Vie des couples : Les femmes ménagères, des êtres aux mille bras

La rédaction 20 septembre 2017

Elles sont nombreuses, les femmes qui n’ont de dévotion que pour leur foyer. Consacrées en permanence aux activités domestiques et commerciales, les femmes ménagères se décuplent pour arriver à surmonter les réalités.

Tantôt au service de ses clients, tantôt à l’écoute de ses enfants, Rufine Anani étonne son voisinage par son dévouement. La cinquantaine, cette vendeuse d’ignames non loin de l’église catholique de Mènontin, ne se lasse pas dans sa fonction de ménagère. « Moi je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école. Ma profession, c’est de me consacrer à mon mari et mes enfants. Je dois être à la fois mère, épouse, commerçante, ménagère pour que mon foyer puisse tenir », confie-t-elle. Malgré le poids de l’âge, elle ne se lasse point, de l’aube jusqu’à la tombée de la nuit. Pour Rufine, c’est plus qu’une passion de servir sa famille et de mener son petit commerce. « Je l’ai connue comme cela. C’est une vraie battante », témoigne Zita, l’un de ses neuf enfants.

Un rôle pesant mais passionnant
Comme Dame Anani, nombreuses sont les femmes qui se plaisent dans leur statut de femme ménagère. C’est-à-dire entretenir le foyer, faire les travaux domestiques, assurer l’éducation des enfants. « C’est un plaisir pour moi de jouer mon rôle de femme au foyer. C’est un devoir que toute mère doit accomplir à cœur joie. », déclare dame Elodie, une vendeuse de légumes.
La femme ménagère, loin de paraître un être inférieur, joue un rôle primordial au sein de la famille. Dans un contexte de quête d’égalité entre l’homme et la femme, certaines se disent un peu gênées que les tâches les plus ingrates reviennent aux femmes ménagères. Mais au regard des enjeux pour l’épanouissement du foyer et l’éducation, d’autres disent n’avoir pas le choix. « Mon époux n’est pas toujours à la maison. Il est tout le temps en mission. Donc, c’est à moi d’éduquer les enfants, les surveiller et m’assurer qu’ils ne ressentent pas le manque d’une affection paternelle », déclare Dame Vignon.

Une contrainte légitime
Nombreuses sont les femmes intellectuelles qui finissent par abandonner leurs ambitions professionnelles pour rester à la maison afin de s’occuper de leur foyer. « J’ai le Bac, j’avais pour objectif de devenir avocate. Mais, mon mari m’a contrainte à rester à la maison pour m’occuper de mon foyer. Ce que je fais d’ailleurs très bien », confie Anne Attiogbé. C’est presque une obligation dans certains milieux culturels. Pour le sociologue Jaurès Ayéni, « la femme qui décide, conformément à son éducation, d’orienter son entière activité vers son foyer, ses enfants et son conjoint, fera inévitablement la découverte que ce rôle est assez limité aujourd’hui, et qu’il a surtout perdu son antique valorisation. » Celle qui choisit le marché du travail se trouve aux prises avec un monde peu préparé à l’intégrer à part entière. Soumise aux pressions sociales qui lui rappellent son rôle traditionnel, elle est alors tentée de satisfaire les exigences d’une double tâche, explique-t-il. C’est pour ainsi dire que cette situation de double tâche est presque intenable. « Rappelons également que la femme qui choisit son travail, développera sans cesse de la culpabilité suite aux échecs inévitables qui surgissent et qui lui sont entièrement imputés. Elle sera confrontée aux réalités sociales », ajoute-t-il. Dans tous les cas, les femmes ménagères ne demandent pas assez pour faire vivre leurs foyers : un peu d’attention et l’aide de leur mari pour ne pas être s’essoufflées.
Maryline AÏSSO & Rébecca KINDO (Stags)



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