Université d'Abomey-Calavi : Le cumul de poste du vice-doyen et celui de la profession d'avocat crée une vive polémique

Angelo DOSSOUMOU 7 avril 2013

Aussi dure qu’est la loi, c’est la loi et elle doit être appliquée à tous, sans distinction aucune. C’est bien cette raison qui a poussé des enseignants à l’université d’Abomey-Calavi à savoir Moïse Lalèyè et Bernard Kétègnon à saisir le Ministre de l’enseignement supérieur, François Abiola pour lui faire constater le cumul de poste du vice-doyen à l’Uac et celui de l’exercice de la profession d’avocat de Maître Ibrahim David Salami pourtant interdit par l’Arrêté N° 2012-624/Mesrs/Dc/Sgm/Drfm/Drh/R-Uac/R-Up/Sa. Mais cela n’a pas empêché Me Salami de répliquer à la correspondance de son collègue Lalèyè au Ministre de tutelle. Et dans sa lettre au ministre Abiola pour contester le bien fondé des arguments de ses détracteurs, il est à remarquer que l’exposé du patricien de droit et vice doyen à l’Uac ne convainc pas.

En effet, sur une question scientifique, il est regrettable que Me Salami pour qui nous avons de l’estime, pour se justifier, parle de l’appartenance du plaignant à l’Union fait la Nation, l’alliance des partis de l’opposition. Aussi, évoque-t-il que son plaignant lui a reproché de défendre la position du gouvernement béninois dans l’affaire PVI. En un mot, ça ne tient pas. Le raisonnement doit être scientifique du début jusqu’à la fin. D’abord, les Béninois sont les mêmes, quelle que soit leur appartenance politique. Et ce que nous déplorons au niveau des politiciens, il est à souhaiter que les scientifiques n’utilisent pas les mêmes raccourcis. Sinon, c’en est fini pour le pays.

Dans ce dossier, l’approche doit être cartésienne. Ou bien les textes permettent à Me Salami de cumuler son poste de Vice-doyen et celui d’avocat ou ils ne le lui permettent pas. Me Salami a beau être avocat du président Boni Yayi, cela ne devrait rien changer à l’implacable vérité sur la situation de cumul de poste et exercice de la profession d’avocat. D’ailleurs, l’Union fait la Nation n’est pas la peste et dans un passé récent, on a vu Me Salami très proche du Président Bruno Amoussou. Personne ne lui en a fait un procès et ne le lui en fera. Les convictions personnelles de chacun demeurent telles et ne doivent pas entrer en ligne de compte dans les prises de décision.

Le Ministre de l’enseignement supérieur, François Abiola doit pouvoir trancher. Son silence devient pesant. Et la pire des choses pour un intellectuel est la non décision. Soit il estime que Me Salami a raison et pour cela, il évoque les textes qui lui permettent d’étayer son argument, soit il constate que Me Salami n’est plus le vice-doyen de la faculté de droit et organise de nouvelles élections. Mais, il ne doit plus continuer à se taire comme si le problème n’a pas été évoqué. Car, c’est ces genres d’agissement qui font le lit des frustrations qui conduisent ailleurs à des situations difficiles. Il s’agit d’un milieu élitiste, d’un milieu du savoir. Pour l’amour de Dieu, il faut trancher le débat. La politique du singe qui consiste à ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire sera aux conséquences incalculables. S’il y a d’autres personnes qui se retrouvent dans la même situation, il faut aussi trancher une fois pour de bon sur ce sujet.



Dans la même rubrique