Développement socio-économique de la zone Uemoa : Le train, une préoccupation sous régionale

Patrice SOKEGBE 16 mai 2023

Une boucle ferroviaire longue de 2.928 km dont 1.952 km à réhabiliter et 977 km à construire. C’est le giga-projet en gestation dans la sous-région. Le vendredi 5 mai 2023 à Abidjan, les ministres des États membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) se sont réunis afin de débattre de la relance de la mise en œuvre dudit projet régional de la boucle ferroviaire Abidjan-Ouagadougou-Niamey-Cotonou-Lomé. Implicitement, ce projet piloté par la commission de l’Uemoa vient à point nommé. Car le Bénin, pays en pleine mutation, en sortira gagnant. Il faut rappeler que le train a cessé de siffler au Bénin depuis plus de 20 ans. Pourtant, ce secteur reste et demeure vital dans les échanges commerciaux entre le Bénin et d’autres pays de la sous-région. Pendant plus de 20 ans, le Bénin a fait l’option du transport routier avec tous ses aléas. Pendant plus de 20 ans, des milliards ont été investis dans les infrastructures routières dont la durée de vie est généralement précaire, en raison du mauvais usage qui en a été fait. A cela s’ajoutent l’insécurité routière et les nombreux actes de braquage. Il est donc temps de jeter un regard rétrospectif en vue d’évaluer ce que le Bénin aurait pu gagner en 20 ans. L’espoir semble être complètement enterré, à l’annonce de la fin des contrats de concession de la boucle ferroviaire commune entre le Bénin et le Niger.
En effet, dans le cadre de la mise en œuvre du projet de réalisation et d’exploitation d’une ligne ferroviaire à voie unique entre Cotonou et Niamey, l’État du Bénin et l’État du Niger et les sociétés du groupe Bolloré ont signé deux memoranda portant sur ledit projet. Cependant, au cours de la réalisation, l’exécution des Contrats de Concession s’est trouvée affectée par des circonstances imprévues, en particulier d’ordre judiciaire, obligeant les parties à cesser tous les travaux relatifs à la construction de la ligne ferroviaire Bénin-Niger. Aussi les parties s’étaient-elles trouvées dans une situation empêchant, malgré leurs efforts respectifs, d’atteindre les objectifs prévus par les Contrats de Concession et de jouir des droits que ceux-ci leur confèrent. Ainsi, les deux pays se sont accordés, avec le groupe Bolloré, pour convenir, de façon consensuelle, d’un protocole de résiliation dont la signature a été faite lors d’une cérémonie fort simple mais riche en émotions fortes. Cette signature vient mettre un terme définitif aux conventions de concession signées par les États du Bénin et du Niger avec Benirail Infrastructures et Benirail Exploitation.
Plus loin, l’Etat béninois s’est trouvé dans l’incapacité de financer, à lui seul, un tel projet qui devrait lui coûter plus 2000 milliards de Fcfa. L’annonce d’un tel projet sonne donc comme un ouf pour les populations en général et des commerçants béninois en particulier. Car, ce projet permettra de rendre durables les infrastructures routières, d’augmenter l’attractivité de la ville de Cotonou auprès des classes moyennes des autres pays de la sous-région, de renforcer le transport de fret et de rendre compétitive l’économie sous régionale. « Nous l’avons compris depuis plus d’une décennie. Nos Etats ont donc besoin de mettre en commun leurs moyens et de conjuguer leurs efforts pour relever les défis de modernisation et de développement des infrastructures régionales… », a indiqué le ministre ivoirien des transports Amadou Koné. En tout état de cause, le train doit siffler pour le bonheur non seulement des Béninois mais aussi de tous les ressortissants de la zone Uemoa.



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