Appel au 3ème mandat par de vrais faux amis de Patrice Talon : Théodore Holo hausse le ton

Moïse DOSSOUMOU 20 mars 2023

Jacques Migan, ancien bâtonnier et acteur politique n’a pas su garder sa langue. Il a fallu qu’il s’invite dans le débat national avec une trouvaille propre à lui, la possibilité pour Patrice Talon de briguer un 3ème mandat à la tête de l’Etat. Sûr de son affaire et convaincu de trouver preneur, il a tôt fait de revenir sur la place publique avec cette blague de mauvais goût. Fort heureusement, Théodore Holo, Professeur de droit public et ancien président de la Cour constitutionnelle, veillait au grain. Sans se faire prier, il a sèchement recadré le promoteur de cette entorse à la démocratie. « Pour avoir tenu ce genre de propos au Niger pour susciter un 3ème mandat du Président Mahamadou Issifou, deux jeunes de la société civile ont été condamnés à des peines de prison pour incitation à un coup d’Etat », a-t-il souligné avant d’enfoncer le clou. « Le cas Tandja qui a voulu réviser la Constitution pour proroger son mandat contre l’opposition de la Cour constitutionnelle qu’il a dissoute est présent dans la mémoire collective au Niger. Nul n’étant immortel, il est indécent de penser qu’un Président doit demeurer au pouvoir pour continuer l’œuvre commencée ».
Dans le passé, déjà en janvier 2021, sur la radio allemande Deutsche Welle, Théodore Holo avait exprimé son indignation contre cette pratique. « C’est des situations qui n’honorent pas notre démocratie », avait-il clamé. « Ce qu’on oublie souvent de dire, le mandat n’est pas lié au nombre de Constitutions, mais le mandat est lié à la personne qui l’exerce. Et cette personne ne change pas avec la Constitution étant donné qu’il a fait déjà un mandat. Même s’il change de Constitution, sa personne n’ayant pas changé, son deuxième mandat est la fin de sa limitation ». Après avoir donné cette précision très intéressante, il poursuit. « Seuls les pays de l’Afrique francophone ont ce genre de situation. Quand vous prenez les pays anglophones à l’exception de l’Ouganda et un peu du Zimbabwe, c’est déjà réglé, tous ces pays non seulement ont prévu la limitation des mandats mais respectent la limitation des mandats ».
En termes clairs, la limitation des mandats a pour but d’éviter les violences et les conquêtes illégales du pouvoir. Une démocratie n’étant pas un royaume où un chef d’Etat peut s’éterniser au pouvoir comme il l’entend, il est bienséant de rappeler à ceux qui souhaitent voir Patrice Talon toujours aux commandes du Bénin au-delà du terme du second mandat en cours, qu’ils font fausse route. Dans leur propre intérêt et celui du Bénin, il est malsain d’entretenir de telles idées et de pousser la bêtise jusqu’à les livrer à l’opinion publique. Dans les années 2003 à 2005, certains partisans du Gl Mathieu Kérékou souhaitaient le voir se maintenir à la tête de l’Etat alors qu’il était sur le point de finir ses deux mandats. En homme d’Etat, il a décliné l’offre et permis l’alternance. Pratiquement dix ans plus tard, les mêmes démons se sont réveillés pour nourrir le même rêve pour Boni Yayi qui ne s’est pas non plus laissé emballer par ce cadeau empoisonné. A son tour, Patrice Talon fait l’objet d’une cour assidue par les siens qui ne jurent que par lui pour diriger le Bénin. Comme ce fut le cas les précédentes fois, ce projet n’aboutira pas, car l’alternance se réalisera une fois de plus au sommet de l’Etat en 2026. C’est devenu une tradition au Bénin et il n’y a pas de raison qu’elle soit pervertie par les chantres oisifs et malheureux d’une ambition malsaine. Tout comme Patrice Talon a succédé à Boni Yayi par les urnes en 2016, son successeur à lui aussi prendra le relai en mai 2026. C’est une certitude.



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