Révocation de Léhady Soglo : Des conseillers de Cotonou soutiennent Talon

Arnaud DOUMANHOUN 4 août 2017

Saluer l’engagement du gouvernement à lutter contre toute forme de dilapidation des ressources publiques et féliciter le président Patrice Talon pour avoir gérer sans complaisance le dossier : « révocation du maire de la capitale économique ». C’est autour de cette actualité que se tiendra ce jour, à l’immeuble Ali Camarou de Cotonou, une conférence de presse des conseillers municipaux. Déjà donc, le départ de Léhady Soglo de la tête de la mairie de Cotonou fait des émules dans le rang des conseillers, notamment des frondeurs, qui dans un passé récent étaient montés au créneau pour s’insurger contre la gestion de l’autorité communale.
Hélas ! Leur action n’avait durée que l’instant d’un feu de paille, puisque n’ayant pas suscité un engouement dans le rang de l’opinion publique. Et c’était une évidence, puisque d’aucuns considèrent la mairie de Cotonou comme un héritage qui revient de bon droit à Soglo fils, au même titre que le parti la Renaissance du Bénin (Rb). Mais, le temps a fait son œuvre. En effet, il n’aura fallu que 5 jours, soit du vendredi 28 juillet au mercredi 2 août 2017, pour que ce mythe des Soglo tombe, et qu’une nouvelle ère s’ouvre pour le conseil municipal de la capitale économique. On ne dira pas comme le prophète Jérémie que ‘’les pères ont mangé des raisins verts, Et les dents des enfants en ont été agacées’’, mais plutôt que chacun mourra de sa propre iniquité.

Léhady à la barre
Intouchable ! Léhady Soglo a su échapper au vent de la destitution qui souffle depuis peu sur les conseils communaux de plusieurs villes du Bénin, bien que des griefs soient portés contre sa gestion. Une ruse politique qui finira par se briser contre la détermination de l’autorité de tutelle de passer au scanner sa gouvernance à la tête de l’hôtel de ville. Une seule audition et le protégé de Soglo titube et succombe.
Au nombre des faits qui lui sont reprochés, il y a la Vente non conforme au prix référentiel de domaine public artificiel de l’Etat, la perception de primes sans une délibération du conseil municipal et sans l’approbation de l’autorité de tutelle, l’augmentation des frais de représentation du maire en 2017 sans délibération spécifique du conseil municipal, l’effacement des traces de documents administratifs et comptables par incinération en violation des textes réglementaires en vigueur, l’attribution abusive d’une voie publique aux fins d’habitation sans l’avis du conseil municipal et en violation des dispositions du décret portant cession à titre onéreux, d’aliénation à titre gratuit, de location des terres et biens immobiliers du domaine privé de l’Etat et des collectivités. La liste n’est pas exhaustive.

La rigueur de la loi
Il faut d’ailleurs observer que certains de ces éléments étaient soulevés par les frondeurs qui apporteront, sans doute, ce jour, de plus amples détails pour permettre à l’opinion de voir, on ne peut plus clair dans ce dossier. Une chose est sûre, en attendant que le maire déchu use des voies de recours notamment la saisine de la chambre administrative de la Cour suprême, pour constater la régularité de la procédure qui a conduit à son audition, sa suspension et sa révocation, les choses devraient évoluer à la mairie de Cotonou.
D’ores et déjà, il faut rappeler que l’article 54 de la loi portant organisation des communes au Bénin dispose que : ‘’le maire ou l’adjoint qui commet une faute lourde peut être révoqué de ses fonctions. La faute lourde est constatée par l’autorité de tutelle qui, après avis du conseil départemental de concertation et coordination, dresse un rapport au ministre chargé de l’administration territoriale. Celui-ci peut prononcer la suspension du maire ou de l’adjoint et proposer le cas échéant, la révocation au conseil des ministres’’. Et, Léhady Soglo a subi la rigueur de la loi, notamment pour n’avoir pas apporté des preuves convaincantes lors de son audition, mais aussi pour avoir fait obstacle à la manifestation de la vérité en empêchant les officiers d’opérer la perquisition à son domicile.

La bataille pour la succession
Aussi, l’administration est-elle une continuité et la révocation de Léhady Soglo ne devrait pas constituer un blocage au bon fonctionnement de l’administration municipale. Alors, confortement aux dispositions de la loi, le 1er adjoint au maire, Isidore Gnonlonfoun assure l’intérim en attendant l’élection d’un nouveau patron à la tête de la mairie de Cotonou. Dans les coulisses, la bataille pour le poste de maire de la capitale économique s’annonce féroce et l’on ne serait nullement surpris de voir le rang des frondeurs s’agrandir. La conférence de presse ce jour en sera, sans doute, évocatrice. Plus d’un étaient d’ailleurs surpris de la déclaration du maire intérimaire qui affirmait sa détermination à accompagner le gouvernement alors qu’il était plutôt dans une position belliqueuse avec le régime en place. Qui a dit qui vivra, verra ? Les prochains jours nous édifieront.



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