Rosaire Attolou, Ddcvdd Atlantique-Littoral : « L’élevage des animaux générateurs de purin est interdit en agglomération »

Fulbert ADJIMEHOSSOU 22 décembre 2019

Les populations de Cotonou et environs sont bien tentés de faire l’élevage de certains animaux à la maison. Une pratique qui devient, d’une manière ou d’une autre nuisible, surtout quand la taille des animaux devient, considérable ou encore importante quand il s’agit du porc qui produit des purins. A travers cette interview, Rosaire Attolou, Directeur Départemental du Cadre de Vie Atlantique-Littoral apporte des précisions.

Tout le monde peut-il élever des animaux dans une agglomération ?
Les textes sont clairs. On n’élève pas n’importe quoi en agglomération. Les textes disent que l’élevage des animaux générateurs de purin est interdit en pleine agglomération. Quand je prends les bœufs, les porcs, on ne doit pas les élever en pleine agglomération. Même les volailles, si c’est pour la consommation ça passe. Mais quand vous voulez les élever en mode industriel, c’est encore interdit. Ces élevages se font en zone non agglomérée. Aujourd’hui, nous recevons beaucoup de plaintes par rapport à ça. On peut se targuer de dire que aujourd’hui au moins à Cotonou, on a vidé toutes les poches de porcherie. S’il en reste, c’est dire qu’on n’a pas pu les découvrir. Je voudrais encore une fois inviter nos compatriotes à ne plus élever les animaux générateurs de purin en pleine agglomération.

Vous avez dit que Cotonou est vidée mais Calavi est encore visiblement confrontée à la situation. Pourquoi ?
C’est le constat fait. On a fini par penser qu’une fois Cotonou a été vidée de ces poches, c’est Calavi qui les a reçues, notamment dans les zones de Ouèdo, Togba et consorts. Malheureusement, ces zones sont encore en pleine urbanisation. Conséquence, on est obligés de dire encore à ces éleveurs de quitter l’agglomération.

Mais il faut consommer de la viande ?
Il faut consommer la viande. Je crois que les structures à divers niveaux, le Ministère de l’Agriculture, la Direction de l’Elevage et les autres structures doivent fédérer leurs efforts pour que les éleveurs aient la paix. Je profite pour demander à nos communes de respecter les plans d’aménagement parce qu’il y a les Schémas Directeurs d’Aménagement Communaux. Si on respectait scrupuleusement ces schémas, et que les sites qui doivent abriter ces types d’élevages sont clairement définis, les citoyens n’auront aucun problème. C’est parce que ces schémas ne sont pas souvent respectés qu’on est confronté à l’installation anarchique pour des activités. Les gens ont du mal à trouver d’emplacements.

Ne peut-on pas explorer sa parcelle pour élever des animaux ?
Les différents secteurs sont réglementés. Surtout quand on prend le domaine de l’environnement, tout est pratiquement réglementé. Je voudrais inviter les uns et les autres et leur dire qu’avant de poser un acte, avant de vouloir investir, il faut s’assurer des textes qui encadrent le secteur. Il y a par exemple un jeune qui a fait un prêt pour démarrer une activité d’élevage de porcs. Deux mois après, le voisinage s’est plaint. Il s’est expliqué, malheureusement l’activité nuit aux voisins. Il faut s’assurer de ce que l’activité qu’on veut mener respecte des préalables.

Quelles sont les conséquences environnementales en réalité de ces types d’élevage ?
Il y a d’abord la gestion des fientes qui est compliquée. Il y a la pollution atmosphérique. Il y a la pollution sonore. Ça peut paraître bizarre qu’on parle d’animaux et qu’on parle de pollution sonore. Vous voyez les volailles, leur cris la nuit n’est pas supportable par tout le monde. C’est la pollution sonore et il y a beaucoup de nuisances générées par ces animaux.

Que faire ?
Si vous avez un projet d’élevage, rapprochez-vous des structures qui interviennent dans le secteur d’activité. Allez à la Direction de l’Elevage, au Ministère de Cadre de vie pour voir ce qui est nécessaire à faire. Il y a beaucoup d’intellectuels qui font de telles activités mais sans se soucier de l’aspect environnement. L’environnement aujourd’hui est au cœur de tout. C’est transversal. Il n’y a rien qu’on puisse faire sans évaluer les impacts environnementaux.

Pour conclure, peut-on dire qu’il est interdit de faire de l’élevage en agglomération ?
On ne va pas dire qu’il est interdit de faire d’élevage. Pour quelques coqs et poulets à la maison, on ne va pas t’en vouloir. Mais si vous démarrez en mode industriel, ça pose un problème. Les textes disent déjà qu’avec 50 têtes, il faut des études.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU & Emma AWONON (Stag)



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