Mondial 2014 : La chute des vrais combattants

François MENSAH 1er juillet 2014

A vaincre sans péril, on triomphe assurément sans gloire. Cette phrase qui date d’une époque lointaine et qui fut révélée par les écrits de Pierre Corneille restera certainement gravée dans les mémoires des adversaires de certaines équipes qui ont d’ores et déjà dit adieu au mondial brésilien, mais qui n’ont guère démérité. Le Brésil n’oubliera certainement pas le formidable collectif chilien qui a failli ôté à tous ses fans le plaisir de le voir poursuivre son parcours dans sa coupe du monde. Étincelants lors de leurs différentes sorties, Alexis Sanchez et ses coéquipiers n’ont pas démérité. Le malheur s’est hélas abattu sur eux lorsqu’ils ont croisé la route des Auriverde après avoir abandonné la première place de leur groupe aux Pays-Bas. De toutes les façons, l’histoire retiendra que cette génération dorée aura défendu avec brio les couleurs de son pays tout comme le Mexique. Le Mexique justement a été l’une des plus belles attractions de ce mondial pour le moment. Le jeu fluide et limpide des « tri » n’a laissé personne indifférent. De nombreux analystes regrettent d’ailleurs l’élimination de « Chicharito » et de ses compagnons d’infortune qui méritaient mieux qu’une cruelle élimination en huitième de finale alors qu’ils étaient sur le point de terrasser l’ogre néerlandais à dix minutes de la fin du temps règlementaire. Les amoureux du beau jeu en veulent encore à la nature qui a voulu que le sort s’acharne sur cette bande de joyeux lurons emmenés par un excellent gardien de but (Guillermo Ochoa), l’un des meilleurs de cette compétition. En attendant d’essuyer les larmes du peuple mexicain qui a par ailleurs perdu un de ses supporters, le monde du football peut tout de même avoir une certaine compassion pour le Ghana qui, avec un peu plus de réussite et de chance aurait pu figurer parmi les représentants du continent noir en huitièmes de finale. L’égocentrisme exacerbé de certains joueurs et la classe des adversaires ont malheureusement fait trébucher les Etoiles noires qui cette fois ci n’ont pas brillé comme elles l’ont remarquablement fait en 2010. Seul lot de consolation pour les poulains de James Kwassi Appiah, son protégé Gyan Asamoah a réussi à détrôner le légendaire Roger Milla de son titre de meilleur buteur africain de l’histoire de la coupe du monde. En inscrivant six buts en trois éditions, Gyan s’est valablement illustré. Le monde du football regrettera certainement ces nations qui auraient pu mieux faire. Mieux que leurs frères ghanéens, les Nigérians ont pour leur part répondu présents face à la France. Un manque de réalisme et de lucidité a fait basculer les Super Eagles qui, franchement, ont été superbes dans le gotha des nations qui vont suivre le reste du mondial devant la télévision. Ce qui est bien regrettable pour une formation qui aura produit devant les Bleus sa meilleure prestation de la compétition. Le réalisme aura à plusieurs égards vaincu l’enthousiasme durant cette coupe du monde. Jean de la Fontaine avait peut-être raison en disant que la raison du plus fort est toujours la meilleure.



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