce silence assourdissant des autorités face à ces nombreux cas d’inondation qui empêchent apprenants et enseignants d’avoir accès à leurs écoles.
Au vu de tout cela, ne donne pas aujourd’hui à la FéSECJA qui s’interrogea déjà, non sur l’effectivité d’une rentrée scolaire mais plutôt d’une année normale et apaisée.
En principe avec l’avènement du CNE et la nomination de ses membres, le système éducatif ne devrait plus souffrir de ces errements, mais hélas.
En tout état de cause, si rien n’est fait pour régler toutes ces difficultés, ce sont les résultats de fin d’année qui risquent d’en prendre un sérieux coup.
La FeSECJA/CSA-Benin, s’indigne de la manière dont l’école béninoise se gère et rend responsables de sa décrépitude, les autorités qui la gèrent.

Vive la FeSECJA/CSA-Bénin !
Vive l’école béninoise !

Fait à Cotonou, le 18 octobre 2019.
Pour le bureau de la FeSECJA,
Le Secrétaire Général Adjoint

LOKOSSOU Christian



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