Vente dans les feux tricolores : Une activité qui nourrit à peine son homme

La rédaction 22 janvier 2014

Le carrefour Vèdoko grouille de monde. Sous un soleil ardent, des vendeurs à la sauvette déambulent au niveau des feux tricolores. Vincent, un jeune vendeur de chaussures, montres, brosses, chemises présente aux usagers ses articles : « Je viens tous les matins dans ces feux à 07h et je rentre à 22 h. Ici, il faut être habile et attirer la clientèle ». Il n’est pas le seul. Au niveau du carrefour Vèdoko comme à d’autres carrefours de Cotonou, il y a de jeunes femmes, des hommes âgés et même des enfants qui y vendent. D’après certains vendeurs, ils mènent cette activité par contrainte, parce qu’ils ont des difficultés à avoir une place dans les marchés. Mais pour d’autres, ils s’y plaisent bien car, cela les dispense de payer les impôts. « Je suis élève, j’ai abandonné les classes en 4ème parce que mes parents n’avaient plus les moyens, je me suis dit qu’avec cette activité, j’aiderais mes parents et je vais pouvoir joindre les deux bouts », confie Didier, un jeune de 24 ans déambulant sous un soleil ardent. Le corps ruisselant de sueur et zigzaguant au milieu des autos et des véhicules, il présente ses articles aux usagers de la route. Mais, les recettes ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. D’après la plupart de ces vendeurs au niveau des feux tricolores, les recettes varient selon le dynamisme du vendeur et en fonction des périodes. Et ce 28 novembre, Didier n’est pas satisfait de ce qu’il a récolté dans la journée. Il affirme : « Je n’ai vendu que pour 2400 FCfa. Je n’obtiens que 300F d’économie alors qu’hier j’ai vendu plus que ça. J’attends le soir pour faire le compte ». En un mois, les plus chanceux de ces vendeurs gagnent environ 15000F Cfa comme bénéfice.

Les mécontentements ne manquent pas
Et même si cette activité ne rapporte pas assez pour ceux qui l’exercent, les commerçants installés dans les boutiques avoisinantes ne voient pas cela d’un bon œil. « J’ai loué cette boutique en pleine ville pour écouler rapidement mes produits, mais cet objectif n’est pas forcément atteint car, il faut faire face à la concurrence des vendeurs à la sauvette et ambulants », raconte dame Françoise, vendeuse de divers ; de cartes de recharge et de pagne dans une boutique près des feux tricolores de Ganhi. « Quand on s’installe non loin des feux tricolores, les populations riveraines et les usagers de la voie trouvent déjà l’essentiel de ce qu’ils ont à acheter chez les vendeurs à la sauvette qui parfois livrent les produits moins chers, parce qu’ils ne paient pas les impôts et le loyer », finit-elle par expliquer. Les usagers de la route sont aussi gênés par le développement de cette activité de vente dans les feux. « Quand le feu vert s’allume, ces vendeurs faufilent entre les motos et voitures et si vous n’êtes pas vigilants, vous créez facilement des accidents », relate Eustache, un usager. « Parfois ça me donne envie de les cogner, surtout quand tu klaxonnes et qu’ils sont nonchalants. C’est déplorable, les autorités n’ont qu’à se pencher sur ce dossier », conclut un conducteur de taxi-moto.
Sabine OKE



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