Entretien avec Edouard Kiti, Brigadier de Paix et Directeur technique de l’As Police : « … Nous allons nous atteler à corriger les imperfections, mais l’objectif reste le même… »

Ambroise ZINSOU 27 mars 2014

Ancien capitaine de l’Association sportive de la Police nationale, Edouard Kiti, Brigadier de Paix et actuel Directeur technique du club se confie à votre journal. Il fait le bilan à la trêve des prestations du club qui passe sa deuxième saison dans l’élite du sport roi béninois. Il se prononce aussi sur le niveau actuel du football béninois.

Quel bilan faites-vous de l’équipe de l’As Police à la trêve ?
Je vous remercie. Par rapport au championnat, tel que vous-mêmes vous l’avez constaté, l’As Police s’était préparée pour. Les objectifs de l’As Police fixés par la hiérarchie, en l’occurrence le directeur général de la Police nationale (Louis Philippe Houndégnon, Ndlr) qui a bien voulu engager l’équipe pour le championnat ont été clairs. Cette fois-ci, vous n’allez plus me dire que c’est un essai, l’As Police doit se qualifier pour une compétition internationale. Très tôt, on s’y est attelé. On a effectué quelques recrutements, ce qui a fait que l’équipe a été remaniée à 80%. Il faut l’avouer, cela a joué un peu sur l’équipe en début de saison puisque la mayonnaise a mis du temps pour prendre pour ce qui est de la cohésion. Je salue sincèrement le staff technique qui abat un travail formidable et qui, en douce, nous a amenés à la trêve avec un bilan plus ou moins satisfaisant. A l’issue de cette phase aller, nous avons fait 6 victoires, 4 matches nuls et 3 défaites. Ce qui nous a placés en quatrième position après l’Aspac qui compte 26 points, l’As Tonnerre qui compte 23 points. Panthères compte le même nombre de points que nous (21 points) et comme en confrontation directe, ils nous ont gagné, ils passent devant nous à la 3ème place et nous à la 4ème place. Pour un début, je pense que ce n’est pas trop mauvais parce que l’équipe a connu beaucoup de mutations avec le changement de l’encadrement technique et le remaniement de l’effectif. Mais on aurait souhaité prendre tout de suite la première place si entre-temps, on n’avait pas fait de faux pas. Donc, nous allons nous atteler à corriger les imperfections, mais l’objectif reste le même.

L’As Police a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Sur le plan technique et sur le plan de la qualité compétitive, des contacts ont été pris pour renforcer l’équipe. Quand ça va commencer, vous-mêmes, vous aurez le temps de constater les changements. Maintenant, quant aux moyens financiers et autres, la direction ne ménage aucun effort pour mettre les moyens à notre disposition afin que tout se passe bien. C’est une œuvre humaine, donc acceptez que tout ne soit pas rose. Petit à petit, nous allons nous atteler à réunir les moyens afin que l’objectif soit atteint.

Les joueurs sont-ils régulièrement rémunérés ?
Je sais que vous êtes un journaliste d’investigation affûté. Je vous laisse le soin d’aller vérifier si nos joueurs sont régulièrement payés. Depuis mon arrivée, la Police ne doit rien aux joueurs. Nos joueurs sont payés 12 mois sur 12. En fait, nos joueurs sont sous contrat signé en bonne et due forme. Donc, je vous laisse le temps d’aller vérifier. Vous savez, la Police est un corps respectable. Alors, nous ne pouvons pas faire de l’à peu près.

Qu’est-ce que cela fait lorsqu’on fournit des joueurs en équipes nationales ?
Cela fait beaucoup plaisir. D’abord, dès le début, et conformément à ma ligne de recrutement, j’ai mis un accent particulier sur les jeunes. J’ai exigé à l’encadrement de donner une marge aux jeunes talentueux qui doivent grandir avec nous et qui peuvent apporter quelque chose à nos sélections nationales des catégories d’âges. Aujourd’hui, je pense que les entraîneurs doivent être contents au même titre que moi de constater que nos jeunes talentueux joueurs ont été appelés en équipe nationale, notamment au niveau des cadets (2 joueurs Ndlr). Ils doivent se dire que j’avais vu juste en exigeant des jeunes au sein de notre effectif, puisqu’ils ont également pour rôle de former afin que l’As Police, à travers sa participation au championnat national, puisse aussi apporter quelque chose de positif au développement du football au Bénin.

Comment préparez-vous la phase retour ?
Comme vous l’avez constaté, le championnat était trop musclé parce qu’il a démarré avec beaucoup de retard. Cela a fait qu’au bout de deux mois, la phase aller a pris fin sur 13 journées. Déjà, dès les dernières journées, nous avons commencé par prendre des contacts parce qu’au fil des matches, nous avons eu le temps de se rendre compte de la capacité compétitive de nos joueurs. Ce qui nous permet désormais de savoir les touches à opérer. On a donné quelques jours de repos aux joueurs, on reprend les entraînements ce jour. Sur la base du rapport que j’ai produit, je suis heureux que la direction est prête à nous accompagner pour l’atteinte de notre objectif.

Votre appréciation sur le niveau du championnat
Le niveau est globalement moyen pour un retour après 6 mois d’inactivité. On ne pouvait s’attendre à mieux que cela. Je pense qu’au fil des matches, les joueurs ont commencé par reprendre confiance car, le niveau a été catastrophique et ça il faut le reconnaître. Vous savez, au départ, on n’y croyait pas trop et on s’était laissé embarquer dedans. Je puis dire que si des dispositions ont été prises par le nouveau Comité exécutif de la Fédération béninoise de football pour qu’on soit situé à temps, cela permettra aux dirigeants de clubs de prendre des dispositions adéquates pour relever le niveau de jeu. Oui, c’est un football de niveau moyen, mais nous n’avons pas le choix puisqu’il s’agit du football de notre pays. Il nous revient de faire de notre football ce que nous voulons pour son rayonnement. Personne ne sera de trop, chacun doit y apporter du sien. Quand les esprits vont se calmer, je pense que le football béninois a de nouveaux jours devant lui.

Un appel à l’endroit de la famille du football béninois
Je voudrais d’abord exhorter toute la famille du football au calme, surtout à la patience et à y croire. Les grandes nations de football que nous envions, ont également pris par là. Cela fait partie des étapes de la vie et c’est inhérent à toute œuvre humaine. Je pense que si on peut déjà se pardonner, s’accepter et s’entendre autour du sport roi béninois, ça peut aller. Je voudrais que l’organisation au niveau des clubs se fasse bien et il va falloir que la Fédération nous aide à mieux organiser le championnat, à mieux organiser nos clubs. Lorsque la Fédération se fixe des objectifs et les respecte, les dirigeants de clubs seront contraints de s’y conformer. Ce qui mettra fin au copinage et au favoritisme. De là, chacun saura qu’il y va et s’il ne prend pas ses dispositions, il va subir. On ne doit plus penser que quelqu’un vient au football pour jeter de l’argent par la fenêtre. Une fois encore, je les exhorte à l’union.
Propos recueillis par Ambroise ZINSOU



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