Zoom sur la recherche scientifique à l’Université d’Abomey-Calavi : D’importants efforts consentis mais invisibles sur la scène internationale

Géraud AGOÏ 22 octobre 2013

La majorité des enseignants qui interviennent dans les entités de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), sont nantis d’un doctorat de recherche. Ce diplôme convient donc à des travaux de recherche. Mais, quelle recherche fait-on à l’Uac et quels sont les domaines d’intérêts ? Combien sont les résultats ingénieux qui ont déjà impacté concrètement le quotidien des Béninois ? En quoi consiste le soutien de l’Etat béninois à la recherche scientifique ? Autant d’interrogations qui laissent le citoyen lambda sans réponses.

Stockholm, la capitale de la Suède a révélé au monde entier, dans la semaine du 7 octobre, les nouveaux lauréats des prestigieux prix Nobel de cette année 2013. C’est ainsi que le Belge François Englert et le Britannique Peter Higgs se sont vu décerner le prix Nobel de physique, la Canadienne Alice Munro, le prix Nobel de la littérature et bien d’autres chercheurs pour ce qui concerne les domaines de la médecine, de la chimie et de l’économie. Et comme d’habitude, aucun Béninois n’a accédé à ce cercle restreint de reconnaissance internationale. En allant rencontrer Clément Agbangla, généticien, Maître de conférences et responsable du laboratoire de génétique et de biotechnologie de l’Uac, une question nous obsédait : Est-il possible qu’un professeur de l’Uac reçoive un jour, un prix Nobel ? « Les prix Nobel sont décernés après plusieurs années de travaux de recherches scientifiques poussés et qui aboutissent à des résultats impressionnants capables de changer profondément les choses dans un domaine donné », a-t-il répondu. Publié par le Conseil scientifique de l’Uac, le ‘‘Rapport d’activité de la recherche Universitaire d’Abomey-Calavi 2012’’ rassemble les récentes données des efforts de recherche dans ce temple du savoir. Il indique qu’en 2012, grâce à ses écoles doctorales et ses 91 unités de recherches et laboratoires, l’Uac a publié 566 articles, dont 137 dans des revues à Impact Factor, 216 dans des revues Indexées et 213 dans des revues à Comité de lecture. Les publications, excepté la contribution budgétaire de chacun des établissements, ont été subventionnées à hauteur de 69 980 000 F Cfa par le Conseil scientifique. Quand on ajoute la part des différentes entités, ceci porte à 4 458 107 F Cfa, le coût moyen d’une publication. Ces publications sont, entre autres, des résultats de thèse, de Diplôme d’études approfondies (Dea), de Master, de recherche individuelle ou en équipe et ont embrassé les domaines tels que : les sciences agronomiques, les mathématiques, les sciences de la santé, les chimies et applications, le droit et les sciences politiques, l’éducation physique, les sciences de la vie etc. Pour optimiser ses ressources limitées et obtenir des résultats probants, le Conseil scientifique a expérimenté entre 2007 et 2010, le développement des équipes de chercheurs et des réseaux de laboratoire à travers des projets de recherche pertinents. Cette vision développée dans le programme : ‘‘ Projets fonds compétitifs de recherche’’ et rééditée en 2012, a permis de rassembler les chercheurs autour des thématiques précises et de privilégier l’approche pluridisciplinaire et inter facultaire. Les équipes sont composées de chercheurs nationaux et étrangers venus d’Afrique, d’Asie, d’Europe ou d’Amérique. Seulement, « le lien entre la recherche et le développement ne peut se justifier que si les résultats des différentes études qui en découlent sont publiés, diffusés et utilisés », fait remarquer Brice Sinsin, Recteur et Président du Conseil scientifique de l’Uac.

Des efforts invisibles sur la scène internationale
Entre 2006 et 2012, l’Uac a produit 2008 publications, toutes catégories de revues confondues, soit une moyenne de 335 publications par an contre 4 700 pour les universités de l’Afrique du Sud, 3 000 pour celles de l’Egypte, 1 000 pour celles du Nigéria et 650 pour celles du Kenya. Comparée au volume de publications d’articles scientifiques produites chaque année en Afrique (27 000), la contribution de l’Uac représente 1,2%. En l’état actuel, les chances pour qu’un professeur de l’Uac reçoive un prix Nobel sont quasiment inexistantes. Elles peuvent augmenter significativement si la vision globale de gouvernance au Bénin concernant la recherche scientifique change et lui accorde une certaine importance. Il s’agit concrètement de créer un environnement propice aux travaux scientifiques pour espérer des résultats ingénieux qui induisent le développement. Mais pour que cela se réalise, il faudra attendre, pendant longtemps encore peut-être.



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