Récurrence des chavirements de barque sur les plans d’eaux territoriaux : urgence d’assainir le transport fluvial

21 avril 2024

Août 2023. Malanville. Sur le fleuve Niger. Chavirement d’une barque en direction de Gaya. Bilan : des pertes en vies humaines. Février 2024. Toujours sur le fleuve Niger. Rebelote dans des circonstances similaires. Avril 2024. Cotonou. Lac Nokoué. Enième chavirement de barque avec des pertes en vies humaines. Ces drames répétitifs remettent chaque fois au goût du jour l’importance et même l’urgence d’asseoir durablement et sérieusement les bases du transport fluvial au Bénin. Une bonne frange de la population installée aux abords des cours d’eaux privilégie ce mode de transport plus adapté à leurs activités et leur déplacement. Hélas, depuis des décennies, ce secteur est pratiquement laissé à lui-même sans interventions majeures de la puissance publique.
Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, le Bénin est traversé par plusieurs cours d’eaux qui font le bonheur des populations riveraines. Outre la pêche, la traversée de ces étendues d’eau à pirogue offre une mobilité rapide et à moindre coût. La fréquence de l’utilisation des eaux comme moyen de transport explique la récurrence des accidents qui créent le deuil et la désolation dans leur sillage. En effet, la plupart du temps, les passagers, dépourvus de ressources conséquentes, empruntent en surnombre des embarcations de fortune. A ce défaut majeur s’ajoute l’amateurisme des barreurs formés sur le tas et pas toujours aptes à réagir comme il faut face aux intempéries ou aux caprices des eaux.
Il appartient donc aux gouvernants de s’impliquer dans ce secteur pour y faire régner l’ordre et la discipline à travers la mise en place d’une véritable politique de transport fluvial avec la mise à contribution du secteur privé. Cela passe par le recensement des cours d’eaux navigables, la création et la délimitation des voies de circulation fluviale, la modernisation des embarcations adaptées pour le transport des personnes mais aussi des biens, l’obligation du port de gilets de sauvetage pour tous les usagers, l’équipement de la police fluviale pour veiller au grain, la mise en place d’un corps de secouristes formés et équipés avec l’implication active des sapeurs-pompiers…
Ces actions permettront à terme de protéger les vies mais aussi de sécuriser les biens. Si le transport fluvial est bien pensé, le nombre d’utilisateurs de ce service va augmenter et cela réduira du coup la pression sur les rues asphaltées, augmentant ainsi leur durée de vie. L’eau est une opportunité, une chance. Elle finira par créer moins de dégâts si des professionnels s’occupent de ce secteur en toute responsabilité.



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