Scolari au devant des ennuis

La rédaction 4 juillet 2014

Depuis le début de ce Mondial qu’il organise, le Brésil montre un visage vraiment inquiétant. Il ne doit sa présence, en ¼ de finale, que par le seul Neymar, surtout en poule, et à la chance qui a accompagné la forme étincelante de Julio César, son gardien de but lors des 8è face au Chili. La faute, en premier, au sélectionneur Felipe Scolari, seul responsable de la sélection et de la composition de l’équipe. Insipide et sans liant, le football de ce Brésil est d’un ennui à la limite du soporifique. Seul Neymar surnage et se montre digne de la réputation de bon joueur brésilien. Le reste est un ramassis d’ouvriers besogneux, à la technique rustre, qui ont fini par déteindre sur Marcelo et Dani Alves qui, pourtant sont très performants dans leurs clubs respectifs. Même Thiago Silva, le capitaine, considéré comme le meilleur défenseur au monde, en a perdu de son assurance. Au point de décliner sa responsabilité au moment de la 1ère série des tirs au but, face au Chili. L’unanimité est faite, aujourd’hui, que le Brésil ajoute un mental défaillant à une qualité d’ensemble plus que suspecte. C’est là où le sélectionneur, Scolari, devait faire le rappel de ses troupes par un dialogue de tous les instants, de façon collective, mais, surtout, individuel. Cette façon psychologique de remonter le moral de ses troupes fait partie des qualités majeures d’un meneur de troupe. Surtout si cette troupe s’appelle Brésil et que, compte tenu de l’obligation de résultats qui lui est imposée, elle va être soumise à une tension permanente et gigantesque. Si Scolari avait eu la présence d’idée de faire appel à sa mémoire, il se serait souvenu que, lors de la finale de l’Euro 2004, le Portugal qu’il dirigeait et qui accueillait la compétition, avait perdu face à la Grèce qui était loin d’avoir la faveur des pronostics. Pourtant, cette équipe du Portugal regorgeait de joueurs de niveau mondial. Citons pour seuls noms quelques titulaires comme Luis Figo, Pauleta, Ricardo Carvalho, Déco et Cristiano Ronaldo. Il est vrai que Neymar, Thiago Silva, Marcelo, David Luiz, Dani Alves peuvent faire partie de ce ghotta. Le vrai problème se trouve au niveau de la comparaison de tout le reste des sélectionnés brésiliens avec les réservistes portugais de l’époque. Aucun d’eux ne peut tenir la comparaison avec Rui Costa, Nuno Gomez, Fernando Couto, Simao, Tiago ou Elder Postiga. Pourtant, toute cette pléiade d’excellents joueurs avait vu le trophée échapper au Portugal. Juste parce que leurs seuls talents n’avaient pas suffi pour surmonter la pression ambiante. Scolari aurait dû puiser dans cet échec pour protéger ses joueurs plutôt que de les livrer à la vindicte populaire par presse interposée. Même si en 2002, il avait conduit le Brésil pour sa 5ème victoire en Coupe du Monde, il est loin d’être prémuni contre un retour de manivelle en cas d’échec. Le peuple brésilien a toujours, en mémoire, la constellation d’étoiles qui composaient l’équipe. Cafu, Roberto Carlos, Lucio, Rivaldo, Ronaldinho et le grand Ronaldo étaient comptés parmi les meilleurs au monde. Ils n’avaient, quasiment, besoin de personne pour ramener le précieux trophée à la maison. Entre sa modeste contribution à cette victoire et son cuisant échec de 2004, avec le Portugal, Scolari aurait dû s’inspirer du 2ème résultat pour savoir que le mental est fondamental si l’on veut aller au bout de ses idées. Même si Thiago Silva n’avait pas eu le cran d’être parmi les premiers candidats des tirs au but, il lui revenait, après la qualification, de lui pardonner et de lui faire comprendre en tête-à-tête, les devoirs d’un capitaine. En lieu et place, il l’a publiquement descendu alors que le Brésil a plus besoin d’un capitaine serein que d’un joueur ébranlé. Osons espérer que les psychologues réussiront à compenser les tares du sélectionneur et remonter le moral des joueurs. Sinon…
Béchir MAHAMAT



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