Tous au Tribunal de Cotonou le 21 août pour le dossier Dangnivo.

Gérard GANSOU 14 août 2018

Apres plusieurs mois d’expectatives et de report, le procès de l’assassin présumé de Pierre Dangnivo et de son complice présumé reprendra mercredi prochain devant les assises spéciales à la Cour d’appel de Cotonou. Pierre Urbain Dangnivo est ce fonctionnaire du ministère des Finances, militant de l’opposition, qui a disparu dans des conditions non élucidées en août 2010. Fait divers ou affaire d’Etat ? C’est ce que le procès doit montrer. En le mettant au rôle de la session supplémentaire de la Cour d’assises où plus de 25 dossiers ont été inscrits au titre de l’année 2018, le Procureur vient combler les attentes du peuple béninois dans sa quête légitime de voir la manifestation de la vérité de ce puzzle tragique qui n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets. Au dire du Procureur de la République, toutes les parties prenantes de cette nébuleuse affaire de ‘’disparition‘’, de cet éminent cadre du ministère des finances seront invitées publiquement au prétoire pour dire leur part de vérité. Et apporter des réponses à ces interrogations : l’assassin présumé et son complice sont-ils les coupables ? Et à celle-ci, cruciale pour les parties civiles : Pierre Urbain Dangnivo est-il bien décédé ? C’est faute de comparaisons d’Adn, que la famille a refusé d’y croire, parce qu’elle n’avait pas identifié le cadavre comme étant le sien, et rien ne prouve que le corps déterré soit effectivement celui de Dangnivo.

Qui a tué Dangnivo ?
Courant février 2010, Pierre Urbain Dangnivo, membre du Parti social-démocrate (Psd), a révélé des scandales financiers au Bénin, notamment la fameuse affaire Icc-Services. Le mardi 17 août 2010, alors qu’il sortit, Pierre Urbain Dangnivo, cadre du ministère de l’économie et des finances, originaire de l’Arrondissement de Sè, Commune de Houéyogbè, n’a pu rejoindre sa famille. Jusqu’à nos jours, il est difficile de se prononcer avec certitude sur son enlèvement ou sur son assassinat. Dans cette condition mystérieuse, la douleur reste plus forte principalement au sein de la famille Dangnivo qui réclame son fils. Des protestations montèrent sans cesse de toutes les couches sociales et continuent de s’exprimer par des manifestations diverses et dans la rue, hommes, femmes, individuellement ou collectivement ; en un mot, tout le pays se met debout pour exiger que les autorités chargées de la sécurité des personnes et des biens ; c’est-à-dire le gouvernement fasse diligemment et correctement son travail pour retrouver sain et sauf le disparu. Dans cette foulée, un corps qu’il est impossible de déterminer qu’il est celui de Pierre Urbain Dangnivo, a été exhumé le lundi 27 septembre 2010, en présence du Procureur de la République de Cotonou, des membres du comité de crise mis en place par les autorités et des représentants des syndicats. Ce cadavre reposait dans une fosse creusée dans la maison d’un charlatan.
Entamé cinq années plus tard ; c’est-à-dire en 2015, le procès de la disparition dudit cadre du ministère de l’économie et des finances, peine à faire la lumière sur le dossier.
Pour mémoire, il faut retenir que le procès avait commencé par le déballage du présumé assassin du sieur Pierre Urbain Dangnivo et son présumé complice qui ont rejeté d’assumer la responsabilité de la mort de Dangnivo alors qu’ils avaient reconnu lors de l’instruction avoir assassiné ce cadre du ministère des finances.
Mais contre toute attente, ils ont, par la suite, rejeté leur première déposition en affirmant que, sous torture, ils ont fini par accepter d’assumer la responsabilité de cet assassinat. Ils ont même mentionné le nom de plusieurs autorités qui leur ont promis d’assumer la responsabilité de la mort de Dangnivo contre de l’argent.
En février 2015, un des présumés assassins, sieur Alofa Codjo Kossi, s’évada de la prison civile de Missérété. A l’audience qui a suivi son évasion, Alofa Codjo Kossi, après qu’il soit retrouvé au Togo voisin, révéla : « Ils m’ont déposé à la frontière du Togo et m’ont donné 50.000 Fcfa pour fuir ». Suspendu à la demande de la partie civile qui avait soulevé une exception d’inconstitutionnalité, le procès tant attendu pour élucider les conditions de la disparition de Pierre Urbain Dangnivo, n’est plus jamais ouvert.



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