Traversée de la rivière « Hélouto » de Togoudo pour Ouèdo : De nouveaux dangers guettent les populations

Ambroise ZINSOU 27 mars 2014

Après un naufrage qui avait fait une vingtaine de morts et d’énormes pertes matérielles il y a de cela quelques mois, le trafic sur la rivière « Hélouto » qui dessert les populations de Womey-Togoudo dans l’Arrondissement de Godomey et celles des Arrondissements de Ouèdo et de Togba entre temps interdit a repris plus de belle. Ne pouvant plus supporter « le calvaire du contournement », une nouvelle traversée a été créée sur cette rivière avec tous les risques possibles.

Les populations risquent leur vie en traversant la rivière Hélouto

S’achemine-t-on vers un nouveau naufrage sur la rivière « Hélouto » de Womey-Togoudo pour Ouèdo ? On est tenté de répondre par l’affirmative. Le trafic sur la rivière interdit il y a quelques mois par les autorités politico-administratives à cause du naufrage qui avait fait une vingtaine de morts dont des enfants et d’importants pertes matérielles a repris son droit de cité. Mardi 25 mars 2014, aux environs de 8 heures locales, l’affluence était à son comble à l’embarcadère de Womey-Togoudo. Les femmes venues des Arrondissements de Ouèdo et de Togba traversaient à l’aide d’une pirogue la rivière afin de vaquer à leurs occupations. Malgré la fermeture théorique prononcée par les autorités politico-administratives, rien n’y fit. Aucune indication pour signaler une quelconque suspension du trafic après le douloureux évènement. Les populations qui ont désespérément attendu l’amélioration des conditions de traversée à elles promise semblent être dépitées. Non loin de là, à moins de 300 mètres du côté Sud de l’ancien embarcadère, chacun s’active pour gagner une place dans la barque. Un homme, la cinquantaine environ, torse nu, fait office de « racoleur ». Cette fois-ci, des dispositions dites « sécuritaires » semblent être prises. Le nombre de personnes dans la barque ne doit plus excéder 8, plus de motos dans la barque, ni de grands colis. Mais tout ceci ne leur garantit aucune sécurité parce que la partie aménagée pour la traversée est tellement exiguë. « C’est parce que les autorités qui nous ont promis d’aménager la traversée et de nous fournir des barques motorisées ne réagissent plus que nous avons alors pris la décision d’abandonner l’autre voie pour ouvrir celle-ci. Nous voulons mettre fin à la souffrance de nos femmes », a déclaré Dossou Saclounon, un habitant de Ouèdo.

Le commerce bloqué, sacrifier une vie pour « 2.000 » Fcfa ?
La fermeture de cette voie de désserte suite au naufrage, a porté un coup aux activités économiques des femmes. Il en est de même pour les jeunes écoliers. Pour se rendre dans les marchés de Cocotomey ou de Cococodji dans lesquels elles écoulent leurs marchandises (Akassa, bois de chauffage, feuilles de teck, produits de la vanerie, etc), les femmes sont obligées de faire le contournement et de prendre par la terre ferme. Un trafic qui revient trop coûteux puisqu’il faut dépenser tout au moins 2.000 Fcfa pour l’aller-retour. « Nous roulons à perte lorsqu’on se rend dans ces marchés par Zémidjan. Le déplacement seul nous revient trop cher et nous ne pouvons pas faire de bénéfice avec ça. Lorsque c’est un Zémidjan qui vous connaît, vous pouvez négocier avec lui pour qu’il puisse revenir vous chercher après le marché. Mais cela n’a rien à voir avec les 2.000 Fcfa que vous allez payer alors que la traversée de la rivière ne coûte que 100 Fcfa aller-retour et le Zémidjan d’ici pour les marchés coûte 300 Fcfa », ont-elles martelé. « Je préfère me remettre à Dieu et payer 100 Fcfa pour faire un peu de bénéfice que d’aller prendre par le contournement qui revient trop cher et qui prend aussi du temps », a ajouté Dame Mahinou, Vendeuse d’Akassa. Pour les revendeuses des zones environnantes, la fermeture du trafic leur a causé d’énormes préjudices et elles se réjouissent de l’ouverture d’une autre voie qui met fin à leurs peines depuis bientôt un mois. « Nous allons remercier ces hommes qui ont souffert pour nous offrir une nouvelle voie pour la traversée. Maintenant, nous allons demander aux usagers d’observer les prescriptions des convoyeurs. Comment passer plus de deux heures pour un trafic qui ne dure que 15 minutes. C’est trop », a déclaré l’une des revendeuses. Pour les superstitieux, c’est parce que les usagers n’observent pas les interdits, qu’on dénombre les morts par noyade sur la rivière.

Le silence des autorités politico-administratives
Au lendemain du naufrage qui a conduit à la fermeture de la voie, une forte délégation d’autorités politico-administratives était sur les lieux non seulement pour constater les dégâts, mais aussi pour porter assistance aux victimes et à leurs familles respectives. Et c’est suite à cette visite qu’elles ont pris la décision théorique de suspendre le trafic. En ce moment, des promesses ont été faites aux populations pour améliorer les conditions de traversée. Aussi, des moyens adéquats de transport ont-ils été promis à ces dernières. Mais depuis plus d’un an, rien n’est fait pour soulager les peines de ces populations. « C’est vrai, des promesses ont été faites aux populations ce jour-là même. Mais au jour d’aujourd’hui, rien n’a été fait », a déclaré Joseph Pipi Gougbonou, Chef village Togoudo. « La fois dernière, j’ai été alerté de ce qu’un homme est rentré dans la rivière pour joindre l’autre rive. Nous nous sommes dépêchés sur les lieux. J’ai fait appel aux Sapeurs Pompiers. N’eût été notre promptitude, il n’aurait pas eu la vie sauve », a-t-il ajouté. Il va falloir que les autorités qui avaient pris cet engagement devant les populations l’honorent afin d’éviter un nouveau naufrage sur cette « dangereuse » rivière.



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