Le consultant juridique David Sohou au sujet de la participation citoyenne à la Démocratie au Bénin : « Chaque béninois dispose des outils qu'il faut exploiter pour que sa voix compte »

26 mars 2024

La participation citoyenne est un pilier fondamental du progrès démocratique. Il permet à chaque individu de porter sa voix pour contribuer à l’essor d’une nation. Dans cette perspective, une certaine jeunesse s’est donnée pour tâche d’éduquer ses pairs à cette fin. Il s’agit du Creuset Africtiviste Citizen Labs Bénin qui se distingue comme un acteur majeur de l’émancipation civique. À travers ses initiatives novatrices et son engagement indéfectible en faveur de l’inclusion démocratique, cette organisation dynamique défie les barrières traditionnelles et donne une voix puissante aux citoyens béninois. Dans cette interview exclusive avec David SOHOU, Consultant Juriste, Spécialiste de Démocratie participative, Membre ACLB découvrons comment elle façonne activement le paysage social du Bénin, offrant ainsi une lueur d’espoir pour un avenir démocratique plus vibrant et participatif.

C’est quoi votre regard sur la Démocratie, participation citoyenne au Bénin ?
En tant qu’option politique pour le Bénin et pour bien d’autres pays africains et d’ailleurs, la démocratie demeure, en pratique, une quête permanente. Ce constat n’autorise pas à prêter flanc à l’entretien ou à la pérennisation d’une logique de « démocratie rentabilisée ou otage de ses acteurs » ; comme le dirait le doyen HINNOU.
Loin s’en faut la consolidation démocratique est intimement liée aux cultures politiques, lesquelles permettent d’interroger le militantisme, le civisme et la citoyenneté ainsi que les acteurs qui interagissent dans chacune de ces sphères sociopolitiques, toutes ouvertes aux enjeux et défis inhérents à la vie démocratique tout court.
Conséquemment, porter un regard ou un jugement sur l’état de la démocratie, ou plus spécifiquement sur l’état de la participation citoyenne au Bénin revient, pour ma part et ma foi, à fixer l’énigmatique question des regards sur le verre à moitié plein ou à moitié vide.
Les initiatives portant sur la démocratie et les transitions démocratiques, dans la perspective d’une adhésion massive et surtout dans celle incarnée par le local-level-politics, mettent en relief les citoyens d’en bas (ou ordinaires) analysés à travers leurs attitudes, leurs valeurs et leurs différents comportements. L’appropriation massive des normes et pratiques démocratiques donne corps à une culture politique, qui plus est <<< démocratique ».
Il s’infère que, vivant dans une communauté politique à laquelle il appartient, le citoyen béninois s’identifie à cet espace où sont défendues des valeurs et pratiques. Dans cette communauté politique, la citoyenneté est fonction du régime en cours.
Il va donc de soi que le verre est relativement à moitié plein et que, si les libertés fondamentales notamment celles relatives à l’expression de la presse ou de ces hommes/femmes sont quelque peu geôlées, il n’en demeure pas moins réel que l’expérience d’une démocratie plutôt substantive est amorcée. Chaque béninois dispose des outils qu’il faut exploiter pour que sa voix compte et porte dans la discussion citoyenne.

C’est quoi ACLB et quelles sont ses missions/Objectif ?
ACLB, entendez AfricTivistes CitizenLab Bénin, est un laboratoire de production d’idées novatrices, porté par des jeunes acteurs de la société civile. Elle vise à promouvoir l’engagement citoyen et la démocratie participative en analysant, dans une démarche de co-construction et de création sur la base de l’intelligence collective, les réalités temporelles de la démocratie au Bénin et en Afrique.
En tant que fabrique citoyenne, ACLB est constitué de 15 jeunes béninois à compétences variables parmi lesquels nous avons des Journalistes, des blogueurs, des acteurs de la société civile, des infographistes, des vidéographes, etc ; tous engagés à accompagner et outiller différents autres acteurs qui animent la vie démocratique au Bénin.

Quels sont les mécanismes pour atteindre ses objectifs ?
Pour atteindre ses objectifs, AfricTivistes CitizenLab Bénin fait du numérique un levier central et incontournable de son travail et de la recherche de solutions communautaires un axe fondamental de son action. En ligne, nous procédons à la production de contenus de valeurs que nous publions pour alimenter le débat citoyen sur la qualité de la gouvernance dans notre État et sur le continent. Nous apportons de l’eau au moulin des réflexions qui ornent l’espace civique et dont les objectifs premiers sont de contribuer à améliorer la place du citoyen dans la définition des politiques publiques et la participation de ceux-ci dans la mise en œuvre desdites politiques. A travers notre plateforme (https://citizenlabbenin.org/) en ligne, nous produisons des supports podcasts, des articles de réflexions, des vidéos d’éducation citoyenne et bien d’autres éléments dans le but d’exposer le maximum de jeunes et de citoyens interessés aux enjeux de la participation citoyenne pour une bonne gouvernance et une démocratie suffisamment forte et inclusive. Hors ligne, nous nous adressons également à notre cible de jeunes citoyens à travers des formations en présentiel et des actions de plaidoyers à l’endroit de divers acteurs de la chaine de décision pour influencer les angles d’approches politiques qui sont en cours pour régler des problèmes de notre commune société. Le but est de rendre lesdites décisions suffisamment sensibles aux attentes des citoyens qui s’organisent pour faire entendre leur voix. Les actions de plaidoyers sont également des outils pour nous qui servent à susciter l’action des gouvernants pour la mise en œuvre ou l’opérationnalisation de certains documents de référence nationale et régionale ; la CADEG et le Menu des Engagements Possibles notamment.

Depuis votre existence, quels sont les projets phares / activités phares déjà menées ?
Plusieurs projets ont déjà été mis en œuvre depuis la naissance de ACLB au Bénin. Nous avons notamment fait des campagnes de sensibilisation et d’engagement de la communauté en faveur des Droits humains (ceux de la femme plus spécifiquement) que nous considérons comme la dorsale de toute démocratie.
L’initiative 1Heure AvecACLB constitue également l’un de nos projets les plus intéressants au moyen duquel nous ‘‘détaboutisons’’ la démocratie et ses sujets corolaires en faisant en sorte que les questions de gouvernance publiques, de redevabilité ou d’engagement et participation citoyenne ne soient plus jamais élitistes. Et que les plus jeunes dans les écoles puissent déjà en saisir le sens et se préparer à en être des acteurs significatifs.
Définitivement, nous sommes également fiers de porter des programmes de formations tant en ligne qu’hors ligne pour renforcer la participation des jeunes à l’espace civique et à l’animation de la vie publique au Bénin.

Parlez-nous de votre formation à venir, celle qui concerne l’étape de Cotonou
Le laboratoire citoyen ACLB s’est donné comme objectif d’ici Juillet de faire une série de trois formations à travers le pays. Il s’agit de programme de renforcement des connaissances et des expériences sur les notions d’engagement citoyens, des mécanismes de participation citoyenne et la maîtrise des documents de références Internationaux en matière de Démocratie et de participation des jeunes. S’il est vrai que nous avons un axe de plaidoyer qui s’y consacre entièrement, nous avons jugé utile et nécessaire de conduire des modules simplifiés qui expliquent à nos pairs jeunes l’étendue du MENU DES ENGAGAMENTS POSSIBLES qui est un condensé des engagements que plusieurs OSC et des dirigeants mondiaux ont solidairement établis et qu’ils ont estimé qu’il faille recommander aux gouvernements des pays du monde pour favoriser l’insertion et l’inclusion des jeunes dans la gestion des affaires publiques.

Dites-nous un peu plus sur ce qu’est le MENU DES ENGAGEMENTS POSSIBLES
Comme énoncé précédemment, le MENU DES ENGAGEMENTS POSSIBLES est une palette de recommandations spécifiques et réalisables pour les gouvernements et les institutions internationales soucieux de promouvoir les droits et la participation des jeunes dans leur contexte national.
En effet, le Menu des engagements Possibles trouve vie dans un contexte de lancement de la << Youth Political and Civic Engagement Cohort >> lors de la dernière Journée Internationale de la Démocratie, par la YCD en partenariat avec plusieurs gouvernements, OSC et organisations internationales. Cette cohorte s’inscrivait dans le cadre de l’Année de l’Action du Sommet pour la Démocratie, initiée par le Président américain Joe Biden et avec la participation de la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Ces cohortes rassemblent des gouvernements, la société civile et le secteur privé pour promouvoir la bonne gouvernance et le renouveau démocratique dans le monde.
Le Menu des Engagements Possibles a donc été lancé en amont du Sommet pour la Démocratie, offrant aux États participants une série d’engagements pour prioriser, faciliter et renforcer la participation civique et politique des jeunes.
Le document comporte 33 recommandations que nous pouvons ranger en 5 familles d’action.

Un mot à la jeunesse
Nous ne sommes pas l’avenir ; nous sommes aujourd’hui. Le piège, sinon le danger de notre génération sera de continuer à remettre à demain notre légitimité d’action et notre responsabilité vis-à-vis de cette nation et de ce continent. Chaque Jeune est une valeur certaine sur laquelle l’État que nous constituons doit compter pour s’ériger comme un acteur dont la voix compte dans le ballet décisionnel des Etats mondiaux.
Nous sommes aujourd’hui et non demain, responsables de ce qu’est et restera notre pays en terme de développement et de démocratie plus spécifiquement. Le développement commence nécessairement par nous, citoyens. Il commence sans aucun doute par nous, les jeunes.
Agissez. Agissez avec responsabilité. Agissez légalement. Agissez avec stratégie. Quoiqu’il en soit, agissez. Ce n’est que de la somme de nos actions cumulées que la bâtisse nation-béninoise trouverait un sens dans l’agora des démocraties de ce monde. Personne ne viendra le faire à notre place et très certainement, personne ne veillera à la bonne foi de nos dirigeants quand nous avons fini de les choisir. Nous, citoyens, sommes le peuple. Et ce n’est que notre pouvoir à nous auto gouverner entre les mains de nos élus pour notre propre compte qui détermine la qualité de notre démocratie. Agissons définitivement !!!



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