Bénin : Joël Aïvo et ses co-accusés plaident non coupables devant la Criet

Karim O. ANONRIN 6 décembre 2021

Le procès du Professeur agrégé en droit constitutionnel, Joël Frédéric Aïvo, comme prévu, candidat recalé par l’ex-Commission électorale nationale autonome (CENA) à l’élection présidentielle de 2021 a effectivement démarré ce lundi 6 décembre 2021 à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) à Porto-Novo. Poursuivis pour complot contre la sûreté de l’Etat et blanchiment de capitaux, le Professeur Joël Frédéric Aïvo et ses co-accusés Alain Gnonlonfoun, Boni Saré Issiakou et Ibrahim Moudjaïdou ont tous plaidé non coupables. Mais dans les faits relatés hier par les différents accusés appelés à la barre, il y eut quelques révélations. A titre illustratif, c’est Me Robert Dossou, l’un des Avocats de Joël Frédéric Aïvo qui a annoncé à les couleurs lorsque la présidente de céans a rappelé les chefs d’accusations qui pèsent sur ses clients. « Nous allons utiliser les moyens que nous donnent les instruments juridiques nationaux et internationaux pour défendre leur droit. Nous n’allons pas laisser de côté nos prérogatives pour quoi que ce soit », a dit Me Robert Dossou. A la barre, Boni Saré Issiakou, accusé d’être de mèche avec Joël Frédéric Aïvo, a laissé entendre ne jamais l’avoir rencontré, mais qu’il aurait été en contact avec l’un de ses proches, en l’occurrence un certain Gilbert Zinsou. L’autre déclaration rocambolesque de l’accusé Boni Saré Issiakou hier à la barre est qu’il n’a pas nié les accusations de préparation de coup d’Etat à la seule différence que pour lui, ce n’était qu’un montage pour escroquer un certain Arnaud Houédanou, un opérateur économique en désamour avec le fisc. Toujours à la barre, comme l’accusé Boni Saré Issiakou, son co-accusé Alain Gnonlonfoun a déclaré n’avoir jamais rencontré le Professeur Joël Frédéric Aïvo avant l’éclatement de cette affaire. Ce qui n’a pas empêché la présidente de céans, Christelle Adonon de présenter une déclaration prévue pour être lue après la réussite du supposé coup d’Etat.

La question de la provenance des ressources financières du Professeur Aïvo
S’il y a une question qui a taraudé les esprits des juges de la CRIET hier au premier jour de procès, c’est celle relative à la provenance des ressources financières du principal accusé, le Professeur Joël Frédéric Aïvo. Sur le sujet, ce dernier n’est pas allé par quatre chemins pour justifier la provenance des fonds de sa caution électorale. Le Professeur Joël Frédéric Aïvo, sûr de lui, a dénoncé le procès en pauvreté fait contre lui pour connaître l’origine des 50 millions Fcfa de caution payés dans le cadre de la présidentielle de 2021. Pour lui, être Professeur de droit n’est pas synonyme d’être incapable de payer une caution de 50 millions Fcfa, d’autant plus qu’il exécute des consultations à l’international et qu’il bénéficie du soutien de ses amis et proches.

Joël Frédéric Aïvo se plaint de la violation de ses droits en prison
Dans l’une de ses déclarations, Joël Frédéric Aïvo s’est plaint d’avoir été abandonné. Ceci, pour convaincre la Cour de son innocence dans ce qui lui est reproché. « Depuis 8 mois, l’État m’a abandonné et livré à mes adversaires politiques. Depuis 8 mois, je n’ai rencontré sur mon chemin de croix aucun serviteur de l’État soucieux de mes droits. Madame la Présidente, l’État m’a abandonné aux mains de mes accusateurs qui ont eu le loisir de faire de moi, ce qu’ils ont voulu et parfois en violant les lois de la République. En huit 8 mois, on m’a affligé toutes formes d’humiliations : Me voici en gilet de prisonnier devant vous. J’en ai en bleu barré jaune fluor et en bleu barré rouge fluor. Je suis présenté devant le Procureur Spécial, je suis présenté au Juge d’Instruction, puis enfin en session criminelle. Comme un criminel, j’ai connu la sirène hurlante de la Police et de la voiture des prisonniers. J’ai même connu les menottes, oui les menottes... Evidemment, chacun savoure le trophée qu’il tient en main. Madame la Présidente, j’ai dit que l’État m’a livré à la vengeance et à la punition de mes adversaires et que la justice ne s’est jamais préoccupée de mes droits. Au contraire. En prison j’ai connu l’insalubrité de ma cellule, l’indignité, l’humiliation de recevoir mon épouse debout et parfois sous la pluie. Depuis 8 mois, je n’ai jamais pu m’asseoir avec ma femme pour régler les problèmes de nos enfants. Cette maltraitance que je subis depuis 8 mois, sans avoir rien fait à personne, c’est mon chemin de croix. Je porte ma croix depuis 8 mois et je serai prêt, si c’est votre décision, à reprendre ma croix et à la porter de nouveau avec dignité et patriotisme… ».



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