Rentrée universitaire 2016-2017 : Un cocktail d’innovations et d’appréhensions

La rédaction 10 octobre 2016

Les portes de l’Université d’Abomey-Calavi s’ouvrent à nouveau avec des réformes. Au sortir d’une crise profonde autour de la session de rattrapage, les autorités rectorales entendent conjurer le mauvais sort avec une série d’innovations. Et c’est la Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines (Flash, foyer des tensions l’année écoulée, qui reçoit les premières mesures. « La Flash ne sera plus la grande Faculté de l’Uac, elle va s’éclater en instituts de plus en plus spécialisés. Plus personne n’entrera dans nos facultés, classiques ou non, sans subir la phase de sélection », a annoncé le Professeur Brice Sinsin, Recteur de l’Uac, au cours du lancement de la rentrée universitaire le vendredi dernier. Ainsi, en plus de l’Institut des sciences de l’éducation vont s’ouvrir à la Flash, l’institut de Géographie et l’institut des sciences sociales. L’école du patrimoine africain installée à Porto-Novo sera rattachée à la Flash. Il en sera de même de l’école de communication et de formation en journalisme. L’ambition de créer un institut de sciences vétérinaires reste entière, mais les autorités rectorales attendent toujours de convaincre le Gouvernement.
Face à un flux d’étudiants sans cesse croissant couplé d’un déficit d’enseignants et d’infrastructures, le Recteur Brice Sinsin annonce que l’année académique 2016-2017 sera celle des cours en ligne à travers la plate-forme Massive Open Online courses (Mooc). « C’est un moyen pour nous d’aider nos apprenants à répéter leurs propres cours ici ou dans leurs habitations. Nous allons aussi mettre un accent sur l’harmonisation du cursus Lmd », a-t-il précisé.

Quelques imprécisions
Cependant, les étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi devront attendre encore quelques jours pour en savoir plus sur les frais d’inscription. Il revient, selon le Recteur, au Gouvernement de décider du montant si tant est que la gratuité devrait être du passé. De même, le décret portant nouvelle carte universitaire, bien qu’annoncé pour être disponible la semaine dernière est toujours attendu. Mais déjà, avec le retour des anciens campus dont la Flash d’Adjarra et de Aplahoué, l’Injeps et l’Imsp, l’Uac a du souci à se faire. « La carte universitaire pour nous autres au Rectorat, dans sa nouvelle forme, c’est le souci du grand nombre, de la gestion des dossiers d’inscription, le souci du recrutement », a fait remarquer l’autorité rectorale, espérant un accompagnement conséquent du Gouvernement à cet effet.

Les enseignants donnent de la voix
La rentrée démarre, mais les acteurs de l’Uac ont encore à l’esprit les perturbations ayant caractérisé l’année académique écoulée. Pour la prochaine rentrée, les enseignants réclament un minimum de sécurité dans l’espace universitaire. « La situation sécuritaire du campus d’Abomey-calavi est devenue problématique et difficilement maitrisable. Les actes de vandalisme perpétrés par les étudiants à chaque fois que des questions brûlantes opposent ceux-ci à l’administration sont parfois inadmissibles et intolérables », a souligné Alphonse Gaglozoun, Représentant des enseignants du supérieur. Néanmoins, la décision du Gouvernement d’interdire toute activité des associations d’étudiants a été déplorée par les enseignants du supérieur. « Nous mettons en garde contre toute tentative de musellement des libertés sur le campus et tout acte visant à froisser les franchises universitaires. Le pouvoir de Boni Yayi a tenté de nous arracher nos libertés syndicales et nous lui avons refusé cela en bravant des décrets et arrêtés liberticides. Sur cette question, il s’agit d’un système que nous sommes prêts à combattre avec toutes nos sueurs, et de nos sang pour le bien de toute notre société », a averti le syndicaliste. Même l’ensemble culturel des étudiants, à travers ses prestations à l’occasion n’a pas manqué de répondre indirectement au Gouvernement, tout en fustigeant les violences universitaires : « Pourrait-il avoir une prestation artistique et culturelle du genre, s’il n’y a plus d’associations d’étudiants. Il va falloir que le Gouvernement revienne sur cette décision ».
Fulbert ADJIMEHOSSOU



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