Les funambules et les somnambules

La rédaction 7 juillet 2014

Le fait le plus marquant de ce mondial est, malheureusement, une tragédie. Celle de la grave blessure de Neymar, la jeune star brésilienne, désormais mondiale. Il paraît qu’à 2,5 cm près, il aurait pu être paralysé, irrémédiablement. Mais pour notre part, nous allons essayer de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Cette chronique va chercher à dédramatiser l’évènement. En parodiant les textes du célèbre Mamane de Gondwana, interprétés par le non moins célèbre Digbeu Cravate, dans son rôle de professeur de football, sur la chaîne qui diffuse les matches vers nos télévisions africaines :
Vous savez, en football, il y a 2 catégories majeures. Les funambules et les somnambules, même si, entre eux, il y a la majorité que forment les anonymes. Les funambules sont ces acrobates qui font dans l’extraordinaire, comme danser sur une corde raide, même à des dizaines de mètres au dessus du sol. C’est un sport tellement dangereux qu’ils savent que chaque instant de leur vie peut en dépendre. Alors, ils font fi des difficultés et des risques en se concentrant sur ce qu’ils ont à faire, tout orientés vers leur seule réussite. A coup d’heures interminables et douloureuses d’entraînement, ils finissent par maîtriser leur art et nous offrent les spectacles devant lesquels nous sommes abasourdis. Au point de nous demander par quelle magie ils procèdent. Il en est de même des footballeurs dont nous ne citerons, malheureusement, que quelques échantillons, par génération, pour réveiller la mémoire de nos parents ou grands-parents encore vivants. Il y a les Brésiliens Léonidas, l’inventeur du retourné acrobatique (bicyclette), surnommé le Diamant noir, Pelé, le plus grand de tous les temps, Ronaldo qui a réinventé le rôle d’avant-centre buteur et l’actuel Neymar. Il y a aussi les Argentins Maradona et Messi, les Colombiens Valderrama et James Rodriguez, le Costa Ricien Joel Campbell ou le Portugais Cristiano, le Hollandais Robben. Ils nous régalent par leur immense talent acquis à force de travail et de sacrifices. Ils endorment leurs adversaires par leur technique et leur inventivité qu’ils ont savamment cultivées. De l’autre côté, il y a les somnambules, bêtes et méchants. Plutôt que de travailler intelligemment, ils réfléchissent à comment labourer les tibias de leurs adversaires. Ou encore, comment les détruire physiquement. Ils s’y concentrent avec leur cerveau transféré à leurs pieds. Mais, à l’arrivée, ils sont tellement tournés en bourrique qu’ils en sont atteints de syndromes bizarres, comme celui du somnambulisme. Cela se manifeste par des sommeils perturbés. D’aucuns se lèvent la nuit, de leur lit, et se dirigent, complètement inconscients, vers leur pot de W.C où ils continuent leurs ronflements. D’autres, toujours endormis, marchent comme des automates jusqu’au terrain où ils ont été martyrisés, si celui-ci n’est pas loin. Il y en a même qui ont tellement couru dans le vide que leur fringale s’en trouve accentuée, même s’ils avaient bien dîné avant. Ils se lèvent en pleine nuit, toujours endormis, vont à la cuisine ou ouvrent le frigo, mangent goulûment, avant d’aller continuer leur sommeil auprès de Madame, comme si de rien n’était. Celle-ci, qui avait assisté au match et avait vécu les souffrances de son conjoint, reste imperturbable. Elle en a pris l’habitude, à force d’assister aux matches de celui-ci. Elle sait que ce sont les funambules qui ont rendu son mari somnambule. Entre les deux catégories, il y a les joueurs de devoir. C’est cet assemblage qui nous oblige à assister à ces matches ternes juste éclairés par les éclairs des artistes funambules.
Voilà, le football, ce n’est pas compliqué, surtout quand c’est expliqué par un spécialiste. Dixit Digbeu Cravate.
Béchir Mahamat



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