En vérité : La galère du football béninois

Moïse DOSSOUMOU 17 juillet 2018

Comme d’habitude, ils ont suivi les matchs entrant dans le cadre de la 21ème édition de la coupe du monde sur leurs petits écrans. Comme d’habitude, ils se sont résolus, faute de représentants légitimes, à grossir les rangs des supporters de telle ou telle autre équipe. Comme d’habitude, ils se sont laissés emporter par la fièvre de la compétition oubliant que leur seul intérêt réside dans le plaisir tiré des 64 confrontations qui se sont déroulées en Russie. Les Béninois auraient bombé le torse avec fierté si les « Ecureuils » avaient réussi à se faire une place parmi les 32 équipes qui se sont livrées de chaudes explications sur le rectangle vert. Ils n’ont eu ce bonheur qu’à un niveau inférieur, à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations. A trois reprises, en 2004, en 2008 et en 2010, les « Ecureuils » ont franchi le palier des éliminatoires. Toutes les fois, ils ont été éliminés lors des matchs de poule.
A contrario, d’autres pays africains très proches du Bénin sont des habitués des grandes rencontres internationales. Le Nigéria, le Ghana, le Sénégal et même le Togo ne se font plus conter le prestigieux événement qu’est la Coupe du monde de football. Améliorer à l’avenir les performances de leurs ambassadeurs, tel est le leitmotiv des décideurs de ces nations. Mais au Bénin, tout est encore à faire. Le football est encore à l’étape de balbutiements. Les talents qui ne demandent qu’à s’exprimer pour relever le niveau de leur pays sont sacrifiés sur l’autel de la cupidité et des querelles de clocher à n’en plus finir. Les joueurs, désabusés et mésusés, finissent, la mort dans l’âme, par enterrer leurs ambitions. Les plus « chanceux » se contentent, après avoir gaspillé leurs ressources et leur énergie à courir en vain derrière leurs rêves, d’une place en deuxième ou troisième division dans des championnats plus sérieux que le nôtre.
La fédération béninoise de football qui devrait être un laboratoire, un sanctuaire dédié à la cause du sport roi n’est plus que l’ombre d’elle-même. La politique du pourrissement qui y a cours depuis des années a fini d’enterrer les espoirs brûlants que les Béninois ont placés dans cette institution. D’année en année, l’opinion a la triste impression que la promotion et l’émergence du football béninois ne préoccupent plus les responsables de cette fédération. A l’approche des diverses éliminatoires, une équipe nationale ad hoc montée de toutes pièces est jetée en pâture à ses adversaires qui se dépêchent de s’en défaire pour évoluer sur leur parcours. Les sous du contribuable engloutis dans des prétendues préparations des « Ecureuils » s’assimilent, au vu des piètres résultats enregistrés depuis des années, à de l’argent jeté par la fenêtre. C’est peu dire que sur le plan du football, le Bénin tourne en rond.
Comme l’a dit Florent Couao Zotti, « le football a tellement progressé que les bricolages et les approximations du siècle dernier ne peuvent plus prospérer ». Il suffit simplement que la fédération, en bonne intelligence avec le ministère en charge des sports, crée les conditions pour que les talents s’expriment et que le Bénin prenne son envol. Visiblement, c’est trop demander. En Russie, à l’occasion du Mondial, des nations ont fait sensation. Des pays aux dimensions territoriales modestes comme celles du Bénin avec une population peu fournie se sont davantage révélés. Même s’il est sous-développé, le Bénin peut faire autant que la Croatie, la Belgique et la Suède à un rendez-vous aussi prestigieux que le Mondial. Pour ça, il ne faut pas grand-chose. Avec une bonne dose d’ambition et un brin de patriotisme, le tour est joué.



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