entretien avec Athanase Bocco, membre du comité transitoire consensuel : « …Nous avons laissé de côté nos égos, c’est la Nation qui compte… »

Ambroise ZINSOU 19 janvier 2017

Membre du Camp Victorien Attolou pour siéger au sein du bureau exécutif transitoire consensuel, le président Coordonnateur des Requins, Athanase Bocco se confie à votre journal. Il évoque les conditions qui ont abouti à la signature du protocole d’accord, le rôle prépondérant joué par le Chef de l’Etat et la polémique au sein des Requins. Il n’a pas occulté la question de la Can Gabon 2017 et les prochaines éliminatoires Cameroun 2019.

Quelles ont été les réelles motivations pour la signature du protocole d’accord ?
C’est la première fois que je vois un Exécutif s’intéresser à la chose et considérer que nous aussi nous sommes une partie importante dans la résolution de la crise au sein de la famille du football. En cela, je leur tire chapeau. Il faut être honnête. Nous avons tous eu pendant une décennie, un Exécutif qui ne sait que créer les crises. Aujourd’hui, nous avons à ce que j’observe, un Exécutif qui ne sait que régler les crises.

Pouvez-vous nous dire que c’est déjà la victoire et que la crise est du passé ?
Non ! Crier victoire, c’est trop tôt. Mais quand je vois les têtes de pont comme l’Honorable Augustin Ahouanvoébla, le président Victorien Attolou, mon frère Sylvain Lawson et autres, permettez que je dise qu’on a laissé de côté nos égos pour dire qu’il y a plus important que ça comme l’a martelé le Chef de l’Etat, la Nation. Donc, c’est déjà un grand pas. Pour le moment, c’est la Nation qui compte.

Est-ce à dire que la résolution de la crise passe forcément par une volonté politique ?
Comme je l’ai dit tantôt, il y a absolument la volonté politique qui est plus forte que la volonté technique, footballistique. Non ! Parce qu’en fait, ce que vous ne saviez pas, les dessous de cette crise sont politiques. C’est vraiment ça le problème puisqu’il y a certains qui se retrouvent à la Caf ou à la Fifa et qui font croire aux différents chefs d’Etat de certains pays que de leur popularité dépend l’évolution du football dans leurs pays respectifs, des victoires arrachées quelles qu’en soient les conditions.

Quelle est votre appréciation par rapport à la démarche du Chef de l’Etat qui, sans tambour, est en train de résoudre cette crise qui a longtemps duré ?
Je dirai d’entrée de jeu que c’est le côté fort du président de la République, Patrice Talon, de faire ses choses sans pour autant crier. C’est pour ça que le silence est fort. En faisant confiance à son jeune ministre que je salue au passage, il a fait adopter une démarche qui a été un peu difficile au départ dont le fond était qu’on commence par se rencontrer et se parler. Ce qui était important. Ensuite, ça aboutit le 23 décembre dernier. Je rappelle que ce 23, le Chef de l’Etat a posé deux actes majeurs. Le premier, c’est que tous les camps ont pu apposer leur signature, en plus du ministre des sports et celui de la justice, garde des sceaux. Et ceci, devant le Chef de l’Etat. Après, c’est le président Anjorin Moucharafou qui a remis de sa propre main le protocole signé au président de la République. Enfin, le Chef de l’Etat dans son discours a répondu à Anjorin Moucharafou qui se nommait président de la Fédération béninoise de football en disant « Monsieur le président du bureau exécutif transitoire et consensuel de la Fédération béninoise de football ». C’est très important dans le futur. L’essentiel pour le moment, c’est de s’entendre au niveau des séances de travail, de réécrire le football béninois et de partir sur de nouvelles bases. Vous voyez ce qui se passe actuellement au Gabon, les équipes s’équivalent. Donc, le Bénin aussi pouvait avoir sa place.

Que pensez-vous du congrès organisé au lendemain de cet acte mémorable du Chef de l’Etat afin d’accepter les six nouveaux membres dont vous faites partie ?
Je suis redevable vis-à-vis du Chef de l’Etat et par ricochet au ministre des sports. Ceci dit, le camp Anjorin est libre de se réunir pour décrypter à leur manière le protocole d’accord et voir ce qui reste à faire dans le futur tout comme mon camp et celui de l’Honorable Augustin Ahouanvoébla. Nous faisons des réunions nous aussi, mais pourquoi on n’appelle pas ça congrès ? On se voit pour étudier les contours du protocole d’accord afin de nous préparer pour travailler ardemment pour ne pas décevoir le président de la République. Donc, chacun est libre de se réunir et ils se sont réunis, c’est tout.

Cette crise a aussi perturbé la vie au sein des Requins. Aujourd’hui, que vous êtes membre du bureau transitoire, êtes-vous prêt à une possible réconciliation ?
Je ne ferai pas de polémiques à ce niveau pour dire que tel ou tel ont tenté quelque chose. Je dis non, personne ne s’est rapproché de moi. Ensuite, je ne me vois pas gagnant. Je suis allé au Comité, grâce à la volonté du Chef de l’Etat et de certains de me voir là pour travailler. Ma présence là se justifie par comment réécrire le football béninois à travers les textes et penser à la mise en application et faire redémarrer le championnat. Pour parler des Requins comme vous insistez, je vous dis toute suite, qu’il n’y a jamais eu de crise ni de polémique. Mais, j’ai été intransigeant lors de ma dernière sortie pour dire que, si les gens se lèvent pour dire qu’ils ont un « Requins », ils sont libres. Comme je l’ai dit, Manchester United, Manchester City, Ac Milan Inter Milan et autres, alors, il peut y avoir Requins de Cotonou ou Requins du Littoral. Chacun est libre désormais d’avoir un club. Ce problème est tranché. On ne va plus revenir derrière parce que certains individus animés de mauvaises volontés pour la plupart et de moralités douteuses créent la polémique pour après dire qu’ils sont venus à la table de négociation et qu’on a fini par s’entendre pour prendre des sous. C’est fini, il n’y aura plus ça. Vous avez vu ça aux Dragons, aux Buffles, aux Caïmans, dans les autres clubs ? Pourquoi c’est toujours aux Requins ? Parce qu’il y a des individus mal intentionnés qui ne vivent que de ça car, ce n’est pas bon de faire des années dans certains milieux peu orthodoxes. Cela ne donne pas de bonnes habitudes.

Après la signature du protocole d’accord, avez-vous échangé avec Sébastien Ajavon qui vous a délégué son pouvoir ?
A cette question, je réponds en disant qu’il n’est plus du tout du côté des Requins puisque le club a été légué et j’ai les documents en ma possession. Attendez de voir ce qui va se passer. Permettez que je sois ferme là-dessus.

Actualité oblige, votre regard sur la Can qui se passe actuellement au Gabon
Je pense qu’il n’y a plus de petites équipes et que toutes les équipes s’équivalent. Et c’est difficile de faire un pronostic pour dire c’est tel pays qui va remporter la Can. Le Bénin aussi pouvait faire sensation à cette Can si nous y étions. Mais souffrez que je vous dise que par rapport aux autres compétitions continentales telles que la Coupe d’Europe et la Copa America, le niveau de jeu est bas et il faut travailler. Ce n’est pas qu’on est incapable, mais il faut de sérieux pour mieux organiser cette seule compétition qui réunit toute l’Afrique. Néanmoins, c’est déjà un grand pas. Je crois que le problème fondamental, c’est au niveau de l’administration du football en Afrique. Ça, je le dis et je le répète.

Le groupe du Bénin pour 2019 Algérie, Togo et Gambie. Pensez-vous que le Bénin peut décrocher une place de meilleur deuxième ?
C’est nous qui serions premiers. Nous ne serons pas meilleur deuxième, je vous le dis d’entrée de jeu. C’est le Bénin qui sera premier et vous allez voir. Nous avons les moyens pour y arriver. C’est l’occasion pour nous d’en profiter et vous verrez.
Propos recueillis par Ambroise ZINSOU



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